Ludwig Tofili : le retour aux racines océaniennes d’un expert en cybersécurité

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Vous avez peut-être déjà vu quelques-unes de ses vidéos de prévention en cybersécurité. Arrivé l'année dernière au fenua Ludwig Tofili, a renoué avec ses racines océaniennes. Cet expert en cybersécurité a désormais bien l'intention de rester sur le territoire et d'œuvrer pour les entreprises locales. Portrait :

Publié le 07/06/2025 à 13:41 - Mise à jour le 07/06/2025 à 14:11

Vous avez peut-être déjà vu quelques-unes de ses vidéos de prévention en cybersécurité. Arrivé l'année dernière au fenua Ludwig Tofili, a renoué avec ses racines océaniennes. Cet expert en cybersécurité a désormais bien l'intention de rester sur le territoire et d'œuvrer pour les entreprises locales. Portrait :

Né d’une mère originaire de Nouvelle-Calédonie et d’un papa Wallisien et militaire, Ludwig Tofili a grandi dans l’Hexagone, entouré de aito du fenua. « J’ai grandi avec des Tahitiens, des Marquisiens, c’était tous des tontons de cœur. Je chantais du Tapuarii Laughlin », se souvient-il.

À défaut de voyages, il s’imprègne de cultures d’Océanie au travers de son entourage. « J’ai rencontré que des gens de chez moi, des cousins. Il y avait ce besoin d’appartenance (…) Je suis issu d’une famille modeste. Papa était militaire et maman était mère au foyer pour s’occuper de nous. On était trois garçons. Du coup, on n’avait pas forcément les moyens de faire des voyages plutôt longs. Mais ça faisait partie de mes objectifs de vie. C’est d’un jour revenir dans le Pacifique et écrire un bout de mon histoire. »

« J’ai grandi avec des Tahitiens, des Marquisiens, c’était tous des tontons de cœur.« 

C’est finalement l’année dernière que Ludwig reçoit une offre d’emploi pour intégrer une entreprise à Tahiti. « J’ai dû mettre à peu près trois heures à lui donner une réponse. Le temps d’en parler vite fait avec ma femme, le minimum », confie-t-il en riant.

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C’est un CV solide dans le domaine de la cybersécurité, qui a permis à Ludwig de venir s’installer au fenua. Plus jeune, il rêve de suivre des études supérieures dans le domaine de l’informatique. « Malheureusement, la situation de mes parents à l’époque n’a pas pu me permettre de faire mes études à Bordeaux dans l’école où j’avais été sélectionné. Mon père m’a dit ‘Par contre, tu peux faire l’armée qui, elle, va te former. Et au bout d’un certain temps, tu feras le parcours inversé. Tu l’obtiendras via des valorisations d’acquis, par expérience, toutes ces choses-là.’ C’est ce que j’ai fait. »

11 ans dans l’armée

Il s’engage alors comme sous-officier dans les télécommunications satellitaires. Durant 6 ans, il est déployé dans divers pays du monde. C’est une rencontre, avec celle qui est aujourd’hui son épouse, et surtout la naissance de sa fille, qui lui donnera envie d’une vie plus posée. « À l’issue de ces 6 ans, je me marie, je deviens papa. La plus belle chose de ma vie, je pense. Et pour me poser, (…), je suis muté sur une base d’école où je vais découvrir un nouveau métier, le métier de consultant informatique et d’administrateur système. (…) J’ai fait 4 ans dans ce domaine et je suis parti en reconversion. Il était temps que j’obtienne mes diplômes. Du coup, j’ai passé un titre professionnel qui m’a donné l’équivalent d’un bac plus 4 d’administrateur d’infrastructure sécurisée. C’est là que j’ai fait mes premiers pas dans une boîte privée. »

Ludwig poursuit sa formation. Il obtient une certification et devient architecte en cybersécurité et RSSI (Responsable sécurité des systèmes d’information, NDLR). Il est alors débauché par Avangarde Consulting, une entreprise du groupe Monaco Digital dans laquelle il occupe le poste de consultant en cybersécurité. Il manage les plus jeunes et s’occupe de clients importants. « J’ai bossé pour la Française des Jeux, pour BioMérieux, j’ai bossé pour des grosses entreprises françaises ».

Puis, TechnicAtome, une société spécialisée dans les réacteurs nucléaires lui offre le poste de RSSI. Seulement quelques mois après, il reçoit une proposition qu’il ne peut refuser : celle d’une entreprise de cybersécurité de Tahiti.

Ludwig débarque donc avec femme et enfant. Rapidement, il se sent au fenua comme chez lui. Il retrouve toute une branche de sa famille, installée à Papara depuis une trentaine d’années. « C’est un cousin germain de mon papa. Donc, j’ai pu retrouver des petits cousins, des cousines, des oncles, des tantes ».

Un jour, lors d’un tour à Moorea, il fait même la connaissance d’une autre branche de sa famille, tout à fait par hasard. « On entend ‘On a un cousin wallisien qui va vous danser un soamako’. Je pensais que des potes à moi me faisaient une blague. Moi, le soamako, il y a bien longtemps que je n’ai pas appris à le faire. Et quand je le fais, on me dit ‘Eh, c’est bien le cousin de France, lui’. Donc, je commençais à paniquer, la sueur froide. Et en fait, c’est un tonton, enfin un ancien, qui se met à danser le soamako. (…) On discute et il s’avère être mon oncle, que je ne connaissais pas, Emmanuel, qui est en fait aussi l’oncle d’Edouard Malakai. Donc, j’ai retrouvé Edouard Malakai, qui est un cousin du côté de ma grand-mère. »

Côté professionnel, c’est d’abord l’étonnement pour Ludwig à son arrivée à Tahiti. « Ça a été un peu un choc d’un point de vue sécurité informatique. Je ne parle pas forcément des grands comptes. (…) Dans l’Hexagone, aujourd’hui, on retrouve très peu de très petites entreprises ou moyennes entreprises qui n’ont plus d’antivirus sur leur machine, que les machines ne sont pas à jour. Aujourd’hui, je dirais qu’il y a entre 6 et 10 ans de retard ».
Ce qui l’anime, c’est le partage. En plus de son travail, il décide donc de sensibiliser sur les réseaux. Il crée de petites vidéos et distille un peu de ses connaissances en cybersécurité.

Un nouveau défi professionnel

Aujourd’hui, 9 mois après son installation, Ludwig va relever un autre défi professionnel. Il s’apprête à prendre la tête d’une nouvelle entité du groupe Malmezac. Cette société baptisée SATLIT aura pour but de créer un « groupement de confiance » des professionnels du numérique au fenua. Il s’agira d’une direction des systèmes d’information (DSI) décentralisée. « Il y aura un questionnaire d’entrée. Il faudra montrer patte blanche ». Les entreprises recherchant des experts en cybersécurité, développement, ou tout autre domaine du numérique pourront se tourner vers cette entité qui les renverra vers des professionnels de confiance. Ludwig souhaite donner de la visibilité aux acteurs du numérique, et leur permettre de se maintenir à niveau dans leur domaine. « J’ai prévu de faire des séminaires pour, par exemple, la partie cyber. (…) Il y a des entreprises qui sont petites et qui manquent un peu de légitimité et qui n’arrivent pas à se faire connaître alors qu’ils ont l’expertise. Par contre, il y en a d’autres qui ont été très bons à l’époque, qui aujourd’hui ne le sont plus du tout parce qu’ils ne se sont pas mis à la page (…) On manque de gens qui se mettent à jour, qui continuent de faire de la veille opérationnelle, technique, pour pouvoir rester au bout du jour. »

Une nouvelle aventure pour ce Wallisien et Tahitien d’adoption qui compte bien œuvrer pour les entreprises du fenua.

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