Indépendance : et si la Polynésie suivait le chemin de la Nouvelle-Calédonie ?

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À 6 mois du troisième référendum d’auto-détermination en Nouvelle-Calédonie, comment se matérialiserait l’indépendance si la Polynésie s’engageait dans la même voie que le Caillou ? Comment assumerait-elle ses compétences dans les domaines de la santé ou encore de l'éducation ? Eléments de réponse dans cet article.

Publié le 10/06/2021 à 15:23 - Mise à jour le 10/06/2021 à 15:23

À 6 mois du troisième référendum d’auto-détermination en Nouvelle-Calédonie, comment se matérialiserait l’indépendance si la Polynésie s’engageait dans la même voie que le Caillou ? Comment assumerait-elle ses compétences dans les domaines de la santé ou encore de l'éducation ? Eléments de réponse dans cet article.

Devenir un Etat à part entière ou rester au sein de la France : la Nouvelle-Calédonie est à la croisée des chemins. Le troisième et dernier référendum d’auto-détermination se tiendra dans 6 mois et scellera l’avenir institutionnel du Pays. L’accord de Nouméa déterminera quant à lui dans quelles mesures s’organisera le transfert de compétences de la France vers le Caillou. Polynésie et Calédonie ont bien souvent eu des destins croisés. Et si, pour l’heure, l’accord de Papeete a du plomb dans l’aile et se situe bien loin de l’accord de Nouméa, le dossier polynésien est tout de même allé jusqu’à l’ONU.

L’indépendance est-elle un avenir envisageable pour la Polynésie ? Aurait-elle les moyens d’assumer seules les compétences relevant de la santé ou de l’éducation ? Pour Oscar Temaru, président du Tavini Huira’atira, c’est avant tout une question de droit. « Le droit des peuples à l’auto-détermination, c’est un droit sacré. Il y a pas à mélanger le sacré et l’argent ».

Entre autonomie et indépendance, les possibilités sont nombreuses

En 2021, le champ politique polynésien ne se limite pas à un choix entre autonomie ou indépendance, car ces deux notions peuvent être multiples.

« On ne peut pas avoir une vision binaire comme ça, où c’est la misère d’un côté et non de l’autre », indique Sémir Al Wardi, maître de conférence en sciences politiques. « Non, il faut d’abord se mettre d’accord sur les termes et sur le contenu de ces termes. Indépendance, est-ce que c’est une rupture ? Jean-Marie Tjibaou avait expliqué que l’indépendance se faisait dans les interdépendances, ce qui était très clair en fait. Ça veut dire clairement qu’il ne fallait pas négliger son ancienne métropole, tout en ayant […] ce qu’on appelle la compétence de la compétence, c’est-à-dire la faculté de s’auto-organiser. Si jamais on regarde la souveraineté à travers toute l’Océanie, on découvre un panel extraordinaire de possibilités, de définitions ».

Chaque année, l’Etat français engage près de 180 milliards de Fcfp en Polynésie. Alors quelles seraient les conséquences économiques d’une indépendance ? D’après Sémir Al Wardi, « si on est dans une rupture, une indépendance qui est véritablement une rupture, il est évident que les 150 milliards de l’Etat ici seraient un manque énorme, à la fois pour l’éducation, la santé, etc. Les solutions que donnent actuellement les territoires anglosaxons, ce sont des solutions qui, à la fois, donnent cette souveraineté, et à la fois permettent de rester dans un ensemble où les transferts sont quand même maintenus ».

Du côté d’Oscar Temaru, le discours se veut beaucoup plus optimiste. « C’est facile de négocier ça en tant qu’Etat souverain avec tous les Pays du Pacifique. Il y a 40 ans de ça, on m’aurait dit « tous les médecins français vont retourner en France », j’avais un peu peur vous savez. Aujourd’hui on n’a plus peur, c’est plus l’aventure, nous sommes sous l’égide des Nations Unies. Il y a des médecins partout qui souhaitent venir ici en Polynésie. Si nous avons la possibilité de délivrer les visas, ce pays va faire un saut extraordinaire sur le plan touristique. Ce pays a un potentiel économique extraordinaire, connaissant les ressources marines, les ressources terrestres. Mais la première ressource d’un pays, c’est son peuple ».

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