Covid-19 : « plus que la chloroquine c’est le vaccin qui va nous permettre de régler cette épidémie » estime Raynal

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Pour faire le point sur la situation en Polynésie, le ministre de la Santé Jacques Raynal était l'invité de nos journaux.

Publié le 30/11/2020 à 11:04 - Mise à jour le 30/11/2020 à 11:06

Pour faire le point sur la situation en Polynésie, le ministre de la Santé Jacques Raynal était l'invité de nos journaux.

L’épidémie semblait marquer le pas cette semaine. 100 nouveaux cas ont été testés positifs jeudi en 24 heures mais 213 le lendemain. Quelle est la situation à l’heure où nous parlons ? La progression du virus ralentie-t-elle ?
« On observe depuis presque 3 semaines maintenant, une accalmie. C’est un ralentissement mais un ralentissement qui reste quand même limité. Nous avons beaucoup moins de cas qui apparaissent chaque jour. Mais il faut rester très prudents. je pense que la raison de ce ralentissement, c’est que la population, malgré ce que l’on a vu au marché de Papeete qui est une exception, la population semble bien respecter les gestes barrières. On le voit dans les quelques commerces qui ont été ouverts. Il y a des mesures qui ont été prises par les commerçants. Et puis il y a ce fameux couvre-feu. ce couvre-feu qui fait que, je ne sais pas si vous l’avez observé, mais Papeete se vide un petit peu plus tôt ou un petit peu plus vite le soir, et les gens restent chez eux. Le couvre-feu semble très bien respecté d’après les informations que nous avons. Ceci aidant, c’est une des raisons, c’est probablement la raison principale même, qui fait que nous avons observé un net ralentissement de l’évolution de l’épidémie qui allait, il n’y a pas si longtemps, vers la hausse assez inquiétante. »

Avec l’arrivée des vacances et le retour des enfants scolarisés à Tahiti, faut-il craindre une recrudescence des cas dans les îles ?
« Oui tout à fait et c’est la raison pour laquelle nous avons mis en place une stratégie de dépistage pour les enfants, notamment pour les internes qui vont retourner dans les îles. Et également dans chacune des îles, les tavana ont mis en place localement des mesures, ont pris des mesures pour éventuellement faire respecter une septaine c’est-à-dire faire en sorte que les gens restent chez eux quand ils arrivent de Tahiti ou de Moorea, qu’ils restent chez eux pendant une période qui est de 7 jours. Et puis, une surveillance accrue de la part des personnels de la Santé bien sûr, et de la part des personnels communaux. »

Pour ce qui est des personnes hospitalisées, le protocole de soins a-t-il évolué ces dernières semaines ou avec le retour d’expérience, sait-on mieux les prendre en charge ?
« Il a évolué depuis le début de l’épidémie dans la mesure où, comme vous le dites, le retour d’expérience a permis de mieux ajuster en quelque sorte les traitements en fonction des cas de ceux qui, malheureusement se retrouvaient hospitalisés. »

Où se situe le taux de mortalité ici en Polynésie en comparaison d’autres pays ?
« Le taux de mortalité pour cette épidémie n’est pas si important que ça. Il est de 5 pour 1000 cas. Donc ce n’est pas un taux énorme mais c’est déjà beaucoup. Nous comptabilisons à l’heure actuelle 74 décès dus à cette épidémie. C’est déjà beaucoup malheureusement. Nous espérons que ce ralentissement que l’on observe actuellement va permettre aussi d’abaisser les cas les plus graves. Mais, il y a encore en service de réanimation, plus de 20 personnes qui sont en réanimation aigüe et qui sont à risque. »

Des médecins libéraux proposent localement de soigner leurs patients avec de la chloroquine. Une liste a même circulé sur Facebook ce qui a entraîné le dépôt de plainte de certains médecins qui y figuraient sans leur consentement. La question de la chloroquine divise les praticiens et la population est un peu perdue sur ce sujet. Quelle est votre point de vue ?
« Oui cette question a divisé non seulement ici mais également en métropole. Elle a divisé le corps médical. Il y a eu nécessité pour nous de prendre un certain nombre de mesures et c’est ce que nous avons fait au début de cette épidémie puisque nous observions et nous avions été alertés par les professionnels, d’une rupture d’approvisionnement dans un des médicaments qui sert à prendre en charge une autre maladie que la covid, une maladie immunologique, c’est donc un médicament indispensable, c’est la chloroquine mais sous une forme commerciale qu’on appelle le Plaquénil. Donc cette restriction d’accessibilité du patient à cette molécule a fait qu’il y a eu une certaine émotion dans le corps médical mais nous avons réouvert cette possibilité pour le corps médical de represcrire du Plaquénil mais de le represcrire que dans ce que l’on appelle l’autorisation de mise sur le marché qui est le cas spécifique pour lequel cette molécule a été commercialisée et non pas pour la covid. Après, le médecin peut toujours prendre sur lui la responsabilité de prescrire ce médicament dans l’hypothèse où il semble que lui pense que c’est nécessaire, mais il faut qu’il informe son patient précisément que ce n’est pas le traitement habituel de cette maladie là, que ce n’est pas prouvé que c’est un médicament efficace dans ce cas là, et que il prend la responsabilité lui-même de cette prescription. »

Lire aussi – Vaccin Covid-19 : les autorités sanitaires posent le calendrier d’une campagne à hauts risques

La mise sur le marché d’un vaccin suscite énormément d’espoir. En métropole, la Haute autorité de santé doit rendre ses conclusions sur la stratégie vaccinale. Une campagne de vaccination pourrait débuter à la fin de l’année ou début 2021 en métropole. La Polynésie sera-t-elle concernée ?
« Bien sûr et plus que la chloroquine c’est le vaccin qui va nous permettre de régler cette épidémie sur le plan mondial. Des milliards de personnes sont concernées. L’hypothèse d’une vaccination se fait de plus en plus proche. C’est-à-dire que la France pouvait disposer avant la fin de cette année, d’une forme de vaccin, ce fameux vaccin Pfizer qui doit se conserver à -80°. Et d’autres vaccins, vous le savez, sont en cours d’élaboration avec un laboratoire français qui s’appelle AstraZeneca et puis d’autres. Il y en a quatre actuellement qui sont positionnés. Bien sûr que nous, nous allons pouvoir accéder à cette vaccination. Je n’ai pas encore suffisamment d’informations pour dire si ce sera d’ici la fin de cette année ou en début d’année prochaine. Mais très probablement dans le début de l’année prochaine, nous pourrons bénéficier de ce fameux vaccin Pfizer. Nous nous sommes associés pour cela et la France a souhaité nous associer dans la commande -vous savez que les pays européens se sont groupés- dans la commande générale de ces pays. Et une dotation pourra être affectée à la Polynésie française par la France dans ce cadre-là. »

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