Carnets rouges : la CPS réduit la voilure

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C’est un sujet d’inquiétude pour les personnes en longue maladie. Les « carnets rouges » pourraient ne plus être systématiquement renouvelés par la CPS. Ce régime concerne plus de 10 000 personnes au Fenua. Mais depuis un an, beaucoup peinent à obtenir la prolongation de leur prise en charge à 100%. Les médecins libéraux s’en alarment. La CPS, elle, dit faire preuve de plus de rigueur par souci d’efficience des soins.

Publié le 05/02/2023 à 16:51 - Mise à jour le 14/02/2023 à 10:12

C’est un sujet d’inquiétude pour les personnes en longue maladie. Les « carnets rouges » pourraient ne plus être systématiquement renouvelés par la CPS. Ce régime concerne plus de 10 000 personnes au Fenua. Mais depuis un an, beaucoup peinent à obtenir la prolongation de leur prise en charge à 100%. Les médecins libéraux s’en alarment. La CPS, elle, dit faire preuve de plus de rigueur par souci d’efficience des soins.

Ils sont près de 13 000, soit plus de 17% de la population, à faire partie du régime des longues maladies en Polynésie. On les appelle les « carnets rouges ». Ces personnes bénéficient d’une prise en charge à 100% de leurs soins médicaux. Mais depuis un an, le renouvellement de ces « carnets rouges » n’est plus systématique. Résultat : certains patients décident de suspendre leur traitement. Les médecins libéraux tirent la sonnette d’alarme.

« On a des patients qui, compte tenu de la non prise en charge à 100 % des médicaments, parfois onéreux, en particulier pour le diabète ou l’hypertension, (…) n’ont plus les moyens de se prendre en charge. On ne les voit plus depuis quelques mois », s’inquiète le président du Syndicat des médecins libéraux, le docteur Didier Bondoux.  Celui-ci déplore le « changement dans l’octroi les longues maladies » et le grand nombre de « refus, parfois justifiés, parfois moins justifiés ». « Il y a forcément eu un tour de vis donné pour des raisons économiques, sachant le poids que cela représente au niveau du budget de la CPS », ajoute celui-ci.

Un coût de 42 milliards Fcfp par an

La question se pose car le coût des longues maladies pour la Polynésie s’élève à 42 milliards Fcfp par an. Et les demandes de « carnets rouges » augmentent. Mais le CPS se défend de regarder le sujet sous le prisme économique. Elle invoque un souci d’efficience.

« Nous avons décidé d’harmoniser les choses en accord, d’ailleurs, avec le Syndicat des médecins libéraux (…) Ils trouvaient qu’au niveau des longues maladies, on n’avait pas forcément un traitement uniforme. Depuis, nous avons retravaillé, d’abord en interne, puis en externe avec eux, sur ces fameux critères », souligne Tuterai Tumahai, médecin conseil à la CPS. Et celui-ci de poursuivre : « c’est vrai, qu’avant, on était moins uniformes sur les demandes que l’on faisait au niveau des protocoles de soins, notamment pour ce qui concerne les comptes rendus médicaux, les résultats d’examens. Depuis un an, on a demandé à les avoir dans les dossiers ».

« Il ne faut pas mélanger critères médicaux et critères sociaux » 

La CPS fait donc preuve de plus de rigueur dans la délivrance de ces carnets mais elle souhaite aussi une meilleure compréhension du système des longues maladies de la part de tous les acteurs concernés. Selon son directeur, le principe du carnet rouge ne doit pas être perçu comme une aide sociale.

« On sait que l’absence de couverture à 100% rend compliqué l’accès aux soins pour certains Polynésiens. C’est un sujet extrêmement important sur lequel il faut que l’on soit unis avec tous les acteurs, publics et privés, pour essayer de trouver des solutions », indique Vincent Fabre. Mais pour le directeur de la Caisse, « il ne faut pas mélanger les critères médicaux et les critères sociaux » : « quand il y a des difficultés sociales, et que les critères médicaux ne sont pas remplis, il faut qu’on trouve ensemble des solutions, et la CPS doit participer à cet effort. »

L’instauration d’un dispositif d’aides sociales serait en cours de réflexion. Un projet de loi devrait aussi être débattu prochainement pour mettre à jour la liste des longues maladies qui n’a pas été réévaluée depuis 2017.

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