De contrôleur de gestion… à fabricant de farine de uru

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De la farine de uru made in fenua et fabriquée avec une méthode "low tech" qui permet de faire travailler les îles. C'est l'idée d'Antoine Raimana Morand. Passionné, c'est la crise qui l'a poussé à se lancer dans cette entreprise...

Publié le 04/04/2022 à 11:30 - Mise à jour le 04/04/2022 à 17:29

De la farine de uru made in fenua et fabriquée avec une méthode "low tech" qui permet de faire travailler les îles. C'est l'idée d'Antoine Raimana Morand. Passionné, c'est la crise qui l'a poussé à se lancer dans cette entreprise...

Après 10 années à travailler comme contrôleur de gestion, Antoine Raimana Morand a complètement changé de métier. « Mon dernier poste c’était chez ATN et quand il y a eu le plan de départs volontaires, je me suis dit que c’était le bon moment. Ça correspondait à la période où il y avait l’appel à projets de Prism. C’est comme ça que j’ai quitté ATN et que je me suis lancé.« 

Membre de l’association Bounty Tahiti, il s’intéresse depuis longtemps à l’histoire du navire, et au uru, le fruit de l’arbre à pain. L’idée de fabriquer une farine locale germe dans son esprit. C’est avec ce projet qu’il intègre la 5e promotion de l’incubateur de start-ups polynésiennes, Prism.

Aujourd’hui, Antoine est à la tête de Island’s Bounty. Sa petite entreprise produit de la farine de uru. La particularité ? Elle est réalisée à partir de uru séché au soleil.

« Ce que je propose à travers mon projet, c’est une méthode un peu différente de celles utilisées pour les farines de uru qu’on trouve sur le marché. Ma farine est réalisée à partir de produits semi-transformés en l’occurrence du uru qui est séché directement sur le lieu de production, directement par les producteurs. (…) L’avantage c’est que je peux travailler avec les îles. Le uru a une durée de vie, une fois qu’il est cueilli, de deux ou trois jours. Si on ne l’a pas transformé dans les deux ou trois jours, il commence à s’abimer donc c’est compliqué de travailler avec les îles éloignées, en l’occurrence les Marquises.« 

Les Marquises où Antoine s’est installé depuis environ 6 mois. En fin d’année dernière, il produisait ses premiers kilos de farine. Le projet du Polynésien fait partie des lauréats du concours French tech Tremplin pour la Polynésie. Un prix qui va lui permettre de créer un laboratoire de transformation, à Tahiti. « Moi je suis à Nuku Hiva depuis 6 mois mais le projet de laboratoire de transformation se situera sur Tahiti. Ça va nous permettre de faire venir le uru sec de tous les archipels et de centraliser uniquement la mouture sur Tahiti parce qu’il faut quand même un moulin, il faut une grosse machine pour avoir de la farine de qualité.« 

Antoine ne compte pas s’en tenir à la simple production de farine. Il a décidé de s’associer à une boulangère pâtissière… « Je l’ai connue en lui vendant un peu de farine de uru. Elle, elle a commencé à travailler le produit. Ça lui a plu. Et en fait je me suis dit que pour stimuler le marché, il fallait non pas proposer uniquement de la farine de uru, mais aussi des produits transformés à partir de cette farine. Les gens ont l’habitude de consommer le uru. Par contre la farine, c’est un peu particulier. Il n’y a pas de gluten donc il va y avoir une utilisation un peu différente de la farine de blé par exemple. Nous, ce dont on s’est rendus compte, c’est qu’il y a certaines personnes qui achetaient 1kg de farine de uru et 6 mois plus tard, elles nous disaient « elle est toujours dans mon placard parce que je ne sais pas quoi faire avec ». Il y a des recettes assez simple : des crêpes, des sablés, ce genre de choses. Mais je pense qu’il y a énormément d’autres applications à cette farine là. »

La farine de uru, un produit made in fenua qui a de nombreux avantages. « Un arbre peu produire 200 uru par an. Il y a une petite et une grande saison. Mis à part manger du uru tous les jours, tu n’exploiteras jamais la totalité de ta production sur ton arbre. En revanche, si tu fais sécher et que tu fais de la farine avec, ça se conserve très bien et tu peux consommer des produits à base de uru toute l’année. »

Cette farine est aussi un atout santé. Elle est « sans gluten. C’est particulièrement intéressant pour les gens qui sont intolérants ou allergiques au gluten. C’est aussi une farine riche en fibres donc au niveau de l’alimentation, notamment pour les gens qui ont du diabète de type 2, c’est intéressant aussi d’autant plus qu’elle a un indice glycémique faible. (…) La farine de uru a une grande valeur nutritionnelle et elle est également 100% locale. »

Avec le concours French tech Tremplin, il remporte également un an d’accompagnement supplémentaire chez Prism. De quoi donner un coup de boost à son activité.

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