Assises : 12 ans ferme pour 4 coups de couteau mortels dans la nuque

Publié le

Au terme de 3 jours de procès, l'homme mis en examen pour le meurtre de son ex-beau-frère le 11 septembre 2020, à Punavai, a finalement été condamné à 12 ans de réclusion criminelle. Une affaire "hors norme" , telle que l'a qualifiée l'avocate générale, au vu de sa gravité.

Publié le 15/06/2023 à 5:00 - Mise à jour le 15/06/2023 à 11:37

Au terme de 3 jours de procès, l'homme mis en examen pour le meurtre de son ex-beau-frère le 11 septembre 2020, à Punavai, a finalement été condamné à 12 ans de réclusion criminelle. Une affaire "hors norme" , telle que l'a qualifiée l'avocate générale, au vu de sa gravité.

L’accusé avait tué l’ancien compagnon de sa sœur de 4 coups de couteau dans la nuque, au terme d’une violente altercation au domicile de celle-ci. Malgré l’interdiction d’entrer en contact avec elle, le défunt, au passif violent, avait passé l’après-midi à boire en sa compagnie. Il l’avait ensuite interpelée devant chez elle pour récupérer des affaires. Jaloux, il avait sauté le portail et l’avait étranglée, sous les yeux de leurs jeunes jumeaux, âgés de 7 ans.

La famille lui avait fait quitter les lieux, mais l’accusé était revenu à la charge. Ce dernier, pensant que la victime allait s’en prendre à son frère avec ses disques de musculation, lui avait assené des coups d’une profondeur de 10,5 cm. Un de ces coups l’avait blessé mortellement, et il s’était vidé de son sang après s’être réfugié chez un voisin.

Une histoire de violences

L’accusé, décrit par l’ensemble de ses proches comme quelqu’un de calme et de nature peu agressive, « le plus doux » de sa famille selon sa sœur, a affirmé qu’il voulait simplement « neutraliser » la victime. « J’ignorais ce que je visais, j’ai attaqué par-derrière en espérant qu’il lâche le poids » , a-t-il dit au tribunal. « Quand j’ai vu le sang gicler, j’ai arrêté de frapper« . La lame, retrouvée au sol, s’est cassée après le 4e et dernier coup porté par l’accusé.

Déçu par une ancienne relation amoureuse, blessé par les moqueries sur son physique depuis son enfance, il « s’est donné la mission de défendre sa famille« , a estimé l’un des psychothérapeutes qui l’a examiné. Une façon, selon lui, de « donner un sens à sa vie« . L’accusé a lui-même déclaré qu’il était le seul de la famille à avoir « raté sa vie« , n’ayant ni femme ni enfants. « Je voulais les protéger. Je n’ai pas réfléchi plus que ça« .

La famille de l’accusé connaissait l’enfer conjugal vécu par le couple au cœur des débats. Le défunt, plusieurs fois condamné pour des faits de violence conjugale, avait lui-même vécu une enfance chaotique. « On n’a pas eu une enfance normale. Notre père battait notre mère« , a confié le frère de ce dernier à la barre. Il s’est ensuite excusé auprès de la famille de la victime pour « tout le mal » causé. « C’était un bosseur, il était courageux » a-t-il souligné, partageant son « choc » le soir du meurtre. L’avocate des parties civiles, Me Hina Lavoye a tenu, elle, à humaniser un homme « traité comme un animal au cours de l’audience« . « On était sur un lynchage« , a-t-elle analysé.

La famille condamnée « à perpétuité »

L’avocate de l’APAJ (Association Polyvalente d’Actions Judiciaires) Maître Isabelle Nougarro, représentant les jumeaux, a estimé que les enfants étaient, eux aussi, victimes de ces violences. « Ce sont les victimes directes du cycle constant qu’est la violence » , a-t-elle déploré. L’un des bambins aurait ainsi déclaré aux enquêteurs avoir vu « tout le sang » sur son papa.

Maître Hina Lavoye a pour sa part soutenu que la famille du défunt était condamnée « à perpétuité » par la perte, là où l’accusé « ira en prison » avant d’en sortir « libre » . Une gravité appuyée par l’avocate générale dans ses réquisitions. « Le doute ne peut pas subsister » , a-t-elle lancé. « Quand on donne des coups de couteau, ce n’est pas par hasard. Il y a une intention […] L’homicide était volontaire, parce qu’il savait très bien qu’il l’avait tué » , a-t-elle poursuivi, citant les propos tenus par l’accusé après les 4 coups de couteau : « Voilà, maintenant, je l’ai tué » .

Prenant en considération la personnalité « aimable et serviable » de l’accusé, tant en famille qu’en détention, l’absence de précédents judiciaires et son jeune âge (31 ans) elle a finalement requis 15 ans de réclusion criminelle.

« Pour tout ce que tu as pu faire, je te pardonne »

Conseil de l’accusé, Me Solenne Rebeyrol a plaidé la culpabilité de son client, mais sur des faits de violence volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. « La victime n’avait rien à faire de la justice » , et n’avait « rien trouvé de mieux que de venir vivre à 4 maisons » du foyer de la sœur de l’accusé, exerçant sur elle une « pression psychologique » . Un terreau fertile au drame qui s’en est suivi. « Il a tué quelqu’un » , a-t-elle repris. « Il voulait uniquement que cela cesse, il n’avait pas l’intention de le tuer. Cela a dépassé les faits » .

Avant que la cour ne lui annonce sa condamnation, l’accusé a souhaité s’adresser à la victime « comme si il était devant (lui) » . « Il y a des choses que tu as vécu, je ne savais pas. Tu avais aussi besoin d’aide. Pour tout ce que tu as pu faire, je te pardonne. Sa famille l’aimait, ses amis l’aimaient, je l’aime aussi » .

Dernières news

Activer le son Couper le son