Festival Tahiti Ti’a Mai : Seconde semaine de chants et danses

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Toakura danse, chante et prend le parti de restaurer une identité culturelle polynésienne bafouée par l'Histoire. Tahina no Uturoa fait forte impression avec son amour de la langue tahitienne. Les himene tarava, n'étant pas en reste, gardent la "banane" et se ressourcent dans une eau salvatrice.

Publié le 09/07/2021 à 8:41 - Mise à jour le 09/07/2021 à 10:49

Toakura danse, chante et prend le parti de restaurer une identité culturelle polynésienne bafouée par l'Histoire. Tahina no Uturoa fait forte impression avec son amour de la langue tahitienne. Les himene tarava, n'étant pas en reste, gardent la "banane" et se ressourcent dans une eau salvatrice.

Tahina no Uturoa – Ura

Venu de Raiatea et créé le 17 septembre 2004, ce groupe de danse conduit par Edouard Matahi Paraue aux multiples casquettes, chef du groupe, chef d’orchestre et compositeurs des chants, un groupe très attendu et soutenu qui inaugure la reprise de la seconde semaine du festival avec le thème « Ma langue reçue en héritage et sa transmission » sur des chants écrits par Noéline Ihorai et une chorégraphie de Julio Paraue également ōrero.
Qu’il est agréable, admirable de voir que les enfants et petits enfants parlent en tahitien ! Signe que notre Jeunesse a décidé que notre langue demeure à jamais. Et oui ! Le Roi Pomare 11 a enseigné le Tahitien aux missionnaires protestants anglais et Nott traduisit une partie de la Bible en tahitien. L’Evangile est acceptée. Hélas ! On fit brûler les Dieux. Les instruments… et les danses sont tabous. Le Roi Pomare V fit don de ses Etats à la France et le reo Tahiti fut interdit à l’école. Courage ! Enfant du Fenua ! Depuis 140 le Heiva a fait renaître le reo et nos coutumes ancestrales. Et Taupiti Tahiti Ti’a Mai perpétue l’histoire du reo. Vive le Reo Tahiti ! Aujourd’hui, il est enseigné à l’école, on peut donc le parler sans se soucier de recevoir – une punition. Le reo du Tupuna est en premier lieu apprit à la maison avec sa famille et à l’école du dimanche. La Polynésie a fait valoir l’art du ‘Orero et les enfants ont déclamé.

Tahina no Uturoa a dansé au Festival Raromata’i en 2011 à Uturoa, en 2017 Taputapuatea, en 2019 à Tumaraa et cette année à Taha’a. En 2017, la troupe de Raïatea part pour l’Angleterre et danse au Festival de Billingham pour le 250ème anniversaire de l’arrivée du Capitaine Cook à Tahiti. En 2018, Tahina no Uturoa danse lors de la Coupe du Monde de Ori Tahiti à To’ata. En décembre 2019, la troupe présente un spectacle dans plusieurs villes d’Australie : à Sydney, Brisbane et Melbourne.

Tahina no Uturoa a participé au Heiva i Uturoa de 2004 à 2012 et y a remporté les grands prix. Au Heiva i Tahiti, en 2013, 2ème prix en danse et orchestre création et 3ème prix en Himene Tarava, 2014, confirmation avec les 1er prix en danse et orchestre création et prix d’accompagnement musical puis l’année 2016, c’est le 2ème prix orchestre création et le prix ‘aparima vava.

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Tamari’i Teahupoo – Tarava Tahiti et ru’au

Tamari’i Teahupoo, groupe de chants et de danses, a été créé en 2006 sous la conduite de monsieur Adolphe Raveino. Lors du Heiva i Tahiti 2006 la troupe de la presqu’île obtient le 3eme prix du concours de danse en catégorie amateur et le prix du meilleur costume traditionnel. Au Heiva i Tahiti 2008, le groupe remporte le premier prix « Ôteà tane ». En 2014, Tamari’i Teahupoo, sous la responsabilité de Laiza Tanematea, nouvelle présidente du groupe et dirigé par son nouveau « aratai tiàtià » : Tematuanui Raveino, remporte le 3ème prix Tarava Tahiti, le 1er prix himene ru’au, le 1er prix ute paripari et le 2ème prix ute arearea. En 2015, le groupe remporte le 3ème prix ute arearea. Au Heiva i Tahiti 2016, avec le thème : « Te pohe rahi o Taiàrapu ia te oropaa ». Tamari’i Teahupoo gagne le 3ème prix ute arearea. En 2019, Tamari’i Teahupoo remonte sur la scène du Heiva i Tahiti avec le thème « Paripari fenua ». Cette année, pour le Festival Tahiti Ti’a Mai, la troupe présente deux chants, un tarava et un ru’au, autour du thème écrit par Evelyne Whitman : « Les eaux et les rivières de Teahupoo ».

Sur un thème de Evelyne Withman, ce soir la troupe conte l’histoire de l’eau et des rivières de Hui e o Taiarapu. Une poésie de l’eau qui arrose notre patrie, « Hui e o Taiarapu » le nom d’autrefois et appelée, aujourd’hui, « Teahupoo ».

Tiare Tarona – Tarava Tuha’a Pae et Himene ru’au

Pour l’entrée en scène de Tiare Tarona, un majestueux bananier, thème central du Tarava est placé devant le public fac à la scène. La troupe est dirigée par Clarita Tuhiti et dont le Ra’atira ti’ati’a himene est Walter Teauroa nous vient des lointaines et exotiques îles australes. C’est Manuel Maretaiti, auteur du thème, et également celui des chants et de leur composition. Le titre choisi pour la prestation est « Les bienfaits du bananier / Te Parau no te tutu mi’a ». Tiare Tarona conte au travers de ses chants mélodieux ces bienfaits donnés par Dieu pour le plus grand bien de l’homme et des animaux, et le remercie pour cela.

Toakura – Ura

La soirée se clôture avec la magistrale prestation de Toakura. Dirigée par Mateata Le Gayic, la troupe se présente pour la première fois au Heiva i Tahiti en 2010 avec le thème « Teva te Mamari » écrit par Valérie Gobrait et se fait remarquer en remportant dans la catégorie Heiva le 1er prix, le 3ème prix meilleur orchestre patrimoine et création, le 2ème prix meilleur danseur, 3ème prix meilleure danseuse mais aussi les prix du meilleur ote’a tane et meilleur hivinau. Ce premier pas dans le concours permet également à la cheffe de groupe de rendre hommage au clan auquel elle appartient. L’année suivante, Toakura se représente au concours en catégorie Hura tau, la troupe de danse choisit de s’associer avec John Maira’i pour illustrer l’engagement du Ari’i Opuhara face au roi converti Pomare II lors de la bataille de Fei Pi en 1815. Le spectacle, intitulé Opuhara Te Ari’i pi’o ‘ore, met en avant la résistance et les
convictions d’un homme qui se bat jusqu’à sa mort pour les défendre. Toakura repart alors avec le 3ème prix catégorie hura tau, le prix du meilleur costume traditionnel, le prix du meilleur auteur et le prix du meilleur ôrero avec Teiva Manoi. En 2013, c’est sous la plume de Chantal Spitz que Toakura confirme son engagement artistique à travers le spectacle Marama tumu qui, comme l’affirme l’autrice, veut « tordre le cou aux clichés » véhiculés par les occidentaux depuis le premier contact et entretenu aujourd’hui encore. Ce choix artistique questionne par ailleurs le public sur l’essence de notre peuple autochtone. Lors de cette édition 2013, Toakura remporte le 2ème prix en catégorie hura tau, le prix du meilleur auteur, celui du meilleur ôte’a et le prix du meilleur costume végétal.
Deux ans plus tard, en 2015, la troupe de Mateata Le Gayic se produit dans le cadre exceptionnel du Marae ‘Arahurahu et présente Te Aroha Mamaia écrit par Patrick Amaru. Cette mise en lumière d’une forme syncrétique de résistance à l’ordre établi dans une société en mutation permet au public de découvrir une interprétation singulière pendant tout le mois de juillet.
En 2016, Toakura se présente à nouveau au Heiva i Tahiti et confirme son engagement aux côtés de·Patrick Amaru qui écrit Purea, Te ‘Apu a toto. L’histoire de la cheffesse du 18è siècle inspire les deux artistes qui mettent en perspective le désir d’alliance et de grandeur d’une femme dans une société aux enjeux politiques principalement définis par les hommes. Cette année là, Toakura remporte deux prix : meilleur auteur avec Patrick Amaru et meilleur ra’atira ti’ati’a avec Steve Jean.
La troupe Toakura s’efforce ainsi à adopter un regard essentiel sur notre société grâce à ses choix d’écriture. En effet, à chaque participation du groupe Toakura au Heiva i Tahiti, les auteurs ont été récompensés par le prix du meilleur auteur.
Au fil des années, Toakura s’est entouré de personnes essentielles à son épanouissement. Parmi elles, son chef d’orchestre Vaimoana Urarii qui l’accompagne depuis ses débuts et signe les compositions musicales de la troupe. Citons également la présence de Moana’ura Tehei’ura qui participe à la construction des spectacles depuis 2011. C’est également grâce au savoir-faire d’Agathe Le Gayic, présente depuis la création de la troupe de danse, que Toakura décroche les prix du plus beau costume traditionnel en 2011 et du plus beau costume végétal en 2013.
Ce soir, la cheffe de groupe Mateata Le Gayic, ses musiciens et l’ensemble de la troupe Toakura souhaitent rendre hommage à Tino. Musicien hors pair, papa de Vaimoana, le chef d’orchestre et de Kahei qui joue au tari parau, ce joueur de faakete qui à toujours soutenu et accompagné le groupe Toakura depuis ses débuts en 2010, vient malheureusement de nous quitter. ‘la maita’i i tô tere papa Tino ! Que les pehe de ce soir volent vers toi.

Le thème, très applaudi, de ce soir est écrit par par Chantal Spitz et s’intitule « lhotupu ». Ce thème conte l’arrivée historique de la Bounty à Tahiti, de nombreuses références littéraires et cinématographiques rendent un puissant hommage à cette épopée rendue célèbre avec les interprétations des rôles mythiques de Fletcher avec Marlon Brando et la belle Tarita Teriipaia. L’histoire, mise en chorégraphie avec talent et maitrise, relate le terrible désenchantement à l’origine du chambardement et mépris de l’identité culturelle, qui perdure encore de nos jours, lorsque les marins de la Bounty, accueillis comme des Dieux, se virent offrir les charmes des plus belles des vahinés, persuadés que cette « offrande » leur apporteraient gloire et majesté.

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