TNTV : Dans l’actualité récente, le punu puatoro est à nouveau entré dans la liste des PPN. C’est un produit très affectionné ici, c’est une bonne nouvelle pour alléger le portefeuille des polynésiens en temps de crise, mais pas pour la santé. Comment limiter les dégâts?
Nicole Bouteau : « C’est un axe prioritaire de Ia Ora te Nunaa : il faut un programme de prévention extrêmement fort, et même agressif. Cela pour améliorer la santé des Polynésiens, que e soit en matière d’obésité, de maladies cardio-vasculaires, de diabète… Il faut savoir qu’aujourd’hui le diabète de type 2 est un vrai fléau et ne fait pas partie des maladies listées pour pouvoir bénéficier de la longue maladie. Il faut être sur tous les fronts. Nous souhaitons rouvrir un établissement en charge de la prévention, parce que dans la santé il y a également les addictions. Nous souhaitons lutter contre l’ice, qui fait des ravages auprès de notre jeunesse, dans nos quartiers… Il faut aussi de la proximité parce que l’hôpital, qui est la tête de pont de la santé en Polynésie, est fréquenté au détriment de la santé de proximité. Nous souhaitons rouvrir ce que nous appelons des fare ea, des maisons de la santé, des dispensaires plus proches de la population. On s’aperçoit que cette population se soigne moins et se soigne mal » .
TNTV : Vous êtes ancienne ministre du Tourisme. L’objectif de votre parti est de développer un tourisme éco-responsable, avec 400 000 touristes par an d’ici 2035, soit 100 milliards de Fcfp de recettes touristiques. Comment comptez-vous garder un tourisme éco responsable tout en augmentant le nombre de touristes?
Nicole Bouteau : « 400 000 touristes à l’horizon 2035, c’est moins de 2 touristes par habitant. On n’est pas du tout sur un tourisme de masse, bien au contraire. L’objectif, c’est de faire en sorte que ces flux de visiteurs soient répartis sur l’ensemble de la Polynésie et pas uniquement sur le triptyque habituel que sont Tahiti, Moorea et Bora Bora. Il faut que le tourisme puisse bénéficier à l’ensemble des archipels et des populations, en priorisant la réouverture d’hôtels qui ont été fermés ces dernières années. On a perdu quasiment 1000 chambres. Les dispositifs de soutien d’investissement doivent être orientés prioritairement sur ces réouvertures. Ensuite, on continuera à développer ce tourisme authentique, chez l’habitant dans nos archipels. On doit diversifier nos marchés : aujourd’hui, tout est axé sur les États-Unis et l’europe, il faut également s’ouvrir à d’autres destinations que sont l’Asie et l’Amérique latine, qui n’ont pas réouvert leurs routes depuis » .
TNTV : Augmenter le nombre de touristes ne va pas arranger la problématique de la mobilité. Pour lutter contre les embouteillages, vous proposez la création de « couloirs prioritaires » sur les routes, c’est-à-dire?
Nicole Bouteau : « Ce sont des actions et des mesures immédiates. La première, c’est le bus à 100 Fcfp, que l’on vienne de Tautira, de Paea ou de Faa’a. Nous souhaitons expérimenter ce tarif sur 3 ans pour inciter les familles, les travailleurs qui viennent de loin à utiliser le transport en commun plutôt que le véhicule. Cela va désengorger nos routes. Sur les routes ou nous disposons de 3 voiries, ou 2 voiries, d’en dédier une aux bus. Cela permettre qu’ils arrivent aux horaires indiqués. On doit aussi développer les taxis, les véhicules de tourisme. Ces voies seront dédiées au covoiturage, aux bus, aux taxis. Voilà pour les mesures immédiates » .
TNTV : Vous voulez également mettre en place un tramway?
Nicole Bouteau : « Ce sont des investissements à plus long terme. Il faut d’abord des mesures immédiates » .
TNTV : Vous proposez également des expropriations?
Nicole Bouteau : « Il y a plusieurs choses. Cela fera l’objet de referendum, parce que dans notre gouvernance nous allons multiplier les consultations populaires. Pour le tramway, ça peut aussi être un tramway aérien. Pour une route qui lie Punaauia à Taravao, ce ne serait pas la route du Sud telle qu’elle a été proposée jusqu’à présent, mais en passant par les montagnes. Bien évidemment, avant tout, il y aura consultation. Aucun grand projet d’investissement, même pour améliorer la mobilité, doit faire l’objet de consultations populaires » .