Le couple s’était connu en avril dernier et l’homme avait rapidement aménagé dans la maison de la jeune femme. Et il n’avait plus voulu en partir malgré leur rapide séparation. En juin, le prévenu s’était présenté sur le lieu de travail de son ex conjointe, à Papeete, pour, enfin, lui rendre les clés de son domicile. Mais il souhaitait aussi obtenir des explications sur leur rupture.
La jeune femme refusant de le suivre, il l’avait saisie avant de la porter de force dans sa voiture. Durant près de trois heures, il l’avait ainsi séquestrée dans son véhicule en conduisant « comme un fou » pour l’effrayer.
« Je n’ai pas eu le choix. Il était très violent verbalement. J’avais peur qu’il s’en prenne à moi », avait témoigné la victime auprès des gendarmes. Présente en début d’audience, ce mardi, celle-ci a préféré quitter le tribunal avant que le procès débute en raison d’un « stress » intense.
Souffrant d’une pathologie cardiaque l’obligeant à prendre des anticoagulants, elle craignait les violences de son compagnon, car les conséquences auraient pu s’avérer dramatiques. « Si je ne lui ouvrais pas, il était capable de forcer une fenêtre. Je préférais le laisser entrer. Si je recevais un coup, cela pouvait créer un caillot de sang », avait-elle expliqué. L’homme l’aurait aussi régulièrement menacé au téléphone, notamment de diffuser des vidéos intimes d’elle.
« Monsieur ne perçoit que sa propre réalité »
La procureure
Interrogé par les magistrats, le prévenu s’est excusé. « J’étais énervé ce jour-là. Je voulais juste discuter avec elle », a-t-il déclaré. Car, pour lui, la rupture n’en était pas vraiment une. « Je ne sais pas comment c’était notre couple », a-t-il dit, tout en ajoutant avoir de nouveau dormi chez la jeune femme, avec son accord, après les faits. Mais comme l’a souligné la procureure, celle-ci avait déposé plainte à plusieurs reprises et même obtenu que son ex conjoint ne puisse plus l’approcher, suite à une décision d’un juge des affaires familiales.
« On est arrivé au paroxysme de l’appropriation de la victime (…) Monsieur ne perçoit que sa propre réalité. Sa compagne lui appartient. Il continue de considérer que c’est un peu elle qui le cherchait (…) Il y a une vraie inquiétude et une vraie dangerosité (…) Il n’est pas tolérable d’enlever quiconque dans les rues, et en particulier son ex-compagne », a tonné la procureure qui s’assurera que « des poursuites » soient engagées contre l’homme pour le chantage à la diffusion de vidéos intimes.
Après de courtes délibérations, le mis en cause, dont le casier judiciaire était vierge jusqu’à aujourd’hui, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis. Le tribunal lui a également interdit tout contact avec la victime. Il devra aussi effectuer un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales et verser 150 000 francs de dommages et intérêts à son ex.