Moetai Brotherson, un « Monsieur qui sait tout » lance Édouard Fritch

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Le Tapura Huiraatira et son président Édouard Fritch ont à leur tour dressé le bilan de la première année de mandature de Moetai Brotherson, dans une conférence de presse tenue ce mardi. Sans surprise, le parti rouge s'est montré critique sur un gouvernement dont il déploire l' "amateurisme" , "les mensonges" et la "méconnaissance des sujets importants" . Invité de notre journal, l'ancien président du Pays dénonce également une gouvernance centrée sur Moetai Brotherson au détriment de ses ministres. "C'est un omniscient" , ironise-t-il.

Publié le 22/05/2024 à 11:09 - Mise à jour le 22/05/2024 à 11:10

Le Tapura Huiraatira et son président Édouard Fritch ont à leur tour dressé le bilan de la première année de mandature de Moetai Brotherson, dans une conférence de presse tenue ce mardi. Sans surprise, le parti rouge s'est montré critique sur un gouvernement dont il déploire l' "amateurisme" , "les mensonges" et la "méconnaissance des sujets importants" . Invité de notre journal, l'ancien président du Pays dénonce également une gouvernance centrée sur Moetai Brotherson au détriment de ses ministres. "C'est un omniscient" , ironise-t-il.

TNTV : Moetai Brotherson déplore une ardoise de 34 milliards laissée par votre gouvernement. Le collectif budgétaire prévu ce vendredi doit permettre de prendre 33 milliards de francs sur l’année 2023 pour les injecter en 2024. Au final, avez-vous laissé une ardoise ou un pays en bonne santé ?
Édouard Fritch, président du Tapura Huiraatira :
« Je suis outré parce qu’il a mis un an pour trouver ces 34 milliards de déficit dans la caisse du pays. Lorsqu’il a présenté le compte administratif du pays, que l’on vote tous les ans pour donner quitus au gouvernement d’avoir dirigé le pays, tout le monde a voté pour constater effectivement les 26 milliards de francs qui ont été laissés dans les caisses. Je crois qu’il le fait parce qu’il n’avait rien dit pendant les heures d’interview qu’il a obtenue » .

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TNTV : Les 26 chefs de service du CHPF ont proposé leur démission il y a quelques jours. Le CHPF en mauvaise santé, est-ce un héritage que vous avez laissé au gouvernement actuel ?
E.F :
« Le CHPF a toujours eu des difficultés (…) la santé consomme pratiquement toute l’enveloppe destinée à la solidarité. Donc il faut être vigilant, il faut suivre de près les investissements et le fonctionnement. Ce qui a été voté par l’Assemblée de Polynesie française, ce n’est pas une aide directe au problème de personnel que l’on connaît, au problème de fournitures. C’est ce qu’il faut pour payer les non-recouvrements réalisés par l’hôpital. (Moetai Brotherson) persiste, il n’en fait pas un souci de problème de santé des Polynésiens. L’hôpital a beaucoup souffert lors du dernier Covid (…) c’est normal qu’il souffre aujourd’hui et qu’il demande à ce qu’il y ait des coups de main qui viennent soutenir l’action menée par les médecins. J’espère que les 26 chefs de service ne démissionneront pas » .

TNTV : Le maintien du prix des hydrocarbures et la suppression de la TVA sociale sont les deux principaux points évoqués dans le bilan positif du Tavini. Que pensez-vous de ces actions du gouvernement pour lutter contre la vie chère ?
E.F :
« L’engagement du président était, à l’origine, de faire baisser les prix de l’alimentation, les prix sur les étales et de donner la possibilité au Polynésien de pouvoir s’alimenter avec des moyens qui doivent être mis en place, de baisser les émoluments des ministres. Rappelez-vous, c’était 10% prévu au départ, ce sont des choses qui sont assez faciles à faire. Mais aujourd’hui, on découvre qu’en enlevant la CPS, en fin de compte, les prix n’ont pas baissé. C’était un leurre (…) Il ne tient pas ces engagements. C’est pour cela que je dis qu’il y a des propos mensongers » .

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TNTV : Au niveau du BTP, les architectes et les entreprises déplorent l’annulation de nombreux grands projets. Ils disent que leurs carnets de commandes vont être vides au courant 2025. Moetai Brotherson affirme le contraire. Comment expliquez-vous cette différence d’analyse ?
E.F : « Je pense que les chefs d’entreprise connaissent mieux le sujet que lui (…) Les chefs d’entreprise sont très inquiets aujourd’hui, parce qu’on les a rencontrés. Ils sont très inquiets pour 2025. Le pire dans cette affaire, c’est que nous allons, nous, Pays, rendre de l’argent à l’État français. Nous avons rendu 3 milliards l’année dernière, nous allons rendre 3 milliards lors du prochain collectif. 6 milliards seront rendus à l’État parce qu’on estime qu’il ne faut pas s’endetter. Mais demain, il va falloir prendre en charge toutes ces personnes qui vont souffrir du non-emploi parce qu’ils seront licenciés. Les entreprises ne pourront pas tourner s’ils n’ont pas de commande » .

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TNTV : Le problème, selon vos propres termes, c’est donc l’amateurisme du gouvernement. Vous déplorez également le manque de textes déposés à l’Assemblée. Finalement, vous avez l’impression que le pays tourne au ralenti ?
E.F : « Le président du pays est toujours absent (…) Je crois qu’il a une gouvernance qui est basée sur le fait que c’est lui qui doit prendre la décision. C’est monsieur qui sait tout. C’est un omniscient. Les ministres sont obligés de faire appel à ses décisions. Aujourd’hui, il est à Singapour. Demain, où est-ce qu’il va être ? S’il ne reste pas en Polynésie française, il ne pourra pas diriger convenablement ce pays » .

En parlant d’amateurisme, c’est ainsi qu’a qualifié Oscar Temaru, l’action des trois députés qui ont donc déposé un amendement relatif aux compétences des communes à l’Assemblée nationale sans pour autant consulter les tavana. Est-ce que vous partagez l’avis du leader indépendantiste ?
E.F :
« Bien sûr. Je trouve que c’est scandaleux. Qu’est-ce que c’est ce genre d’improvisation ? On ne triture pas. On ne modifie pas le statut du pays par l’intermédiaire d’amendement que l’on dépose sur le bureau de l’Assemblée lors de la discussion d’un autre pays d’outre mer. Il s’agit là de la Calédonie. Ce sont des façons de se comporter de personnes qui ne veulent pas respecter les institutions de ce Pays » .

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