Le 26 septembre est la journée mondiale de la contraception. Son objectif : informer la population et réduire le nombre de grossesses non désirées dans le monde. En Polynésie française, un peu plus de la moitié des femmes (55%) qui tombent enceintes ne l’auraient pas planifié, et 3% de ces jeunes mamans sont mineures. Pourtant, aujourd’hui, il est simple pour les mineures d’avoir accès à la contraception : les moyens de contraception sont gratuits, et les lieux de prescription sont nombreux.
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Le planning familial ouvert depuis 1990 en Polynésie permet aux jeunes de venir de façon discrète. C’est encore le lieu privilégié des premières consultations. Nul besoin d’être accompagnée des parents, les mineures peuvent faire une première demande entièrement gratuite. Les plus jeunes à se rendre au centre de la mère et de l’enfant ont entre 15 et 16 ans. « D’abord, on les rassure : on dit à ces mineures que les consultations restent confidentielles, même s’il reste préférable d’en informer les parents. Nous leur délivrons gratuitement des contraceptifs » explique le docteur Sabrina Chanteau, médecin de la direction de la Santé au centre de consultations spécialisées en protection maternelle et infantile.
> Une prise en charge à 100%
Préservatifs, pilules, implants cutanés ou encore stérilets, les méthodes de contraception sont nombreuses et prisent en charge à 100 % par la CPS depuis 1997 au fenua. À l’entrée du Centre de la mère et de l’enfant, un stand d’information sur la contraception permet d’y voir plus clair :
« Ma fille a 14 ans et elle peut découvrir des choses que moi je ne savais pas à son âge. Les parents étaient plus renfermés que nous maintenant parents aujourd’hui » confie Mylène.
« C’est important que l’on soit informés, pour éviter de tomber enceinte trop jeune » rajoute sa fille.
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Si aujourd’hui les jeunes sont de mieux en mieux informés, certaines données interpellent. Selon la direction de la Santé : 55% des grossesses suivies dans les structures publiques sont des grossesses non planifiées, 52,5% des femmes demandant une interruption volontaire de grossesse (IVG) déclarent ne pas utiliser correctement la contraction ou faire des oublis et 3,1% de mineures sont enceintes : « L’information n’est pas diffusée comme il faut. Beaucoup de parents n’ont pas la possibilité de parler à leurs enfants, parce qu’ils n’ont pas eux-mêmes reçu cette information-là et ne sont pas donc capables de la transmettre. Il faudrait leur expliquer quoi faire en cas de grossesse. Une IVG ? Cela reste toujours un traumatisme psychologique. Garder l’enfant ? Cela change totalement une vie » explique le docteur Nédim Al Wardi, gynécologue-obstétricien.
Doute, retard de règles, c’est souvent à l’infirmière du lycée que les élèves confient leurs craintes. Au lycée hôtelier de Punaauia qui compte 613 élèves, il y a eu 13 élèves enceintes l’an dernier, dont très peu ont choisi le recours à l’IVG : « On les informe, on les sensibilise sur les différents moyens de contraception accessibles au territoire. Les infirmeries scolaires sont des lieux où il n’y a pas de jugement. Les élèves peuvent parler librement et elles ont donc confiance » témoigne Sandrine Theron, infirmière.
« La contraception, choisis celle qui te va bien », tel était le slogan de cette journée mondiale de la contraception. Pour toucher un plus large public en Polynésie, le pays modernise son système de prévention :
« Les messages diffusés par la direction de la Santé se sont modernisés, ils deviennent visuels, audiovisuels… Alors qu’avant on se contentait d’affiches. Nous espérons que les messages seront de meilleure qualité à l’avenir » déclare Jacques Raynal, ministre de la Santé en Polynésie.
D’ici 2019, un fond de prévention de 135 millions de Fcfp doit permettre de développer de meilleures actions de prévention en Polynésie. Une grossesse non désirée, une interruption, sont préjudiciables à l’entrée dans la vie adulte.
Reportage Sophie Guébel