Des huitres de bouche made in Tahiti bientôt dans vos assiettes

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C’est une première mondiale. 30 ans après de premières expériences, les chercheurs de l’Ifremer, en collaboration avec leurs homologues néo-zélandais, viennent de trouver la solution pour produire des huitres de bouche locales. Une prouesse scientifique qui aura un impact bénéfique sur l’environnement et l’économie du fenua.

Publié le 26/04/2024 à 10:36 - Mise à jour le 27/04/2024 à 9:39

C’est une première mondiale. 30 ans après de premières expériences, les chercheurs de l’Ifremer, en collaboration avec leurs homologues néo-zélandais, viennent de trouver la solution pour produire des huitres de bouche locales. Une prouesse scientifique qui aura un impact bénéfique sur l’environnement et l’économie du fenua.

Les huitres de roche seront-elles dans nos assiettes d’ici à la fin de l’année 2026 ? C’est en tous les cas ce que promettent les scientifiques l’Institut français de recherche pour l’exploitation des mers (Ifremer) de Vairao.

Deux espèces comestibles locales sont concernées : la « saccostrea cucullata » et la « saccostrea echinata ».

Présentes naturellement dans nos eaux, ces huitres sont de qualité, mais elles ont une croissance contrariée en raison d’une maturité sexuelle précoce, comme l’explique Julien Vignier, chercheur à l’institut Cawthrow en Nouvelle-Zélande.

« Elle produit des œufs et des gamètes et devient laiteuse très tôt dans sa vie. L’idée de les rendre stériles permet d’éviter cette phase laiteuse pour améliorer leur croissance afin qu’elle arrive plus rapidement sur les tables », indique-t-il.

Après 30 ans d’expériences infructueuses en Polynésie, les scientifiques ont finalement trouvé la bonne méthode de stérilisation. Appelé triploïdisassions, ce traitement serait une première mondiale pour ces espèces tropicales.

« Cette étape est très importante. Il faut savoir que la majorité des huitres consommées dans le monde sont des huitres triploïdes. Donc triploïdiser l’espèce locale, c’était vraiment un enjeu et un verrou majeur », souligne Guillaume Mitta, chercheur à l’Ifremer de Vairao

« Le traitement se déroule dans la première heure de développement, juste après la fécondation. On les traite pendant 10 minutes », détaille Julien Vignier, « on ne savait pas du tout comment elles allaient réagir, si ça allait marcher. Ça a été le cas. Cette semaine, on a eu des résultats très probants qui sont très encourageants pour le futur du développement de la filière ».

« Elles viennent actuellement de métropole par avions. Écologiquement, ce n’est pas très viable, ni respectueux de l’environnement« , souligne Guillaume Mitta, chercheur à l’Ifremer de Vairao. (Crédit: TNTV)

D’autant que les Polynésiens sont friands d’huitres. 120 tonnes sont importées chaque année sur le territoire, dont 40 en frais, ce qui correspond à 450 tonnes de CO2 rejetées. Ce projet ostréicole promet donc de réduire l’impact carbone et de développer une nouvelle activité localement.

« Elles viennent actuellement de métropole par avions. Écologiquement, ce n’est pas très viable, ni respectueux de l’environnement. Contribuer à l’indépendance alimentaire de la Polynésie et, en même temps, en évitant tous les gaz à effet de serre qui viennent avec, ce serait pas mal », se félicite Guillaume Mitta.

Les scientifiques lanceront la production dans le courant de l’année dans l’optique que ces huitres puissent arriver dans les assiettes des consommateurs en 2026. « D’ici à 2 ans, on espère, à partir de système entre guillemets industriels, pouvoir produire et commencer à les déguster », veut croire Manaarii Sham Koua, zootechnicien à l’Ifremer.

Déjà pionnière dans l’élevage des crevettes bleues, la station Ifremer de Vairao se démarque une nouvelle fois dans le domaine de l’ostréiculture. Des compétences dont elle fera profiter la communauté scientifique internationale lors d’un congrès qui se tiendra à Tahiti courant 2025.

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