Un scrutin historique. Deux ans après le lancement des travaux, les députés ont largement adopté la proposition de loi sur l’aide à mourir, ce mardi, par 305 votes pour et 199 contre. Ils ont aussi approuvé à l’unanimité un texte sur les soins palliatifs.
Lire aussi – L’Assemblée nationale vote en faveur du « droit à l’aide à mourir »
Le gouvernement central étend les dispositions de ces deux textes à la Polynésie française. Dans les rangs des élus polynésiens, on accueille le sujet sensible avec une certaine prudence. « Je pense aussi que c’est un sujet de société où il faudra voir les religions, consulter le personnel médical, parce que ça demande aussi une formation, note la députée Nicole Sanquer. Est-ce qu’on est équipé pour, est-ce qu’on a le personnel adéquat ? Il faut consulter les familles polynésiennes. C’est un choix personnel si l’on veut continuer à vivre » , dit-elle.
Elle, comme Mereana Reid Arbelot, se sont abstenues. Et s’il était absent au moment du vote, Moerani Frebault affiche la même réserve. « Je pense que la population polynésienne, la société civile, les religions, les élus doivent être consultés au préalable, soutient-il. En métropole, depuis plusieurs mois maintenant, les Français sont consultés. On a eu plusieurs jours de débats à l’Assemblée nationale sur ce sujet et je pense qu’il ne serait pas du tout opportun qu’on étende le texte à la Polynésie sans qu’il y ait eu d’échange localement » .
– PUBLICITE –

Prudence également du côté du Tavini, qui s’interroge sur l’adaptation d’une telle loi en Polynésie. Ancien député, Steeve Chailloux a lui-même travaillé sur ce texte et milité pour ramener le débat à Tarahoi, avant le porter au Palais Bourbon. « Nous savons très bien que nous vivons dans une société où la foi, notamment chrétienne est très prégnante, c’est une de nos particularités polynésiennes, et ça nous ne pouvons pas l’occulter. En métropole, la prégnance des religions et de la foi n’est pas aussi forte que chez nous » , explique-t-il.
L’aide à mourir sera un droit, à condition d’être majeur, Français et d’être atteint d’une maladie incurable, comprendre une maladie qui engage aussi le pronostic vital et qui provoque des souffrances physiques ou psychologiques. Enfin, la décision devra être prise en toute conscience.
« Je pense que c’est un texte qui va dans le bon sens, c’est mon avis personnel, déclare pour sa part le président du Pays, Moetai Brotherson. Il encadre bien les choses. Ce n’est pas le Far West, ce n’est pas l’anarchie. C’est pour des pathologies bien précises, sans rémission possible, avec une personne qui est en capacité psychologique de décider pour elle-même (…). Dès lors qu’on parle de la fin de vie, c’est un débat sociétal. Ce qu’on peut regretter, c’est que ce débat se passe à Paris et qu’ensuite, cette loi soit appliquée par voie d’ordonnance chez nous » .
Le texte n’est qu’au début de son parcours législatif. Il doit encore être examiné au Senat avant la fin de l’année.