TNTV : Vous avez expliqué que ce qui vous a décidé à quitter le parti, ce sont les incohérences répétitives dans la gouvernance d’Edouard Fritch et le fait de ne pas être entendu. Quels ont été les principaux déclics ?
Nicole Bouteau, représentante non-inscrite à l’assemblée de la Polynésie : « Ça fait un an que nous vivions dans une spirale infernale au sein de la majorité. Je pense que face à l’indécision de notre président, certains prennent leurs responsabilités. J’ai pris les miennes. Aujourd’hui on vient nous rappeler le règlement intérieur ou les statuts du Tapura. La première valeur qui a porté la création du parti, c’est le respect de la population, la solidarité autour des décisions que nous pouvons prendre. Teva Rohfritsch le rappelait, les élections législatives de juin dernier auraient dû être un électrochoc pour notre majorité et notre gouvernement. Historiquement, on n’a jamais vu ça. Une formation politique qui au premier tour arrive arrive avec une avance considérable et qui se fait balayer au deuxième tour par un vote écrasant en faveur de trois candidats en faveur du Tavini. Nous nous sommes réunis fin juin au sein du conseil politique du Tapura. Ce sont essentiellement les tavana qui se sont exprimés, c’est-à-dire des élus qui se sont retrouvés fragilisés dans leur propre commune, puisque les candidats du Tavini sont arrivés largement en tête dans quasiment toutes les communes de Polynésie. À l’unanimité, ils ont tiré la sonnette d’alarme. Deux choses ont été demandés au président à l’occasion de ces rencontres. La première, les tavana lui ont demandé de s’excuser auprès de la population, faire des excuses publiques pour les erreurs qui ont été commises, que ce soit sur le non-respect de l’obligation vaccinale par certains de nos élus, par le fait que beaucoup de restrictions ont été imposées à la population pendant la crise sanitaire et que nous ne nous sommes pas appliquées… Le mécontentement dans le cas des élections législatives a été exprimé par la population. Face à ça, il nous a écoutés mais ne nous a pas entendus. Face à ce déni, nous prenons nos responsabilités ».
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Édouard Fritch se présente en tête de liste pour les prochaines territoriales.
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« C’est ce qui est ressorti des différents séminaires organisés au mois d’août et encore ce mois-ci. Tout le monde savait qu’il serait tête de liste. La problématique juridique aujourd’hui, c’est « pourra-t il être de nouveau président du Pays » ? Conduire une liste c’est une chose, mais prétendre à la présidence de notre pays c’est autre chose. Il annonce déjà de l’instabilité en cas de réélection du Tapura et en cas de son élection à la tête du pays ».
Pour répondre à ça, votre objectif est de former un groupe à l’assemblée et un parti politique ?
« Nous n’avons pas spécifiquement la volonté de créer un groupe au sein de l’assemblée. Aujourd’hui nous siégeons au sein de l’opposition. Nous serons une opposition constructive. De nombreux élus au sein du Tapura s’interrogent. Nous ne sommes pas les premiers et ne serons pas les derniers à partir de cette famille que nous avons construits ».
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Cela pourrait mettre en difficulté la majorité dans les prochains jours ?
« Je ne sais pas. Le président doit s’interroger. Pour notre part, nous avons entendu les annonces qui ont pu être faites à l’occasion de l’ouverture de la session budgétaire, à quelques mois des élections territoriales. Nous serons vigilants, nous serons constructifs. Tout ce qui pourra aller dans le sens de l’intérêt de notre population, nous le soutiendrons ».
Qu’avez-vous pensé du contenu du discours du président du Pays sur le bilan de l’année écoulée et les perspectives à venir ?
« On voit que c’est la course aux bonnes annonces, pour regagner la confiance des électeurs pour les élections de 2023 ».