Dans une vidéo diffusée la veille du second tour des élections territoriales, le candidat Moetai Brotherson annonçait son intention de réduire les indemnités des élus et des membres de son gouvernement. Une baisse évaluée à 10%. Du côté de l’exécutif, de quelles sommes parle-t-on exactement ?
Selon la loi organique, chaque membre du gouvernement perçoit une indemnité égale à 684points d’indice, soit 725 040 francs bruts. Un revenu auquel s’ajoute une indemnité forfaitaire annuelle de représentation de 2,7 millions pour les ministres, de 3 millions pour le Vice-président et, enfin, de 3,6 millions pour le président.
Ainsi, les salaires des ministres peuvent atteindre 950 000 francs, celui du vice-président, 975 000 francs et celui du président plus d’1 million de francs. Si cette baisse de 10% est effectivement appliquée par le gouvernement, ce dernier pourrait faire une économie de plus de 10 millions de francs par an.
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Du côté des membres des cabinets, l’exécutif bénéficie d’un budget annuel confortable.
« Le budget total qui peut être alloué aux membres des cabinets est de 3% sur l’enveloppe globale des agents publics de la Polynésie française. Si l’on suit la Chambre territoriale des comptes, cela fait, ces dernières années, environ 1 milliard de francs pour les agents de cabinets », souligne Raimana Lallemant, docteur en droit public qui précise que « 150 agents maximum » les composent mais qu’en « moyenne, il y en a entre 50 et 100 ».
110 millions de francs annuels d’économie
Toujours sur cette base de 10% de diminution des revenus des membres de cabinets, le Pays pourrait réaliser une économie d’environ 100 millions de francs par an.
Au total, l’économie pourrait donc être d’environ 110 millions de francs annuels. Cette décision devra cependant être actée en conseil des ministres.
Mais à leurs prises de fonctions en mai, les nouveaux ministres ont mis du temps à constituer l’ensemble de leurs cabinets. La raison ? Des offres de salaire trop basses sur certains postes traditionnellement mieux rémunérés que ceux des ministres eux-mêmes, comme les directeurs de cabinet, par exemple.
Selon le gouvernement, ces rémunérations demeurent pourtant suffisamment attractives. Et la mise en application de cette mesure est une promesse électorale.
« Une demande répétée »
« C’est une demande qui est revenue de manière répétée durant la campagne : faire baisser le train de vie du gouvernement. C’est quelque chose qui est sur le point de se finaliser et qu’on a bien en tête », indique Tehaurii Taimana, le directeur de cabinet adjoint du président Brotherson.
Dès le 1er août, Edouard Fritch avait interpellé la vice-présidente sur ce sujet. « Nous n’avons vu aucune baisse dans le collectif. Mais bien une hausse de plus de 90 millions (…) dont 24,8 millions de francs uniquement pour la rémunération de vos personnels de cabinets », avait déclaré à l’époque le président du Tapura.
Une rallonge budgétaire que la vice-présidente, Eliane Tevahitua, n’a pas pris la peine de défendre. « Je trouve que vous manquez d’élégance, monsieur l’ex-président déchu », lui avait-elle sèchement répondu.
A deux jours du bilan des 100 jours du gouvernement, nul doute que le président Moetai Brotherson sera attendu sur cette question par ses électeurs mais aussi, et surtout, par l’opposition.