Bis repetita pour l’ex maire de Mahina, Emile Vernaudon, et deux de ses proches : Joinville Pomare et Gilles Tefaatau. Ce jeudi matin, l’avocat général de la cour d’appel a réclamé la confirmation des peines prononcées en mai 2017. À savoir quatre mois de prison avec sursis, cinq millions de Fcfp d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Gilles Tefaatau, qui doit également rembourser 3,1 millions de Fcfp à la commune. Six mois de prison, cinq millions de Fcfp d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Joinville Pomare qui devra verser solidairement avec Emile Vernaudon 27 millions de Fcfp à la commune. Et
un an de prison, cinq millions de Fcfp d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Emile Vernaudon, mais aussi le remboursement solidaire de 65 millions de Fcfp, soit le montant des subventions publiques présumées détournées.
Des peines inacceptables pour l’ancien député et président du Ai’a Api. Comme en première instance, il a pointé du doigt les services de l’Etat qui, selon lui, n’ont rien trouvé à redire à l’époque sur le financement de la radio : « Cela a été autorisé par l’état. Je n’ai pas été à l’encontre de l’avis de l’Etat. Qu’ils poursuivent l’association, c’est leur problème. À mon époque, cela marchait Radio Bleue. Personne ne peut le contredire ».
Emile Vernaudon et Joinville Pomare ont longuement insisté sur le contexte politique de l’époque.
« Pour dégommer monsieur Flosse, il nous fallait beaucoup d’argent. L’Etat ne nous a pas donné les moyens pour que nous puissions faire autrement », a lancé le descendant de la famille royale, rémunéré 27 millions de Fcfp en cinq ans par Radio Bleue. Un argument repris par les avocats de la défense qui ont demandé la relaxe.
« À l’époque, il y avait un combat légitime. On peut discuter sur la légalité de l’action, mais pas sur la légitimité. Et finalement, l’action menée par Pomare a abouti. Voilà une belle fin » a déclaré maître James Lau, l’avocat de Joinville Pomare.
Une ligne de défense qui ne passe pas auprès de la partie adverse. « C’est un argumentaire éculé. On l’entend depuis le début de l’instruction dans ce dossier. Cela fait plusieurs années désormais. Il y a cet espèce d’habillage politique qui consiste aujourd’hui à se réfugier derrière la lutte politique pour maquiller en réalité des agissements qui étaient purement et simplement frauduleux » explique maître Myriam Toudji, l’avocate de la commune de Mahina. Car pour la mairie, Radio Bleue servait uniquement les intérêts d’un seul homme : Emile Vernaudon. « L’ensemble des co-prévenus de monsieur Vernaudon -qui est le seul à le contester-reconnaissent qu’il s’agissait d’un outil puissant de propagande » poursuit l’avocate.
La cour d’appel rendra sa décision le 21 février. En conclusion de ses réquisitions, l’avocat général a tenu à rappeler l’impartialité de la justice. « Vous avez eu radio Maohi, aujourd’hui c’est radio Bleue et bientôt ce sera radio Tefana », a lâché le magistrat en référence à ces trois stations aux accents politiques.
Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore