Nucléaire : « Je ne pouvais pas imaginer qu’un président de la République pouvait nous mentir et nous tromper » déclare Gaston Flosse

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Gaston Flosse revient ce mercredi encore sur l'enquête révélant que le niveau réel de la radioactivité à laquelle la population polynésienne a été exposée lors des essais nucléaires entre 1966 et 1996 a été sous-évalué.

Publié le 10/03/2021 à 17:03 - Mise à jour le 10/03/2021 à 17:19

Gaston Flosse revient ce mercredi encore sur l'enquête révélant que le niveau réel de la radioactivité à laquelle la population polynésienne a été exposée lors des essais nucléaires entre 1966 et 1996 a été sous-évalué.

Dans un communiqué diffusé mardi, le leader du parti orange, président de la Polynésie à l’époque des essais nucléaires, explique que s’il avait su « que c’était au prix de sacrifices, de vies humaines », il se serait « opposé avec violence à ces expérimentations »

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Interrogé ce mercredi, il se dit « vraiment surpris en raison du temps qui s’est écoulé depuis ces événements. Mais surtout, une grande déception pour ne pas dire une sorte de colère, pour le fait que la France nous ai trompé et caché le taux réel de toxicité de ces essais nucléaires. Parce que, que ce soit une fois et demi à deux fois… mais c’est de deux à 10 fois supérieur à ce qui a été annoncé. La question que l’on se pose c’est : est-ce que les scientifiques du CEA (Commissariat à l’énergie atomique, NDLR) étaient des incapables incompétents, ou bien, c’était réel. Mais quand on relit bien, c’était vraiment voulu de minimiser les conséquences de ces essais nucléaires. »

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Les indépendantistes et l’Eglise protestante Maohi maintiennent depuis des années que les conséquences des essais nucléaires ont été plus importantes qu’annoncées. Mais pour Gaston Flosse, « ils le clament mais pour des objectifs politiques, uniquement pour s’en servir contre la France politiquement mais sans avoir de preuves comme celles-ci (…) C’est facile d’être contre toujours mais il faut être sûr. En tout cas, nous, nous avons cru dans la parole de la France. Quand un président de la République vous dit que ces bombes sont propres et d’aucun danger pour la santé de la population, je crois en ces présidents ».

Gaston Flosse et Jacques Chirac

Gaston Flosse est originaire des Gambier. Un archipel dans lequel de nombreux cas de cancers ont été relevés : « C’est une surprise parce que, par exemple, aux Gambier, le CEA avait construit un grand bâtiment où la population pouvait être regroupée et protégée des retombées de ces essais nucléaires mais ce bâtiment n’a pratiquement pas servi donc je me dis que les responsables savaient que ces expérimentations n’étaient pas dangereuses (…) ça a été pour moi une question de confiance envers la France. Nous n’avons fait que suivre et croire en tout ce qui nous avait été dit. Je ne pouvais pas imaginer qu’un président de la République pouvait nous mentir et nous tromper. Je n’avais pas de ressources et pas de moyens de contrôler tout ce qui se disait. »

« Aujourd’hui, avec ces recherches qui ont été réalisées par des experts et d’autant plus de nationalité étrangère, par des Américains, on est obligés de se rendre à la raison. C’est donc vrai. »

Gaston Flosse souhaite aujourd’hui que la France reconnaisse « devant le monde entier » qu’elle a eu tord de faire ces essais en Polynésie, qu’il y a eu des conséquences néfastes pour la santé et qu’elle « demande pardon aux Polynésiens » mais aussi, que tous les dossiers d’indemnisation rejetés soient revus.

« Pendant toutes ces années, notre développement a été un bon développement en partie grâce aux revenus du CEP »

Gaston Flosse

Si la question est avant tout la santé et l’humain, l’ex-président du Pays revient tout de même sur les avantages financiers qu’ont eu les essais pour la Polynésie… « Il faut dire que nous, nous avons pu récolter quand même un avantage pour la Polynésie. Pendant toutes ces années, notre développement a été un bon développement en partie grâce aux revenus du CEP. D’autre part, ceux qui se sont contentés de crier contre les essais nucléaires, n’ont rien apporté à la Polynésie. Nous, nous avons négocié avec la France cette dette nucléaire et obtenus les 18 milliards par an que l’Etat nous verse. »

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