Revenons sur les villas de luxe à Bora Bora. Récemment, l’assemblée a intégré dans les hébergements touristiques de Polynésie ces villas de luxe donc le gouvernement soutient ces initiatives là ?
« […] Bora Bora a toujours été notre locomotive et le leader de notre tourisme en Polynésie. Et évidemment que cette cible, la cible des plus grands milliardaires qui s’intéressent déjà à nous, on les voit dans nos eaux, on les voit circuler chez nous… Maintenant comment faire pour les garder plus longtemps ? Personnellement, et avec le président de notre Pays, Edouard Fritch, nous travaillons sur une loi de Pays pour inciter la population à ne pas vendre ses terrains aux étrangers mais à passer par des baux emphytéotiques. Nous pensons avec le gouvernement qu’il faut aussi protéger la propriété foncière, au delà du développement économique ».
Revenons maintenant sur l’atoll de Niau et l’huilerie de coco vierge. On a vu toutes les difficultés qui ont été nécessaires pour faire aboutir ce projet-là. Comment est-ce que le gouvernement pourrait aider les autres atolls à avoir un tel développement pour cette ressource (le coco, NDLR) ?
« […] D’autres porteurs de projets, à Bora Bora, à Hiva Oa, à Makemo, sont en train de se préparer. Ils seront soutenus par les moyens du Pays et de l’Etat. Nous souhaitons aussi à travers l’huilerie de Tahiti, qui a changé ses statuts, développer la valorisation du cocotier. Donc l’huile de coco vierge bien sûr, mais l’eau de coco, le lait de coco, le bois de coco. Tout cela, pour organiser d’abord l’approvisionnement en matière première et espérer voir des initiatives privées sur les valorisations individuelles ».
Durant votre tournée aux Tuamotu, vous avez également visiter des fermes perlicoles. C’est un secteur en crise, surtout après la fermeture des frontières. Aujourd’hui, comment vous pourriez soutenir, au niveau du Gouvernement, l’activité de ces fermes perlicoles ?
« […] Nous avons déjà réuni deux fois le Conseil de la perliculture, nous nous réunissons le 8 avril prochain. Ce qui est prévu, c’est que les grandes décisions soient prises d’un commun accord avec la filière. Faire le dos rond et éviter la surproduction durant cette période difficile. Refaire de la qualité en ne proposant que 2500 perles par hectare dans la commercialisation. Et puis travailler ensemble sur une labélisation de notre perle, retrouver l’aura de la perle polynésienne. Et tout cela, il faut le faire ensemble, aller affronter les marchés internationaux, peut-être même faire de la promotion, de la différence de notre produit par rapport aux autres. Ne pas réinventer puisque tout cela a déjà été fait dans les années 80. Nous devons retrouver cet esprit unitaire de la filière ».
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Direction l’atoll de Hao où le projet de ferme aquacole semble faire du surplace. Aujourd’hui, est-ce qu’il y a des avancées dans ce projet là, ça fait quand même 7 ans qu’on attend qu’il se concrétise.
« Nous attendons que le promoteur chinois vienne faire avancer le projet mais nous avons déjà anticipé la part du Pays, en tout cas les investissements primaires qui ont été réalisés là-bas. Nous continuons à anticiper la préparation des futurs partenariats qu’il va y avoir entre le promoteur chinois et les paumotu qui seront les aquaculteurs et producteurs de poissons. Mais laissons le promoteur arriver en temps et en heure. C’est un projet qui est bien sûr attendu pour l’île de Hao et pour l’aquaculture dans notre Pays ».
Parlons à présent de la crise sanitaire qui a beaucoup impacté l’économie de notre Pays, et surtout un projet que vous soutenez : l’autosuffisance alimentaire, ne plus dépendre des importations. Aujourd’hui, où en sont les projets pour développer cette autosuffisance et éviter qu’une nouvelle crise sanitaire vienne handicaper notre économie.
« […] Nous pensons que tous les archipels, toutes les îles seront porteuses de ce projet agricole. Il faut construire d’abord par des exploitations familiales, d’excellence, de qualité. Ensuite, intégrer tout ça dans le système de commercialisation, labéliser les meilleurs produits. Et bien sûr, une gouvernance partagée : ce n’est pas qu’un ministre de l’Agriculture avec sa direction qui fera tout ça. Il y a le rôle des agriculteurs, le rôle des communes, le rôle individuel des porteurs de projets. Et puis nous comptons aussi sur les églises pour nous aider à transformer nos habitudes alimentaires. Mangeons dans nos assiettes des produits locaux puisqu’on peut se nourrir sainement et durablement avec des produits locaux ».