Des dizaines de milliers d’Américains défilent pour défendre le droit d’avorter aux Etats-Unis

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"Pas touche à nos corps !": des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi aux Etats-Unis pour défendre le droit à l'avortement, menacé par la Cour suprême qui semble prête à revenir en arrière, 50 ans après sa décision historique de protéger l'IVG.

Publié le 14/05/2022 à 13:32 - Mise à jour le 14/05/2022 à 13:32

"Pas touche à nos corps !": des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi aux Etats-Unis pour défendre le droit à l'avortement, menacé par la Cour suprême qui semble prête à revenir en arrière, 50 ans après sa décision historique de protéger l'IVG.

Quelque 450 cortèges étaient organisés à travers le pays, dont des grandes marches à Washington, New York, Chicago, Austin et Los Angeles. 

« Personne n’a le droit de prendre une décision concernant le corps de quelqu’un d’autre », a expliqué à l’AFP Hanna Williamson, une manifestante de 20 ans à Washington. « Je me bats pour les droits de tout le monde »

Dans la foule, les manifestants tenaient des pancartes roses avec écrit « Pas touche à nos corps », d’autres clamaient « La Cour suprême veut tuer les femmes », « Faites avorter la Cour » et une grande banderole « Nos corps, nos avortements » était placée en avant du cortège. 

Viesha Floyd, 31 ans, affirme manifester « pour les femmes des générations à venir ». « Quand il s’agit des femmes, mêlez-vous de vos affaires », dit-elle à l’adresse des membres du Congrès qui s’opposent à une loi fédérale protégeant l’IVG.

Dans la capitale, le défilé de plusieurs milliers de personnes s’est terminé devant l’imposant bâtiment de marbre blanc abritant la Cour suprême, protégé par un grillage.

À New York, le cortège de quelque 3 000 personnes était mené par les sénateurs démocrates Chuck Schumer et Kirsten Gillibrand, ainsi que la procureure de la ville Letitia James. Le maire Eric Adams était également dans la foule.

Colère

Ils étaient 5 000 à Houston, au Texas, selon les organisateurs et un millier à Louisville, dans le Kentucky, un Etat conservateur du Sud où seulement deux cliniques de l’organisation Planned Parenthood pratiquent des avortements.

Plusieurs milliers de personnes manifestaient aussi à Los Angeles. 

Même s’il est soutenu par une majorité de la population, selon de récents sondages, le droit à l’avortement est un sujet de société très clivant depuis l’arrêt historique « Roe v. Wade » de janvier 1973, qui protège le droit des Américaines à interrompre leur grossesse.

Début mai, le site d’information Politico a révélé un projet d’arrêt de la Cour suprême, résolument ancrée dans le conservatisme, qui accordera aux Etats américains le droit d’interdire ou d’autoriser les IVG s’il est adopté tel quel.

Elle doit rendre sa décision d’ici l’été sur une loi du Mississippi limitant les délais légaux pour avorter, déjà restreints dans 23 Etats. Si la Cour donnait raison à cet Etat conservateur, une vingtaine d’autres ont promis de rendre l’avortement illégal, certains même en cas de viol ou d’inceste. 

Cela forcerait les femmes à voyager plusieurs milliers de kilomètres pour se faire avorter.

Pour Allison Easter, 58 ans et qui manifeste à New York, les conservateurs veulent « le pouvoir et le contrôle ».

« De nombreuses personnes avec des valeurs traditionnelles ont peur des femmes qui peuvent faire un choix avec leur propre corps », dit-elle à l’AFP.

« Résister »

« Des gens affirment que c’est une question religieuse, mais si on regarde ce qu’ils ont fait au nom de la religion, ce n’est pas vrai », ajoute-t-elle.

Si l’arrêt est annulé, « cela va être horrible » a prédit à l’AFP Linda Coffee, qui représentait à l’époque Jane Roe, et qui aujourd’hui fustige une « minorité très bruyante » d’opposants à l’avortement.

Les élus démocrates au Congrès ont promis de protéger le droit à l’avortement dans les Etats où ils sont majoritaires.

« Nous allons résister et nous allons gagner, nous allons nous battre jusqu’à la victoire, l’Amérique est avec nous », a affirmé à l’AFP Chuck Schumer, le chef de la majorité démocrate au Sénat.

La Chambre des représentants a voté à l’automne dernier une loi garantissant l’accès à l’avortement dans tout le pays mais ce texte est bloqué au Sénat, où les démocrates ne disposent pas de la majorité suffisante.

Le soutien vient aussi du monde économique, qui a longtemps évité ce sujet. De plus en plus de jeunes dirigeants d’entreprises prennent position pour le droit à l’avortement.

La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a également mis en garde contre les conséquences « très néfastes sur l’économie » si le « droit des femmes à décider quand, et si, elles veulent avoir des enfants » était remis en cause.

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