Dans sa maison, Yolande a collé des autocollants « j’ai choisi de cesser de fumer » à des endroits précis : sur les murs de la cuisine, sur la gazinière, sur le frigo… À 40 ans, cette mère de famille, grande fumeuse depuis l’adolescence, n’a pas roulé de cigarette pendant plusieurs jours.
Elle suit le plan 5 jours, une méthode de sevrage tabagique sans substituts nicotiniques ou médicamenteux. C’est la première fois qu’elle essaye vraiment d’arrêter »J’ai toujours eu envie, mes médecins me l’ont dit, mais je n’ai eu ni la motivation, ni le but ou le mental… Je l’ai trouvé en ce moment » , assure-t-elle. Pour compenser son addiction, Yolande suit donc un protocole alimentaire et se nourrit principalement de fruits.
Les adeptes de cette méthode participent à des réunions de groupe. Cette cure existe depuis bientôt 60 ans en France. Au fenua, l’association « Ligue Vie et Santé » accompagne les participants depuis 2018. Son président William Toofa dévoile les 3 piliers de la méthode : « Une partie c’est de l’audiovisuel, une autre psychologique pour retravailler sur la volonté affaiblie à cause du tabac, et enfin la partie physiologique, à savoir les dégâts que le tabac provoque sur tout le corps » .
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Taux de rechute important
Même si l’on a coutume de dire que « la bonne méthode, c’est celle qui marche » , le Dr Romain Bourdoncle, médecin chef du centre de consultations spécialisées en addictologie et toxicomanie, appelle toutefois à la prudence. Mieux vaut, selon lui, consulter un spécialiste de la santé. Le manque de nicotine peut avoir un impact à la fois psychique et physique.
« Il y a un taux d’efficacité au bout des 5 jours qui est assez important, mais il y a un taux de rechute de l’ordre de 75%, ce qui est énorme. La méthode n’est donc, selon lui, pas la plus recomandée. Aujourd’hui, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) prévoit plutôt le mois sans tabac, l’accompagnement par un professionnel de santé sur un temps un peu plus long, en moyenne 5-6 mois, l’utilisation de patchs anti-nicotiniques, la psychothérapie, la reprise du sport » … En bref, un accompagnement plus global, pluridisciplinaire et sur un temps plus long.
Au centre de soins et de prévention des addictions, pour toute substance confondue, la moitié des patients ont diminué ou arrêté totalement leur consommation.
Selon l’OMS, on compte 8 millions de morts chaque année à cause du tabac, dont 1,3 million de non-fumeurs involontairement exposés à la fumée du tabac.