15, 17, ou 20. Personne ne sait vraiment combien de chiens vivent derrière cette clôture en tôle installée par la mairie pour sécuriser le quartier. Car ce n’est pas la première fois que qu’une personne se fait attaquer par l’un de ces animaux.
Employé à l’école de Apooiti, située à quelques mètres de la propriété, Nick You Sing Ah Cho s’est déjà retrouvé nez-à-nez avec la meute. Trois des molosses s’en sont pris à lui. Ce type d’agression est malheureusement devenu courant sur l’île.
“Je me suis fait attaquer. J’ai réussi à tourner la tête, et ils n’ont pas réussi à attraper mon cou”, témoigne-t-il en montrant les traces de morsure sur différentes parties de son corps. “J’ai peur. Le choc émotionnel est toujours présent”, souffle-t-il.
Aidé par l’association Raiatea Animara, le propriétaire a, dans un premier temps, fait stériliser ses animaux, puis a érigé une clôture de sécurité. Mais, il y a quelques jours, il a été jugé par le tribunal correctionnel pour de nombreuses plaintes liées à sa meute de chiens.
L’homme a été condamné, puis incarcéré à la prison de Uturoa. Ses chiens sont donc depuis livrés à eux-mêmes. Lorsque son filleul s’est rendu sur place, dimanche, pour les nourrir, il a à son tour été attaqué. Le maire voudrait donc agir rapidement, mais la loi ne le lui permet pas.
“Nous sommes tenus par des textes du CGCT. C’est un problème. Il va falloir légiférer là-dessus (…) On a voulu éliminer des chiens d’une certaine manière, mais la loi nous l’a interdit. C’est ce qui a coûté la vie d’un jeune garçon à Uturoa”, indique le tavana Matahi Brotherson.
“Nous ne sommes pas dans le cas de chiens errants”, souligne de son côté Audrey Monjol-Delphine, la présidente de l’association “Raiatea animara”, “ce sont des chiens qui appartiennent à un propriétaire. Certes, il est incarcéré, mais les chiens sont au sein d’une propriété privée, donc la loi est différente”.
Et celle-ci d’ajouter : “Un arrêté d’euthanasie ne peut pas être applicable pour des chiens qui appartiennent à quelqu’un. Il y a une procédure à suivre. Les animaux doivent subir une étude comportementale par une personne assermentée qui va juger de leur dangerosité et, à ce moment-là, procéder à une euthanasie”.
Le maire estime être aujourd’hui dans une impasse. Il ne peut pas intervenir sur une propriété privée, mais il a néanmoins l’obligation de garantir la sécurité de ses administrés. Des mesures d’urgence seraient à l’étude au sein de la municipalité.