Air Tahiti – Manate Vivish : « Jamais la compagnie n’a connu une situation aussi difficile »

Publié le

L’activité commerciale d’Air Tahiti est complètement à l’arrêt depuis plus d’un mois. Le directeur général de la compagnie estime qu’il va lui falloir plusieurs années pour se relever de ce « trou d’air » mais il compte sur ses ressources humaines compétentes, entraînées et formées pour maintenir le cap.

Publié le 28/04/2020 à 15:17 - Mise à jour le 18/05/2020 à 15:27

L’activité commerciale d’Air Tahiti est complètement à l’arrêt depuis plus d’un mois. Le directeur général de la compagnie estime qu’il va lui falloir plusieurs années pour se relever de ce « trou d’air » mais il compte sur ses ressources humaines compétentes, entraînées et formées pour maintenir le cap.

Ce mardi, Air Tahiti a transporté, pour la première fois depuis plus d’un mois, des passagers de Tahiti aux îles Sous-le-Vent. Jamais la compagnie aérienne n’avait été inactive sur une durée aussi longue. Les répercussions seront importantes, mais Manate Vivish, le P-dg, compte tout faire pour préserver ses 1400 employés. Il nous a accordé une interview exclusive.

Ce premier vol avec passagers, c’est le début de la reprise pour votre compagnie ?

« Depuis le 22 mars, la compagnie a complètement arrêté son activité commerciale. C’est une première, pour nous. Les vols actuels sont des vols qui sont affrétés par le Pays. Les moyens d’Air Tahiti ont été mis à disposition du Pays, et nous attendons la fin du confinement pour relancer une activité commerciale. Pour l’heure, seul le rapatriement des résidents des îles est prévu. C’est le Pays qui a la main. Pour l’heure, aucun autre vol n’est prévu. Nous n’avons aucune commande effective, même pour des charters scolaires. »

Dans quelle situation cette crise sanitaire place Air Tahiti aujourd’hui ?

« La situation de la compagnie, comme pour beaucoup d’autres compagnies aériennes, est catastrophique. Nous n’avons plus de recettes depuis un mois. Ça pèse, évidemment, sur notre trésorerie. La compagnie est en sérieuse difficulté. Pour l’heure, ces vols du Pays sont quasiment notre seule activité. Nous avons aussi des avions à entretenir, donc, nous avons la direction technique qui continue à fonctionner pour l’entretien de nos appareils, et nous avons encore quelques services en activité, mais de manière très modérée.

« La compagnie est en sérieuse difficulté »

Manate Vivish, P-dg d’Air tahiti

Nous espérons pouvoir bénéficier du prêt garanti par l’Etat, ce fameux dispositif mis en place, et qui nous offrirait une bouffée d’oxygène. Au-delà de ça, nous attendons la finalisation du dispositif d’aide à l’emploi que le Pays est en train de préparer en espérant que ces aides seront suffisamment importantes pour permettre aux employés de tenir le coup. Nous avons 1400 employés, quasiment 1200 sont en chômage technique en ce moment. Les perspectives, c’est faire face à l’activité résiduelle que nous avons, prendre des congés, et envisager des réductions de temps de travail, puis espérer bénéficier du dispositif d’aide du Pays pour soutenir nos emplois« 

D’ici combien de temps envisagez-vous un retour à la normale de votre activité ?

« On pense que ce trou d’air que la compagnie traversera durera sur une période de 2 ans et demi à 3 ans. Il faut avoir cette visibilité là et se dire que les choses ne vont pas se régler en 2 ou 3 mois. Dès lors que le déconfinement sera effectif, la compagnie ne récupérera pas l’intégralité de ses moyens, c’est certain. C’est une première pour Air Tahiti. Jamais la compagnie n’a connu une situation aussi difficile. »

En terme de ressources humaines : vous sera-t-il possible de maintenir les emplois des 1400 salariés ?

« On espère éviter le plan social. La principale richesse d’une compagnie aérienne, au-delà de sa flotte, ce sont les hommes et les femmes qui l’animent. Des gens qui sont compétents, entraînés et formés. Air Tahiti compte pouvoir conserver son personnel. »

Les lignes déficitaires pourront-elles être maintenues dans ce contexte ?

« C’était les touristes qui contribuaient à palier le déficit qu’on enregistrait sur de nombreuses destinations qui étaient structurellement déficitaires. Air Tahiti va très certainement reformater son programme de vols de manière à concentrer d’abord ses moyens sur les destinations sur lesquelles il y a du trafic, puis progressivement, en fonction de la reprise, nous serons amenés à rouvrir un certain nombre d’autres lignes. Les choses se feront très progressivement.« 

Dernières news