180 Polynésiens recensés en Calédonie, 80 rapatriés en priorité, précise Moetai Brotherson

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Revenu de Singapour, le président du Pays a défendu des décisions de la majorité Tavini lors du vote du collectif budgétaire, ce vendredi, entre rejet de la revalorisation du coprah ou de l'aide solidaire au peuple de la Calédonie. À ce sujet, Moetai Brotherson indique que 80 Polynésiens sur les 180 recensés devraient être rapatriés ce dimanche au fenua. Entretien dans notre journal télévisé :

Publié le 26/05/2024 à 11:25 - Mise à jour le 27/05/2024 à 10:21

Revenu de Singapour, le président du Pays a défendu des décisions de la majorité Tavini lors du vote du collectif budgétaire, ce vendredi, entre rejet de la revalorisation du coprah ou de l'aide solidaire au peuple de la Calédonie. À ce sujet, Moetai Brotherson indique que 80 Polynésiens sur les 180 recensés devraient être rapatriés ce dimanche au fenua. Entretien dans notre journal télévisé :


TNTV : Vous avez entendu la satisfaction des étudiants suite à la revalorisation annoncée des bourses en 2025. Qu’est-ce qui a motivé votre gouvernement à réévaluer les montants ?
Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Nous avons toujours considéré que l’avenir de ce pays, c’est nos enfants et nos étudiants. Quand vous aidez un étudiant, vous aidez également ses parents puisque la plupart contribuent. Le fait d’augmenter ces bourses avec une augmentation sans précédent dans l’histoire de notre Pays, c’est un investissement sur l’avenir » .

TNTV : Vous êtes d’accord avec ce qui a été dit par rapport à une augmentation qui aurait été souhaitée également pour ceux qui sont en master ?
Moetai Brotherson
: « L’augmentation existe, même si elle n’est pas la même. Je ne pense pas que le coût de la vie soit différent que vous soyez en master ou en licence, donc ce que nous avons fait c’est que nous avons essayé d’égaliser un peu tout le monde. Je pense que l’augmentation même moindre des bourses en master va être appréciée » .

TNTV : Vous l’avez annoncé hier à la fin du collectif budgétaire, l‘État organise le retour des Polynésiens bloqués du côté de la Nouvelle-Calédonie (…) tous les Polynésiens bloqués en Nouvelle-Calédonie ne pourront pas donc rentrer ce dimanche, que souhaitez-vous leur dire ?
Moetai Brotherson :
« Un peu de patience. Depuis le début de ces événements, nous avons tout de suite pris contact avec les autorités de Nouvelle-Calédonie, nous avons demandé à pouvoir disposer de la liste complète des Polynésiens bloqués en Nouvelle-Calédonie ainsi que la liste des Calédoniens présents chez nous. On n’a pas eu ces listes, on a fini par mettre en place une plateforme de recensement qui a bien fonctionné, et c’est sur la base de cette liste que nous avons donc constituée en coopération avec l’État, notamment le Haussariat de Nouvelle-Calédonie, que ce premier rapatriement va pouvoir se faire. Je crois que c’est 80 personnes qui sont concernées, donc un peu moins de la moitié puisque nous avons recensé à peu près 180 Polynésiens en Nouvelle-Calédonie qui doivent revenir, et une cinquantaine de Calédoniens présents chez nous qui veulent retourner en Calédonie. Ce premier contingent de 80 Polynésiens va pouvoir revenir, ils sont attendus à l’aéroport de Magenta avant 8h (dimanche) matin pour être transportés ensuite à Tontouta, et à partir de Tontouta pour venir sur Tahiti (…) Tout peut changer, ça se gère vraiment au quart d’heure près. Je ne peux pas confirmer si l’avion qui va ramener nos Polynésiens pourra repartir vers la Calédonie pour éventuellement embarquer les Calédoniens qui sont en Polynésie » .

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TNTV : Le président Emmanuel Macron a fait un déplacement de courte durée à Nouméa pour installer une mission de dialogue. Quel est votre sentiment par rapport aux interventions du président sur le Caillou ?
Moetai Brotherson :
« Je pense malheureusement que l’État continue dans sa mauvaise appréciation de la situation en Nouvelle-Calédonie, c’est mon sentiment. Les soucis qu’on a aujourd’hui étaient prévisibles depuis la fin du troisième référendum qui n’est toujours pas accepté par la communauté kanak, par le camp indépendantiste, qui n’est d’ailleurs pas reconnu par la communauté internationale. La persistance de l’état à vouloir reconnaître ce troisième référendum malgré le fait qu’il y ait eu 56% de la population qui n’y a pas participé, c’est une première erreur. Ensuite, vouloir passer en force ce texte sur le dégel du corps électoral, c’est une deuxième erreur » .

Lire aussi : Les tensions persistent en Nouvelle-Calédonie, Macron prêt au référendum sur la réforme contestée

TNTV : Vous avez proposé à l’état d’être médiateur, qu’en est-il ?
Moetai Brotherson :
« J’ai proposé de faire partie éventuellement d’une mission de médiation, pour l’instant, je n’ai pas de retour (…) je crois qu’aujourd’hui, ils sont tous un peu la tête dans le guidon en gestion de crise. Si on me sollicite, je répondrai bien entendu avec plaisir » .

TNTV : Lors du collectif budgétaire, l’amendement présenté par le groupe Tapura Huiraatira pour une aide solidaire au peuple de la Calédonie a été rejeté, comment l’expliquez-vous ?
Moetai Brotherson : « Pour moi, c’est un amendement politicien, il y a un responsable à la situation de Nouvelle-Calédonie et c’est l’État. J’estime aujourd’hui que c’est à l’État d’assumer les premiers secours et l’aide primaire qui doivent être apportés à nos voisins de Nouvelle-Calédonie. Ensuite, il est prévisible qu’après la situation, un afflux de personnes de Nouvelle-Calédonie arrive chez nous, il faudra prendre en charge ces personnes en termes de logements, elles seront inscrites au RST. À ce moment-là, nous aurons bien besoin de ces sommes qu’ils ont voulu inscrire » .

TNTV : La majorité a rejeté l’amendement de A Here Ia Porinetia pour la revalorisation du coprah, ce qui a provoqué des tensions au sein du Tavini. N’y a-t-il vraiment rien à faire ?
Moetai Brotherson :
« Ce ne sont pas des tensions, il y a des gens, notamment nos élus des Tuamotu qui vivent le coprah dans leur chair, c’est leur quotidien. Nous essayons d’expliquer, y compris à certains de nos membres au Tavini, qu’il faut assurer cette transition d’une filière coprah qui est aujourd’hui structurellement déficitaire. Vous avez un prix du marché mondial à 60 francs le kilo et vous avez un prix d’achat qui est plus du double, donc plus on produit de coprah, plus on creuse le trou dans le budget. Malgré tout, ces subventions au coprah ont toujours été maintenues parce que c’est un amortisseur social. Maintenant, faisons une comparaison : si vous faites du coprah ou si vous faites du mitihue, vous gagnez 3 fois plus d’argent en faisant du mitihue, c’est le même produit au départ La question qui se pose, c’est pourquoi ne pas faire du Mitihue, pourquoi continuer à faire du coprah ? (…) Vous pouvez faire de l’huile de coco vierge, vous gagnez encore plus. Donc il faut qu’on s’asseye tous ensemble, qu’on étudie bien la filière et qu’on décide ensuite comment mieux cibler les aides, mieux cibler les investissements pour faire cette transition » .

TNTV : Revenons sur votre bilan pour votre année de gouvernance. Syndicats, Medef et d’autres responsables de l’opposition ont exprimé leur inquiétude sur le plan économique pour fin 2024 et 2025, qu’avez-vous à leur répondre ?
Moetai Brotherson : « Je crois qu’à un moment donné, il faut regarder les chiffres. Les investissements au niveau du ministère de l’Équipement n’ont jamais été aussi élevés que dans le budget que nous avons voté pour cette année. Nous avons en revanche des difficultés à avoir des réponses aux appels d’offres, parce que les entreprises ont des carnets de commandes pleins, donc il y a une forme de paradoxe à venir nous dire qu’il n’y a pas assez de boulot et en même temps nous dire qu’on a trop de boulot et qu’on ne peut pas répondre aux appels d’offres. Ensuite, il y a des éléments à améliorer, des clarifications à apporter aux investisseurs qui aujourd’hui dans le domaine hôtelier se sentent exclus du dispositif de la défiscalisation. Nous leur proposons un autre dispositif qui est plus adapté aux grands investissements, mais ça prend un peu de temps » .

TNTV : L’opposition vous a fustigé en disant que vous n’aviez aucun bilan, qu’en pensez-vous ?
Moetai Brotherson :
« Je pense que l’opposition s’oppose, elle ne sait faire que ça. Je n’ai pas plus de commentaires à faire, les chiens aboient, la caravane passe » .

TNTV : Vous revenez d’une mission à Singapour, qu’avez-vous retenu lors de vos échanges ?
Moetai Brotherson :
« Nous étions tous les ministres des Affaires étrangères du Pacifique réunis, étant moi-même en charge du portefeuille des relations internationales, je représentais la Polynésie (…) On a des problématiques communes et on se rend compte que sur nombreuses de ces problématiques, Singapour a aujourd’hui les moyens de nous aider, ça ne veut pas dire nous aider financièrement forcément (…) Juste après mon passage là-bas, nous envoyons deux de nos fonctionnaires, une personne de la direction de l’environnement et une personne de la direction de l’équipement qui vont pouvoir être formés dans l’administration de Singapour, l’une des plus efficaces au monde, pour pouvoir voir autre chose, voir d’autres manières de faire et revenir enrichi de cette expérience » .

Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook ce dimanche, le président du Pays précise que le premier contingent de Polynésiens a bien pu embarquer dans l’avion militaire envoyé sur le Caillou, et atterrira « vers 21h50 -22h » . Le vol repartira direction Nouméa lundi après-midi.

Les Calédoniens de Tahiti souhaitant embarquer sur ce vol sont invités à se manifester auprès des autorités en s’inscrivant sur la plateforme tauturu.presidence.pf.

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