Sortie de l’hôpital du Taaone après deux jours de prise en charge, Anouk Pilossian boîte, mais elle marche encore, s’appuyant de tout son poids sur des béquilles. Une chance souligne la jeune femme de 25 ans, victime d’une attaque de requin dimanche au large de la Fayette. Car lorsqu’elle se jette à l’eau avec son ami pour une session de kitesurf, elle ne se doute de rien. Et pendant qu’elle s’équipe, elle ressent tout à coup une présence étrange. « J’étais assise dans l’eau, je tenais ma barre et je commence à me lever, j’envoie ma voile et je sens un truc derrière moi. Je me dis au début que c’est le bateau ou mon pote qui me fait une blague ». Tout va alors très vite. « Juste après, je sens un truc qui s’accroche et je regarde, et là, je vois une grosse tête grise sur ma cuisse. Sauf que j’étais en train de me lever donc je l’ai vue hors de l’eau ».
« je sens un truc qui s’accroche et je regarde et là, je vois une grosse tête grise sur ma cuisse »
Anouk Pilossian
La force du vent dans sa voile l’entraîne alors quelques mètres plus loin. Une bonne chose pour la jeune femme qui pense ainsi avoir été éloignée à temps de l’animal. « Je ne sais plus trop, mais je crois que j’ai tapé dans l’eau, j’ai crié au secours. Du coup mon pote m’a récupérée. Je suis remontée sur le bateau et c’était fini ».
Ainsi à l’abri, Anouk réalise qu’elle a échappé au pire. « J’avoue que sur le moment, je me suis dit qu’il ne fallait pas qu’il me recroque parce que j’allais peut-être mourir. (…) J’ai eu beaucoup de chance. Ça a été au bon endroit. Il m’a pris qu’un petit bout de la cuisse. J’ai mes mains, mes pieds. Mes muscles vont bien ».
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Si elle s’en sort avec une blessure de 7 centimètres de profondeur et une quarantaine de points de suture, elle s’inquiète pour les usagers du sport de surf avoisinant. « Il y a énormément d’enfants qui vont à ce spot. Si ça avait été un petit enfant de 10 ans, il n’aurait plus de bras, plus de jambe (…) Je n’avais pas de poisson sur moi, je n’avais rien qui pouvait attirer un requin ».
Avec du recul, elle s’aperçoit qu’elle n’avait aucune idée du comportement à adopter. « J’ai essayé de taper dans l’eau pour qu’il ne revienne pas, mais je ne savais pas si c’était une bonne ou une mauvaise idée. Même si c’est assez rare, il faut quand même être au courant du risque même si on pense qu’il n’existe pas (…) C’est quelque chose qui fait partie de la mer. Je ne pense pas qu’il faut qu’on en ai tous systématiquement peur. Il faut qu’on sache que ça existe, que ça peut arriver. »