Marcel Tuihani estime également que le discours d’Edouard Fritch sur son bilan a été « du saupoudrage et de l’autosatisfaction ». Il souligne un décalage entre « d’un côté, le discours officiel qui dit que tout va bien ou que tout va mieux, et de l’autre, la réalité quotidienne des Polynésiens, des entreprises et des commerces ».
Dans le discours de Marcel Tuihani, pas un mot sur la décision de la Cour des comptes. L’instance a condamné jeudi l’ancien président Gaston Flosse à rembourser à la Polynésie, conjointement avec plusieurs autres mis en cause, un total d’environ 1,94 million d’euros (plus de 231 millions de Fcfp), et à des amendes d’un montant total de 97 000 euros (environ 11.6 millions de Fcfp).
Le président de l’Assemblée a déclaré au micro de Tahiti Nui Télévision : « Laissez monsieur Flosse réagir (…) Vraisemblablement, il aura une discussion avec son avocat-conseil (…) Quoi qu’il en soit, il demeurera le président du Tahoeraa ».
De son côté, Me Quinquis, avocat de Gaston Flosse, prépare déjà un éventuel pourvoi en cassation. Rien n’a encore été décidé. « La Cour des comptes fait comme si la réforme des juridictions financières ne concernait pas les dossiers de monsieur Flosse et autres. Or, nous estimons nous que cette réforme de juridiction financière est intervenue à la suite d’une part de l’annulation, à notre demande, d’une première procédure devant la Cour des comptes, et d’autre part, en exécution d’une directive européenne qui estimait que la procédure suivie devant ladite Cour des compte, était contraire à la convention européenne des Droits de l’Homme. Ne serait-ce que parce qu’il y avait une sorte de pré-jugement en raison de ce qu’on appelle l’arrêt provisoire qui est intervenu il y a quelque mois. (…) ça, c’est le moyen de cassation si monsieur Flosse et moi-même décidons de nous pourvoir en cassation devant le Conseil d’État », explique l’avocat au micro de Tahiti Nui Télévision.
Pour Me Quinquis, la décision de la Cour des comptes est « politique ». « Nous avions demandé, comme la loi nous en fait l’obligation, à l’Assemblée de la Polynésie française, de déclarer les dépenses en questions d’utilité publique. L’Assemblée, pour des raisons pures politiques, nous nous situons aux années 2008-2009 (Edouard Fritch a occupé les fonctions de président de l’Assemblée de la Polynésie française entre le 12 avril 2007 et février 2008, ainsi que du 12 février au 9 avril 2009, NDLR), a estimé ne pas faire droit à cette déclaration d’utilité publique. Ce qui est une gageure, une véritable faute de la part de l’Assemblée de Polynésie », a-t-il estimé au micro de Tahiti Nui Télévision.
Me Quinquis déclare que « s’il continue le parcours judiciaire, le parcours du combattant », il ira « probablement jusqu’à la Cour européenne des Droits de l’Homme, parce qu’il y a manifestement, dans ce pré-jugement qu’est l’arrêt provisoire de la Cour des comptes, une violation de nombreux principes ».
Rédaction web (Interviews : Esther Parau Cordette / Sam Teinaore)
Dans un communiqué, le parti d’Edouard Fritch, le Tapura Huiraatira, a répondu à Marcel Tuihani. Le parti moque les « pièces à convictions » énumérées par le président de l’Assemblée pour critiquer le gouvernement en place. Le parti surnomme même Marcel Tuihani « inspecteur Gadget ».
La Tapura pointe du doigt la « mauvaise foi » du président de l’assemblée que le parti juge « inquiétante lorsqu’on se souvient que dans son discours d’ouverture de la session budgétaire, il a rappelé son souhait de mettre en place un suivi des politiques publiques pour contrôler l’action du gouvernement. Mais il est vrai que la dernière fois qu’il avait fait état de cette volonté, c’était en créant une cellule dédiée au sein de l’Assemblée. Le bilan on le connait : la cellule est dissoute après que la justice ait décidé de s’y intéresser de près ».
Le communiqué du Tapura Huiraatira :