Depuis le 21 juin, ni repas, ni maraude, ni vêtements ne sont distribués à la cathédrale de Papeete. Si plusieurs personnes sans domicile fixe et d’autres en grande précarité en bénéficiaient, le centre d’accueil Te Vai Ete a fermé ses portes suite à la décision du Père Christophe. En cause, le comportement agressif d’une des personnes installée près du centre.
C’est la première fois qu’il ferme aussi longtemps et que la distribution des repas est suspendue. Dans cette logistique d’aide aux sans-abris, Père Christophe a instauré des règles connues de tous. Selon l’homme d’Eglise, cette fermeture n’est pas une sanction contre les sans-abris mais bien une question de sécurité pour les bénévoles de la paroisse et les gens qui s’y rendent. Père Christophe ne tolère cependant pas les menaces envers les paroissiens, et les autres bénévoles : « On est dans une violence qui n’est plus à mon égard. C’est une violence à l’égard des paroissiens, de mes secrétaires. S’il n’y a plus rien qui peut se faire, on dit stop et on attend que ça se passe. […] Je me suis déjà fait insulter, ça fait partie de la relation, on est face à des personnes qui ont un parcours chaotique. Qu’il y ait des conflits jusqu’à ce qu’on retrouve un certain équilibre, ça se conçoit. Mais je ne peux pas prendre le risque et la responsabilité que d’autres personnes que moi soient victime de la violence ».
« Je ne peux pas prendre le risque que d’autres personnes que moi soient victimes de la violence »
Père Christophe
Interviewée, la personne mise en cause donne sa version des faits et mesure les conséquences du conflit entre elle et Père Christophe. Outre les insultes, elle accuse le centre de distribuer de la nourriture « parfois pourrie », mais elle ne nie pas le travail effectué par le Père Christophe notamment auprès des sans-abris. Elle regrette la situation. « C’est bête, parce que c’est tout le monde qui est puni. […] Avant je bénéficiais des déjeuners du centre mais ça fait trois mois que je n’y vais plus, je suis chassée parce que je mendie. Père Christophe n’aime pas la charité, alors que le charriot avec du ma’a dans son église c’est aussi de la charité, comme les pièces dans mon verre ».
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Un point de vue différent pour les habitués du centre. À quelques mètres de l’autre coté de la cathédrale, l’un d’eux déclare être témoin du comportement agressif décrit par le Père Christophe : « Je viens souvent à l’église, elle est agressive envers les parents, les paroissiens, et les autres personnes qui vivent dans la rue. On n’ose pas s’approcher d’elle. Ce n’est pas le couple, c’est juste elle le problème. »
Certains craignent que la situation s’envenime au fil du temps. Une autre personne s’inquiète pour les plus démunis, parfois âgés et pour qui les dons du centre sont d’une importance cruciale à très court terme : « Ça ne me préoccupe pas pour moi, je peux trouver un petit casse-croûte, un café. Mais les pauvres vieux qui n’ont rien, elle ne pense pas à eux. Elle comprend bien quand père Christophe pénalise tout le monde« .
En effet, avec cette fermeture à durée indéterminée, des centaines de repas ne sont plus distribués quotidiennement. Les dons adressés habituellement au centre sont redistribués aux autres foyers d’accueil. Le Père Christophe, amer, en profite pour rappeler qu’il n’est pas un professionnel du social : « La balle n’est pas dans mon camp, je ne négocierai pas […] À ma connaissance, le Pays a une association très officielle, Te torea, avec un lieu. Ils sont des professionnels, je ne le suis pas, on me l’a rappelé avec force. C’est à eux de prendre ces personnes en charge. »