Fallone, entre cancer et résilience

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Le mois d'octobre rose marque le début de la campagne annuelle de sensibilisation au dépistage du cancer du sein. Si certaines hésitent encore à franchir le pas, Fallone Perry veut inciter les femmes, notamment les jeunes, à se faire dépister. Diagnostiquée à seulement 29 ans, elle revient sur son parcours d'Amazone avec une spontanéité touchante et partage avec résilience une belle leçon de vie...

Publié le 03/10/2021 à 16:00 - Mise à jour le 04/10/2021 à 14:15

Le mois d'octobre rose marque le début de la campagne annuelle de sensibilisation au dépistage du cancer du sein. Si certaines hésitent encore à franchir le pas, Fallone Perry veut inciter les femmes, notamment les jeunes, à se faire dépister. Diagnostiquée à seulement 29 ans, elle revient sur son parcours d'Amazone avec une spontanéité touchante et partage avec résilience une belle leçon de vie...

En décembre 2015, à seulement 29 ans, Fallone Perry se fait diagnostiquer un cancer du sein. « Ca a été d’abord une série d’examen pour la confirmation de la présence du cancer puis dès février de l’année suivante, j’ai subi une mastectomie ». Après l’opération, la jeune femme est placée sous surveillance même si ses précédentes analyses ne dévoilent pas de cellules infiltrantes. Mais pendant ses soins, trois grosseurs apparaissent au niveau de sa poitrine. La série d’examen qui suit confirme la présence de cellules tumorales.

Tout se suit : les chimiothérapies, radiothérapies et hormonothérapies s’enchaînent. Fallone fait une rechute et les traitements se poursuivent, parfois changent. Pourtant, elle reste calme, presque sereine. Car le cancer a déjà touché plusieurs membres de sa famille et la Polynésienne est préparée psychologiquement. Elle admet cependant avoir été choquée lorsque ses cheveux ont commencé à tomber : « de passer d’une personne qui a de longs cheveux, qui a tout ce qu’il faut, et devenir l’opposé de ce que tu étais, c’est vrai que ça fait un choc. Il faut que tu t’acceptes de te voir ainsi, chose qui a été très difficile pour moi. Je ne me reconnaissais même plus, je ne me regardais pas dans le miroir ».

« La beauté, c’est quelque chose qui se trouve à l’intérieur. Je m’aime et j’aime qui je suis devenue physiquement malgré la maladie« 

– Fallone Perry, amazone

Dans ces moments de doute, Fallone peut compter sur l’amour inconditionnel de ses proches qui la soutiennent et lui remontent le moral : « j’avais une famille très soudée, alors c’était eux qui me disaient toujours : « ce ne sont pas tes cheveux, ce ne sont pas tes poils qui font ta beauté, tu restes toujours belle ». Fille de coprahculteur, Fallone vient d’une fratrie de 9 enfants. Sa grande sœur et ses 7 frères la poussent à affronter le regard des gens : « tu n’as pas à fuir, l’essentiel c’est que tu t’acceptes toi, telle que tu es » lui répète sa famille. « La beauté, c’est quelque chose qui se trouve à l’intérieur. Je m’aime et j’aime qui je suis devenue physiquement malgré la maladie ».

Le cancer, un « compagnon de route »… à vie

« Jusqu’à aujourd’hui, je suis toujours en chimio. […] Les médecins m’ont dit que ça sera à vie parce que vu le stade de la maladie, c’est un stade métastatique, alors pour eux, c’est un traitement à vie qui m’aidera juste à stabiliser l’évolution de la maladie. […] A raison d’une fois toutes les trois semaines, je vais en oncologie pour faire ma chimio et en parallèle, on a toujours un examen de contrôle pour voir si la maladie est stable », explique Fallone, un immense sourire aux lèvres.

Car si la situation peut paraître fatidique pour certains, elle n’est que factuelle pour cette battante. Aujourd’hui âgée de 35 ans, la paumotu croque la vie à pleines dents avec une positivité contagieuse : « si tu commences déjà à avoir cet esprit de négativité, ça va te pousser vers le bas. Il faut se charger de pensées positives pour tenir bon. C’est un long chemin qui est pavé de beaucoup de choses : de difficultés, de baisse de moral, des effets secondaires de la chimio… ».

« Je ne veux pas que ma maladie soit le centre de conduite de ma vie« 

Fallon Perry, amazone

Sa chimiothérapie régulière, Fallone la vit « comme une visite de routine ». Agent de bureau pour la commune de Hikueru, elle a été affecté à Tahiti afin d’assurer son suivi médical. Pour autant, elle ne laisse pas son cancer prendre le pas sur son quotidien : « je ne veux pas non plus que ma maladie soit le centre de conduite de ma vie. Depuis que j’ai été diagnostiquée cancéreuse, je me suis dit : « toi, ce n’est pas toi qui va décider de ma vie. C’est moi qui décide. Toi, tu seras juste mon compagnon, mon voisin de route mais tu ne décideras rien. Je ferai comme moi je le souhaite » ».

Un exemple de résilience

Sans certitude du lendemain, Fallone vit au jour le jour comme une personne lambda, à quelques détails près. Elle va même jusqu’à éprouver une certaine reconnaissance pour son parcours : « je me découvre un autre côté de moi : c’est la simplicité, prendre les choses comme elles viennent. Les petits détails insignifiants de la vie, je ne m’attarde plus dessus ».

« Je prends ça comme un cadeau« .

Fallone Perry, amazone

« Je pense que la maladie en elle-même aussi m’a forgée à être encore plus combative dans la vie. […] Je prends ça comme un cadeau. Ca va être paradoxal pour certains. C’est vrai, c’est dur, je le conçois. C’est un parcours du combattant on va dire. Mais au-delà, il y a quand même du bon. Il y a toujours du positif dans quelque chose de désagréable. Si je n’avais pas attrapé le cancer, jamais je n’aurais pu rencontrer de belles personnes. Ces personnes-là sont quand même devenues une deuxième famille pour moi ».

L’importance de se faire dépister tôt

Réaliste, Fallone sait qu’elle aurait pu succomber de son cancer s’il n’avait pas été dépisté aussi tôt. Si le cancer du sein semble plutôt toucher les femmes âgées de 50 ans et plus, l’amazone veut pousser les jeunes de son âge à faire leur radio titi pour mieux prévenir.

« N’hésitez pas, n’hésitez plus. La médecine a plus ou moins évoluer en matière de traitement du cancer du sein. Il faut dire aussi que plus vite tu es diagnostiquée, plus vite tu as des chances de guérir. Je dirais à toutes ses femmes qui ont la crainte de se faire dépister : « n’ayez pas peur. Vous n’avez rien à perdre d’aller faire votre radio titi. Au contraire, ça ne peut qu’être bénéfique pour vous, d’anticiper en allant vous faire dépister ».

Plus de renseignements sur le dépistage du cancer du sein en cliquant ICI, par téléphone au
40 47 35 00 ou par mail sur [email protected]

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