Aujourd’hui, plusieurs dizaines de familles vivent sur la parcelle de terre domaniale de 20 hectares, à la base dédiée à l’exploitation agricole. Après plus de 10 ans de procédure judiciaire, la décision de la cour de cassation a été rendue l’année dernière en faveur du Pays. Un pincement au cœur pour ces personnes originaires de Papara : « ma mère m’a mise au monde ici même sur cette terre, alors je ressens une profonde tristesse à l’idée de partir », confie Adrienne Airima, l’une des revendicantes. « À l’époque, c’étaient des champs de canne à sucre qui y étaient exploités. Lors de la récolte, les travailleurs, surtout les hommes, s’attelaient à la tâche. La production était transportée par camion. C’était un système bien rôdé, dès 7h du matin on entendait le Pu pour démarrer le travail ».
Alexandre Teikitohe, l’un des occupants, se remémore aussi ses souvenirs : « lorsque je suis arrivé ici avec ma femme, qui elle fait partie de la famille revendicante, il y avait d’immenses arbres. En 10 ans, j’ai fait mon faaapu. Des produits de la terre que j’ai vendu. J’espère encore une autre décision mais dans le cas contraire je respecterais la justice ».
Le domaine public est situé à l’arrière du Golf de Atimaono et sa particularité est de chevaucher deux communes, celles de Papara et de Mataiea. Si les occupants du côté de Teva i Uta ont déjà libéré les lieux, une partie des familles de Papara a décidé de tenter le tout pour le tout.
« Avec mon avocat, Me Dumas, on a décidé justement de saisir la cour européenne des droits de l’Homme et là on est en train de se préparer pour pouvoir envoyer un courrier là-bas », explique Jérémy Teriinohopuaiterai-Tepoaitutaharoa, un revendicant. « Mais avant de saisir la cour européenne des droits de l’Homme, il faudrait que la famille puisse porter plainte pour atteinte aux personnes qui sont justement ici sur ce terrain et qui risquent d’être expulsés ».
La décision du tribunal leur a été signifiée par huissier de justice : les familles ont jusqu’à ce jeudi pour libérer les lieux, sous peine d’une astreinte journalière de 30 000 Fcfp. Le pays de son coté se range à la décision de la justice.