Dans sa chasuble de travail jaune fluo, il détonne à la barre. Mais c’est d’une voix difficilement audible qu’il s’exprime devant le juge. Le trentenaire est poursuivi pour violences sans ITT sur ascendant. En février dernier, après avoir passé la nuit à pêcher des chevrettes à Paea, l’homme, fatigué, rentre au domicile familial pour retrouver ses trois enfants.
Mais la plus jeune enchaîne les bêtises, et fini par renverser un vers d’eau sur une multiprises, ce qui fait sauter les plombs. De la maison mais aussi du père de famille. Celui-ci se saisi d’un bâton et frappe la petite dans le dos, lui occasionnant un large hématome. « C’était la première fois que je la tapais avec un bâton« , souffle le trentenaire qui dit avoir perdu ses moyens à cause de la fatigue.
Car l’homme s’occupe quasiment seul de sa progéniture, sa compagne disparaissant parfois durant des mois sans donner de nouvelle. « C’est moi qui leur donne le petit-déjeuner, qui les amène à l’école, lave le linge et fais le ma’a« , témoigne ce maçon de profession.
Ce que confirme les rapports de l’assistante sociale qui suit la famille. Elle note que le prévenu « s’occupe comme il peut des enfants« .
» J’entends que monsieur fait ce qu’il peut« , souligne la procureure, mais « balancer de l’eau sur une prise électrique, ça peut justifier une réaction. Mais là, c’était une surréaction« . Elle demande trois mois de prison avec sursis. Le juge n’est pas du même avis. Le trentenaire est finalement dispensé de peine et quitte sans un mot la salle d’audience.
Alcool au volant
C’est au tour d’une femme de 45 ans d’être appelée à la barre. En février 2019, elle avait provoqué un accident de la route à Moorea. Elle conduisait avec 2,16 grammes d’alcool par litre de sang et manipulait son téléphone. Et elle avait fini par emboutir une voiture qui arrivait en sens inverse.
« C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de mort ou de blessé grave », la tance le juge après avoir étudié les photos de l’accident. Ce que reconnait cette fonctionnaire en poste dans un collège de l’île sœur. « J’ai honte de moi. Ce n’est pas un bel exemple », dit-elle en pleurs.
« J’ai honte de moi. Ce n’est pas un bel exemple »
Son avocate intervient : « on est tous humains. On a tous le droit, une fois dans sa vie, d’être faible, de faillir. Elle s’est comportée comme une adolescente. C’est un fait isolé ».
La procureure n’est pas d’accord. « 2,16 grammes ce n’est vraiment pas rien. La victime a eu de la chance », glisse la magistrate avant de demander une peine de six mois de prison avec sursis, la suspension du permis de l’intéressée pour 15 mois et l’inscription de la condamnation à son casier judiciaire.
Le juge s’est finalement donné le temps de la réflexion. La quadragénaire connaîtra, début septembre, le sort qui lui est réservé.