La Covid, une éruption volcanique et un tsunami : un trio dévastateur pour le tourisme tongien. Il retrouve peu à peu des couleurs, mais reste bien plus modeste qu’au fenua. Parmi les 100 000 visiteurs annuels, beaucoup sont des Tongiens installés ailleurs, qui reviennent voir leur famille. Les autres sont surtout Kiwis, Australiens et Américains, comme ces baroudeurs qui ont fait connaissance à Nukualofa.
“Si j’ai choisi Tonga, c’est parce que j’ai voulu aller sur une île reculée, au milieu de l’océan, loin de tout le monde,” indique Drew William, un touriste américain. Bryce Stevens, venu d’Australie, avait pour “intérêt principal” de “réaliser une expédition de survie”. “On est allé sur un îlot isolé, il y en a beaucoup ici. Et j’ai adoré vivre sur cette île complétement déserte… passer du temps à l’écart de la société”, dit-il.
Un autre visiteur australien, habitué de Tahiti, découvre Tonga, et ose une comparaison. “Tahiti est bien plus chère. Ici c’est bien mieux pour la nourriture, pour les hôtels, pour les loisirs, c’est bien plus accessible. Et pour être honnête, je trouve les gens ici plus sympathiques”, témoigne Kenneth Pelletier.
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Tonga n’est qu’à quelques heures d’avion de Tahiti… mais il n’y a pas de ligne directe… et donc presque jamais de touristes tahitiens chez ces cousins pourtant si proches. La compagnie tongienne a fait faillite et la desserte aérienne dépend surtout d’Air New Zealand.
“Je dirais que notre principale force est la chaleur de l’accueil que nous proposons. Parmi nos faiblesses, c’est vrai que le tourisme est encore jeune à Tonga. Nous avons encore des progrès à faire en matière de services. Et en ce moment, comme un peu partout dans le Pacifique, il y a un manque de main-d’œuvre. La main-d’œuvre, c’est l’un de nos plus grands défis”, souligne Jason Strickland, le directeur général de l’hôtel Tanoa à Nukualofa.
Un salarié non qualifié touche moins de 40 000 francs par mois à Tonga et les jeunes préfèrent souvent partir. Cet hôtel est le plus prestigieux de la capitale et accueillera les chefs d’État dans quelques jours, pour le Forum des Îles du Pacifique, mais il n’a plus assez de personnel pour maintenir son restaurant ouvert !
Des Indiens ou des Papous côtoient donc les locaux à la réception, et le directeur est australien. Mais les employés locaux vantent la destination et son atout-maître : les baleines, comme l’explique Richard Fellows, guide et pilote de beateau : “C’est le point d’intérêt principal : l’observation des baleines. On peut nager près d’elles, interagir avec elles. On a aussi pas mal d’endroits où les gens aiment nager ou surfer. Et puis on a aussi notre ‘Stonehenge’, un vestige réputé sur la côte Est, très prisé des visiteurs”.
“Je pense que le tourisme est l’affaire de tous ici. À partir du moment où quelqu’un descend de l’avion ou du bateau, tout le monde obtient sa part du gâteau”, fait valoir, de son côté, Elizabeth Sullivan, propriétaire de l’hôtel Waterfront.
Un gâteau peu épais. Les touristes manquent, et c’est paradoxalement la principale force du tourisme tongien : les îles sont préservées, authentiques et les séjours bien moins chers qu’à Tahiti. Tonga veut le développer en s’ouvrant à de nouveaux marchés. Car là-bas aussi, le tourisme est le moteur de l’économie, loin devant la pêche et l’agriculture. Et le seul frein à l’exode.
“Pour moi, c’est vraiment important de développer le tourisme parce que ça va nous permettre de fournir des emplois. Ainsi les jeunes ne s’exileront plus. Ils pourront rester ici, développer leur pays, au profit de la population, tous ensemble”, conclut Frederica Fatafehi Lapaha Tuita, la cheffe du service du tourisme tongien.