« Il y a de la tristesse surtout. De la déception, parce que c’est un bel outil qui meurt. Il y a toujours un petit gramme d’espoir parce qu’il y a éventuellement la possibilité d’un repreneur. Mais on ne sera sans doute pas fixés avant quelques semaines. Je pense que beaucoup vont s’accrocher à ça. Mais en tout cas La Dépêche version 1, c’est bien terminé« , souffle Damien Grivois journaliste.
La suite ? « c’est la procédure classique, explique le directeur des rédactions, Bertrand Prevost. On va devoir prendre des rendez-vous, discuter de nos licenciements respectifs et voilà. (…) On a des garanties sur le versement du dernier salaire qui se fera en deux fois. Après, vaille que vaille, on verra bien pour les indemnités diverses et variées comment ça va se passer. (…) On attend tous avec impatience une potentielle reprise. (…) On croise tous les doigts (…) On est tous dans l’expectative, on attend et on veut y croire sereinement. »
« On accuse le coup et on regarde en avant »
Bertrand Prevost, directeur des rédactions
En 58 ans d’existence, le journal est entré dans le quotidien des Polynésiens. Depuis l’annonce de sa fermeture, les employés ont reçu de nombreux messages de soutien. « Je pense à tous les lecteurs, tous les hommes politiques de tous bords confondus qui nous ont envoyé leur soutien depuis jeudi. On a reçu des mails, des coups de téléphone, les pages Facebook ont été inondées de messages de soutien. Donc c’est déjà à tous ces gens que je pense en priorité. À tous ces gens à qui La Dépêche manque. À tous ces gens qui étaient lecteurs de La Dépêche, à tous ces gens pour qui nous travaillons. Après, à titre personnel, on accuse le coup et on regarde en avant. (…) La première perspective c’est d’aller chercher ma fille à l’école tout à l’heure, lui faire un gros câlin et continuer à vivre. »
Lire aussi : La liquidation de La Dépêche de Tahiti prononcée
Hono, monteur, travaillait à La Dépêche de Tahiti depuis 15 ans : « Je me sens bouleversé. On se sent aussi nostalgiques. (…) Voir une grande société comme ça s’écrouler, sachant que notre mort était programmée, ça fait quand même un petit pincement au coeur. On pense notamment à nos anciens collègues qui ont perdu également leur travail. Aujourd’hui, c’est notre tour. Ça fait vraiment un pincement au coeur. »
Un appel à candidatures pour reprendre La Dépêche de Tahiti
Dominique Auroy, ex-gérant, annonce qu’un « appel à candidatures va être publié je pense demain ou après-demain pour que les personnes qui souhaitent reprendre puissent manifester leur intérêt. (…) Le passif de La Dépêche ne concerne pas les repreneurs. Les repreneurs partent dans la situation où il convient de refaire une équipe, de remettre les moyens financiers conséquents pour poursuivre un journal avec les difficultés de la presse que l’on connait », précise-t-il.
Il confirme que les salaires d’avril seront « intégralement payés, ce qui est prévu. Pour les salaires du mois suivant et surtout le préavis, des dispositions sont prises par le liquidateur pour en assurer à terme, le règlement. »
« Ce n’est qu’un aurevoir »
Dominique Auroy, ex-gérant de La Dépêche de Tahiti
« La Dépêche, je l’ai reprise avec un passif de 400 millions que j’ignorais. J’ai cherché pendant 8 ans le maximum pour poursuivre, assure Dominique Auroy. Nous étions presque arrivés à l’équilibre avant le covid. Malheureusement, le covid et les conséquences que nous tous avons subies, a été fatal et raisonnablement, il n’était plus possible de poursuivre le soutien compte tenu de l’importance des pertes qui se produisaient chaque jour. (…) Durant les trois premières années où j’ai repris ce journal, il a été managé par une personne qui malheureusement au niveau social n’a pas fait ce qu’on aurait pu espérer. Ce qui s’est traduit par de nombreux recours au tribunal du travail qui effectivement, ont aggravé la situation encore plus (…) J’espère que les choses iront très vite et que La Dépêche pourra repartir rapidement. C’est mon souhait le plus grand. Comme ils l’ont précisé, ce n’est qu’un aurevoir. »