Selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), qui a annoncé jeudi l’arrivée officielle d’El Niño, ce dernier « pourrait conduire à de nouveaux records de températures » dans certaines régions.
Par ailleurs, « en fonction de sa force, El Niño peut avoir une série d’impacts, tels que l’augmentation du risque de fortes pluies et de sécheresses dans certains endroits du monde », a déclaré Michelle L’Heureux, climatologue à la NOAA, soulignant que « le changement climatique peut exacerber ou atténuer certains de ses effets ».
« Répercussions considérables » –
El Niño est un phénomène climatique naturel caractérisé par des températures de surface plus chaudes que la normale dans l’océan Pacifique équatorial, mais il a des conséquences pour toute la planète. Il se produit environ tous les deux à sept ans.
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La dernière période El Niño remonte à 2018-2019 et a laissé la place à un épisode particulièrement long de presque trois ans de La Niña, qui provoque les effets inverses et notamment une baisse des températures.
Mais en dépit de cet effet modérateur, les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes jamais enregistrées.
Début mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) avait averti que la période 2023-2027 serait avec quasi-certitude la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, sous l’effet combiné d’El Niño et du réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre.
L’OMM estime à 66% la probabilité que la température moyenne annuelle à la surface du globe dépasse de 1,5°C les niveaux préindustriels pendant au moins l’une des cinq prochaines années. C’était l’une des limites à ne pas dépasser fixées par l’Accord de Paris de 2015.
À ce stade, il n’est pas encore possible de prédire l’intensité ou la durée de l’actuel El Niño. Le dernier en date était considéré comme faible, mais celui d’avant, entre 2014 et 2016, était puissant et il a eu des conséquences désastreuses. En général, les effets d’El Niño sur les températures se font sentir l’année suivant son émergence.
M. Petteri Taalas, le Secrétaire général de l’OMM, a toutefois déjà tiré la sonnette d’alarme, insistant sur la nécessité de se préparer parce que « les répercussions sur la santé, la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau et l’environnement seront considérables ».
Cette semaine, l’Australie a prévenu qu’El Niño entraînerait des journées plus chaudes et plus sèches dans ce pays vulnérable aux feux de brousse, tandis que le Japon a déclaré qu’un El Niño en développement était en partie responsable de son printemps le plus chaud jamais enregistré.
Effets contrastés
Les scientifiques craignent que cet été et le suivant ne soient particulièrement difficiles dans certaines régions, notamment les plus défavorisées.
« Les pauvres sont déjà poussés au bord du gouffre par les sécheresses, les inondations et les tempêtes causées par l’utilisation de combustibles fossiles, et ils devront maintenant faire face aux températures suralimentées de l’effet El Niño », a souligné jeudi Mariana Paoli, de l’organisation humanitaire Christian Aid.
Sur les États-Unis, les effets d’El Niño devraient être plus contrastés: son influence devrait être faible pendant l’été mais plus prononcée à partir de la fin de l’automne et jusqu’au printemps, indique la NOAA.
En hiver, ce phénomène entraînerait des conditions plus humides que la moyenne dans certaines régions du pays, du sud de la Californie à la côte du Golfe, mais des conditions plus sèches dans le nord-ouest du Pacifique et la vallée de l’Ohio. Il augmente également les risques de températures plus élevées que les normales dans les régions septentrionales du pays.
L’Amérique du Sud, la Corne de l’Afrique et l’Asie centrale pourraient aussi être concernés par une hausse des précipitations, tandis qu’El Niño pourrait provoquer de graves sécheresses en Australie, en Indonésie et dans certaines parties de l’Asie du Sud.
En revanche, El Niño tend à modérer l’activité des ouragans dans l’Atlantique, mais à les favoriser dans le centre et l’est du Pacifique.