Vidéos – Agressions sexuelles au sein de l’Eglise : en Polynésie, une commission à l’écoute des victimes

Publié le

Publié le 08/01/2019 à 16:04 - Mise à jour le 08/01/2019 à 16:04

Le procès du cardinal Barbarin s’est ouvert lundi en métropole. Avec cinq anciens membres du diocèse de Lyon, il est jugé pour non-dénonciations d’agressions sexuelles commises par le père Preynat sur de jeunes scouts de la région lyonnaise avant 1991.
Les neuf plaignants leur reprochent d’avoir maintenu le père Preynat au contact d’enfants jusqu’en 2015. Cette année-là, un ancien scout a porté plainte pour la première fois. Le cardinal Barbarin affirme qu’il n’a jamais cherché à cacher, « encore moins à couvrir ces faits horribles ». 

L’affaire, très médiatisée, a également été suivie en Polynésie. « Barbarin arrive 10 ans après les faits (dans l’Église, NDLR) » souligne  le Père Bessert, supérieur du grand séminaire de Tahiti. « C’était aussi peut-être assez difficile dans cette situation-là pour le cardinal Barbarin, d’établir une juste lecture de la réalité. » Pour autant, le religieux reconnait que la médiatisation de l’affaire a permis aux victimes « de se faire entendre (…) C’est nécessaire pour une victime de pouvoir s’exprimer devant la justice. »

 

En vidéo, l’interview du Père Bessert, supérieur du grand séminaire de Tahiti.

En Polynésie, selon le Père Bessert, aucune plainte officielle pour agression n’a été déposée envers des autorités religieuses. Néanmoins, une commission, la CIRCAS, a été créée. « La commission d’intervention pour les recours en cas d’abus sexuels a été mise en place en 2013. Elle est chargée d’accueillir les éventuelles plaintes qui concerneraient les ministres ordonnés, mais aussi les ministres laïques et au-delà, notamment dans les écoles catholiques quand il s’agit de professeurs. » 

« Il y a eu des cas de comportements inadaptés, voire très inadaptés. Des cas de pédophilie au sein de la prêtrise, je dois dire que non pour le moment », souligne également Danièle Gatti,  présidente de la CIRCAS. La commission polynésienne est « une des premières » selon Danièle Gatti, « avant même qu’il y en ait en France ». « Il y a un numéro de téléphone. Les personnes qui ont quelque chose à dire nous appellent, on les reçoit tout de suite, on écoute (…) Ensuite on fait un discernement avec toutes les personnes de la commission (nous sommes 5 : un prêtre, un diacre, deux femmes laïques) et nous discernons si ce que l’on nous dit relève d’infractions au Code pénal, aux droits canaux aussi, à la déontologie de l’Église. Mais nous ne sommes pas le tribunal. Ce n’est pas nous qui jugeons. » Si la commission relève une infraction, elle fait alors un signalement au Procureur de la République et informe l’Évêque. 

Dans les cas de comportements inadaptés qu’évoquent Danièle Gatti, les personnes concernées ont été « écartées » assure la présidente de la commission. 

Avant les commissions et toute cette médiatisation, l’Église s’est-elle contentée de déplacer certains prêtres accusés d’agressions ? « Je ne sais pas ce qu’il faut en penser. (…) Il me semble que ce qui a prévalu c’était l’autorité intérieure à l’Église. On gérait ça à l’intérieur de l’Église et il y a eu des cas effectivement où on s’est contenté de déplacer la personne sans se rendre compte qu’on déplaçait le problème (…) Mais il y a eu aussi des cas portés devant la justice avant toute cette médiatisation », estime Danièle Gatti. 

En vidéo, l’interview de Danièle Gatti, présidente de la Commission Interdiocésaine de Recours en Cas d’Abus Sexuels 

Ce mercredi en métropole, la procureure adjointe Charlotte Trabut n’a requis aucune condamnation au procès du cardinal Philippe Barbarin. 
En 2016 après une enquête préliminaire sur les mêmes faits, un classement sans suite avait été décidé par le parquet. 

Rédaction web (Interviews Hitiura Mervin) 

Dernières news