Perliculture : la CTC recommande un « plan de lutte contre le travail dissimulé »

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C'est cette fois la politique de la Polynésie concernant les ressources marines que la Chambre territoriale des comptes a analysée.

Publié le 16/03/2022 à 11:20 - Mise à jour le 16/03/2022 à 11:32

C'est cette fois la politique de la Polynésie concernant les ressources marines que la Chambre territoriale des comptes a analysée.

La Chambre s’est penchée sur les exercices 2015 et suivants et plus particulièrement sur le secteur de la perliculture.

La CTC note que « la perliculture voit son poids décliner progressivement dans les exportations locales de 2015 à 2020 » et que « la filière pâtit encore de l’absence d’orientation stratégique, d’une professionnalisation insuffisante des exploitants et d’une exposition importante à ses deux marchés historiques (Hong-Kong et le Japon). »

Une réforme du secteur de la perliculture a eu lieu en 2017. Mais la CTC estime qu’elle a été « insuffisamment préparée et
accompagnée, malgré des points dimensionnants pourtant identifiés dès 2016 par les deux institutions saisies pour avis obligatoires ».

Le soutien financier à la filière perlicole, de 2015 à 2019, a représenté en moyenne annuelle entre 333 millions de Fcfp et 436 millions de Fcfp. « Le faible poids budgétaire de cette politique publique (moins de 0,5% du budget global) est accentué par les
difficultés de la direction des Ressources Marines (DRM) à mobiliser l’ensemble des crédits de fonctionnement (taux d’exécution de 78% en moyenne) et d’investissement (taux d’exécution de 37% en moyenne) » note le rapport de la CTC.


Concernant les emplois dans le secteur, « alors que la profession s’accorde désormais sur la nécessité d’employer 3 salariés pour
1 greffeur, les récentes statistiques de la DRM8 indiquent que 55% des exploitations de moins de 10 Ha et 25% de celles comprises entre 10 et 25 Ha déclarent moins de 2 salariés ; 46% des exploitations comprises entre 25 et 50 Ha et 16% de celles de plus de 50 Ha déclarent moins de 5 salariés.

Devant l’érosion continue des emplois, pour atteindre désormais moins de 450 salariés en 2020, alors même qu’un chiffre de 3 000 emplois est souvent avancé pour le secteur, la Chambre souligne l’ampleur du travail dissimulé au sein de la filière dont il n’est pas possible en l’état d’en mesurer les effets économiques et sociaux.

Si la perle a créé indéniablement de la richesse à l’exportation, elle n’en a pas généré autant en interne avec des emplois non déclarés qui ont précarisé non seulement les travailleurs en ne leur offrant ni contrat de travail, ni protection sociale sauf inscription au Régime de Solidarité (RSPF), et ont contribué au déséquilibre de la CPS en limitant les recettes en matière de cotisations sociales et en accentuant les dépenses, notamment du RSPF », estime la Chambre.

« La solidarité familiale expliquant en partie une relation de travail plus ou moins formalisée au sein des fermes, elle ne saurait justifier pour autant le travail dissimulé. Cette situation de fait étant désormais assumée par la collectivité (cf. déclarations récentes du Président et Vice-président dans la presse en décembre 2020) et dénoncée par une partie des perliculteurs, la Chambre recommande de mettre en place dès à présent un plan de lutte contre le travail dissimulé dans la perliculture. »


Par ailleurs, sur l’aspect environnemental, la Chambre estime que « face à l’impact environnemental de l’exploitation perlicole, la collectivité qui a tardé à
s’emparer de ce sujet, ne peut plus se contenter des seules actions préventives prises jusqu’à présent pour préserver les lagons (notamment le régime de quotas, autorisations de transfert des nacres). Des actions curatives sont désormais indispensables pour nettoyer le lagon et pérenniser une gestion des déchets à long terme impliquant les perliculteurs. »

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