Vols inter-îles : La taxe solidaire sur les billets d’avion appliquée dès juillet 2021

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Depuis l’adoption du budget du Pays pour l’année 2021, un sujet fait polémique depuis la semaine dernière : la contribution de solidarité pour les billets d’avion inter-îles. Pour en parler, Jean-Christophe Bouissou, ministre du Logement, de l'Aménagement du territoire, en charge des Transports inter-insulaires maritimes et aériens, était l'invité du journal :

Publié le 08/12/2020 à 11:24 - Mise à jour le 08/12/2020 à 11:32

Depuis l’adoption du budget du Pays pour l’année 2021, un sujet fait polémique depuis la semaine dernière : la contribution de solidarité pour les billets d’avion inter-îles. Pour en parler, Jean-Christophe Bouissou, ministre du Logement, de l'Aménagement du territoire, en charge des Transports inter-insulaires maritimes et aériens, était l'invité du journal :

Tahiti Nui Télévision : Une « taxe solidaire » est prévue sur les billets d’avion pour voyager dans nos îles. Comment sera calculée cette nouvelle contribution ?
Jean-Christophe Bouissou : « C’est une contribution forfaitaire, en fonction de la distance, moins de 100 kilomètres et plus de 100 kilomètres. Et cette contribution viendra alimenter en même temps la dotation du pays puisque nous avons voté une dotation de 400 millions de Fcfp, pour prendre en charge les déficits, évidemment sur les lignes de 34 îles qui sont aujourd’hui déficitaires et qui étaient déficitaires auparavant, sauf que c’était la compagnie Air Tahiti qui réglait de manière interne les déficits par les gains obtenus sur les lignes -je dirai commerciales- comme Bora Bora, Raiatea, Huahine etc. et donc cette contribution, alors je vois bien, il y a beaucoup de discussions sur les réseaux sociaux, et ce fonds, vont nous permettre au niveau du gouvernement, puisque désormais c’est le gouvernement et ça c’est la grande nouveauté, qui va fixer les tarifs par arrêté du conseil des ministres. Donc notre volonté est de baisser les tarifs sur les lignes déficitaires au travers de la contribution du Pays mais aussi de la contribution au niveau des billets d’avion. »

Justement, baisser le prix des billets d’avion sur des lignes déficitaires, c’est-à-dire ?
« C’est notre souhait. Air Tahiti, par exemple, puisque nous allons entamer les premières discussions demain matin sur le futur contrat, propose déjà de baisser les tarifs de 10%. Notre souhait, c’est d’aller beaucoup plus loin et de baisser substantiellement les tarifs. Pour se faire, il convient évidemment que ce fonds vienne alimenter au fur et à mesure en fonction du programme d’activité de la compagnie tel qu’on le connait aujourd’hui -je parle du programme. On ne peut pas se baser sur 2019. On n’a pas le nombre le voyageurs aussi important que ce qu’on a connu en 2019, donc les déficits en question seront beaucoup plus modérés comparativement à 2019, et sur cette base-là, et contrairement à ce qu’on a pu entendre, le déficit ne sera pas de 1,5 milliard de Fcfp sur les lignes déficitaires des 34 aérodromes qui sont concernés, ce sera donc à un niveau que le fonds pourra prendre en charge et largement plus que ce que l’on perd au niveau de ces lignes déficitaires. »

Concrètement, nous serons amenés l’année prochaine à payer plus cher pour que d’autres passages des îles, par exemple, puissent payer moins cher leur billet d’avion ?
« C’est comme l’électricité. On a externalisé par rapport à EDT ENGIE la gestion du fonds de péréquation du prix de l’électricité pour mettre ça dans un fonds géré par le pays, et au travers de cette contribution supplémentaire -et on n’a pas dit d’ailleurs où c’est qu’on allait chercher le franc 75, cela n’a pas été déterminé pour l’instant- et à mon avis, on n’ira pas ponctionner les plus petits pour payer cette contribution. On fera en sorte que tout le monde, évidemment dans toutes les îles, puissent apporter leur contribution, pour faire baisser les prix partout ailleurs. »

Et pourquoi ne pas avoir fait appel à la continuité territoriale pour les vols inter-insulaires, une aide de l’État ?
« J’ai d’ores et déjà entamé les discussions au niveau de Paris. J’ai eu l’occasion dès 2019, de discuter avec les gens de la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile), avec le ministère des Transports. Il y a un article du code des transports qui permet à l’État d’apporter sa contribution, et on compte bien faire en sorte avec cette contribution supplémentaire de la part de l’État sur la continuité territoriale en matière de transport aérien, que nous puissions avoir un peu plus en terme de budget pour faire un effort supplémentaire en terme de baisse de prix. »

Quand cette taxe solidaire pourrait-elle être appliquée ? 
« Ça sera appliqué à compter du mois de juillet 2021. Nous sommes pour l’instant dans le cadre des discussions qui sont entamées, et de la délégation de service public qui sera accordée j’espère bien, avec la direction de Air Tahiti aboutir intelligemment sur un contrat qui sera gagnant-gagnant, partant du principe que d’ici 2-3 ans, nous reviendrons à un niveau d’activité tel que nous l’avons connu auparavant, notamment en 2019, avoir Air Tahiti sur les lignes commerciales qui va dégager des surplus importants mais qui acceptera aussi à ce moment-là de baisser les tarifs sur les lignes concurrentielles comme Bora Bora, Raiatea, Huahine… Vous voyez, je parle avec la plus grande transparence ce soir. »

Concernant la désinscription de la Polynésie à l’ONU, le représentant de l’État en Polynésie n’a pas souhaité réagir, quelle est la position du Pays ?
« Vous savez, notre position sur le plan politique a toujours été constante, et c’est ce qui a été rappelé par le président. Il est quand même incroyable, dans un pays comme le nôtre, nous avons toute la liberté, une démocratie qui existe, que ce soit un groupuscule de gens qui aille demander au niveau de l’ONU, l’inscription et la décolonisation de la Polynésie. Il y a des élections de manière cyclique, les gens se prononcent, notre équipe a été élue encore récemment pour diriger le pays. Je crois que la population polynésienne a tranché sur cette question. Ce qui est anormal, c’est d’aller négocier directement avec des gens qu’on ne connait pas au niveau de l’ONU pour décider de notre avenir et de celui de nos enfants. C’est ça que que je trouve parfaitement anormal, et c’est la position que nous défendons. »

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