C’est un événement qui se produit une seule fois par an, entre la fin du mois de juin et le milieu du mois de juillet : la reproduction des mérous. A Fakarava, les plongeurs se donnent rendez-vous pour assister à ce moment exceptionnel. Cette année, la reproduction a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi. « Les Tuamotu constituent un des sites majeurs de ponte de cette espèce là. Et sur les agrégations de cette espèce là, on peut considérer que Fakarava est quasiment l’endroit idéal au niveau de la planète », explique Marc Taquet, directeur de l’IRD.
La ponte des femelles mérous a débuté lundi matin. Un phénomène qui regroupe des milliers de poissons. « Un mois avant la pleine lune de juin ou de juillet, ça dépend des années, toutes les loches marbrées (mérous, NDLR) viennent du lagon. Elles se rassemblent dans les passes des Tuamotu, généralement surtout dans la passe sud de Fakarava. Et le jour de la pleine lune, c’est vraiment un moment précis : juste quelques heures, elles se reproduisent. Comment ça a lieu ? Les femelles montent à la verticale, elles expulsent leurs oeufs, les mâles fécondent ses oeufs. Et là c’est le buffet, festin : les fusiliers mangent des oeufs et les requins mangent les loches qui sont épuisées. Et les oeufs, par le courant, sont envoyés au large, ce qui permet la survie des loches », détaille Ariane Medina, propriétaire de Dive Spirit Fakarava. Durant ces rassemblement, des milliers d’oeufs sont produits. Mais seule une petite partie atteindra l’âge adulte. Les mérous peuvent vivre jusqu’à 50 ans…
La Polynésie est l’un des derniers lieux sur la planète à abriter des lieux de reproduction des mérous.
« Pour le moment en Polynésie il y a encore plusieurs sites. On parle de Fakarava mais il y a d’autres sites un peu moins connus. Par exemple Ahe », souligne Marc Taquet. Mais les mérous pourraient être menacés
: « quand on voit ces images, on se dit qu’il y a des milliers de mérous et qu’on peut les pêcher. c’est une grosse erreur. Le problème c’est que les agrégations de pontes sont efficaces parce qu’il y a un certain nombre d’individus qui se rassemblent. Mais si d’année en année les regroupements sont moins importants, à un moment donné, ça va passer sous un seuil et les mérous ne feront plus l’effort de venir s’agréger. Et là c’est carrément un site de ponte qui disparait avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la reproduction de l’espèce dans la zone », prévient le directeur de l’IRD.
Les chercheurs tentent de recenser les poissons avec des marqueurs électroniques, et de comprendre s’ils pondent à marée entrante ou sortante, pour peupler le lagon ou le large.
Rédaction Web avec Laure Philiber
Marc Taquet, directeur de l’IRD
Ariane Medina, propriétaire de Dive Spirit Fakarava