Accord de l’Elysée : Annick Girardin veut de la « transparence »

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Publié le 25/01/2018 à 9:42 - Mise à jour le 25/01/2018 à 9:42

Le nucléaire, c’est le gros dossier sur lequel vous étiez attendue. Ce centre de mémoire d’abord, est-ce l’Etat qui va financer après les engagements successifs de Nicolas Sarkozy et François Hollande ?
« Le centre de mémoire, cet institut des archives, ce comité de pilotage, comité de projet que j’ai installé, j’ai voulu l’installer. J’avais demandé au haut-commissaire dès qu’on s’est rencontré l’été dernier, que je viendrais et que je souhaitais mettre en place ce comité. Vous savez, je comprends quand on dit que c’est très lent, que c’est beaucoup trop lent. Je comprends parce que c’est 20 ans d’attente. Je comprends parce que c’est 20 ans de combat. Mais depuis la reconnaissance du fait nucléaire par François Hollande ici en Polynésie, il y a eu l’accord de l’Elysée et puis l’engagement d’Emmanuel Macron de poursuivre les engagements du gouvernement précédent. Aujourd’hui ce sont des actes qui sont posés. D’abord ce comité de projet qui a été mis en place. Je l’ai dit également c’est le Civen qui reprend son travail depuis le 15 janvier et qui va revoir les dossiers d’indemnisation des victimes. C’est aussi les projets d’oncologie qui sont soutenus. Ils l’ont été en 2017, j’y ai veillé, ils le seront en 2018 puisque j’ai aussi déjà donné les engagements financiers qui vont avec. Et puis c’est aussi ce terrain qui était en vente et qui est aujourd’hui bloqué. La vente est bloquée parce que ce terrain sera consacré à cet institut. L’engagement c’est que cet institut verra le jour avant la fin de ce quinquenat. C’est l’engagement que je prends. »

Est-ce que vous avez prévu déjà de modifier au niveau de l’Assemblée nationale l’utilisation de ce terrain là pour ce centre de mémoire ? 
« Quand je vous dis qu’il est bloqué à la vente c’est qu’il est conservé, gelé si vous voulez, pour ce projet. Ce que nous allons définir maintenant avec le Pays, parce que ce projet va se co-construire avec le Pays…. Vous savez c’est une mémoire partagée dont il est question. la mémoire des Polynésiennes, des Polynésiens, la mémoire de la France. Nous allons nous unir sur ce projet. L’Etat apportera sa quote-part. Il ne faut pas mettre comme première barrière « vous n’avez pas  encore de montant à annoncer ». On sera au rendez-vous des besoins financiers parce qu’on sera au rendez-vous de l’installation de cet institut. »

Un autre sujet sur lequel vous étiez très attendu : l’étude du docteur Sueur sur les maladies des enfants évoquée dans Le Parisien. Une étude que conteste le président Edouard Fritch. (…) Est-ce que l’Etat s’engage à conduire cette étude ? 
« Vous savez, je l’ai dit aux associations que j’ai rencontrées. D’ailleurs, soulignant que c’est la première fois qu’un membre du gouvernement rencontre et écoute les associations. C’est aussi ma méthode : venir sur le terrain et entendre tous les acteurs d’un projet. Sinon on y arrive pas. Ce projet doit être collectif et il faut qu’on travaille sur la réconciliation de tous pour pouvoir avancer. S’il y a besoin de cette étude génétique, nous allons pouvoir y répondre. Nous le ferons avec d’autres pays. Nous pouvons le faire avec d’autres pays comme le Japon qui ont déjà travaillé sur ces sujets. »

Vous évoquiez les accords de l’Elysée. Est-ce que vous tiendrez tous les engagements de ces accords là ? 
« Les accords de l’Elysée, le Président de la République l’a dit au président Fritch, seront tenus. L’ensemble de ce qui est indiqué. Bien sûr la question du fait nucléaire, mais plus globalement, le développement du territoire. L’accompagnement du territoire. Et d’ailleurs, j’ai souhaité que pour les un an de cet accord, nous puissions faire un bilan de ce qui a déjà été fait parce qu’il est important de montrer aux citoyens comment les choses avancent. Vous savez, l’accord de l’Elysée, c’est quand même quelque chose d’assez abstrait pour nos concitoyens. Il faut qu’il puisse être expliqué et qu’on puisse en faire un bilan et que ce soit transparent.
Pour ça, je souhaite qu’on puisse ouvrir un site Internet parce que je crois honnêtement qu’aujourd’hui, si on veut travailler dans la confiance, il faut travailler dans la transparence. » 

Aux Marquises, vous avez prêté une oreille attentive aux revendications de certains maires. Pour vous, l’évolution statutaire des Marquises ne remettrait pas en cause l’unité de la Polynésie française.
« L’unité de la Polynésie française doit être préservée et c’est la vision du gouvernement. Ce qui n’empêche pas ensuite, parce que les territoires sont différents, parce que les archipels ici en Polynésie française sont différents, de regarder les choses archipel par archipel ou territoire par territoire. Ce que j’ai dit, ce n’est pas le statut des Marquises dont il est question, c’est le cadre juridique qui aujourd’hui, donne aux mairies qui se regroupent un certain nombre d’obligation de compétence ou des compétences supplémentaires en matière de développement économique ou d’aménagement du territoire, par ce que c’est un texte qui a été pensé pour toute la France, pour l’ensemble des EPCI (établissement public de coopération intercommunale, NDLR), et on n’a pas pris en compte le statut spécifique de la Polynésie française, qui donne à la Polynésie ces deux compétences. Il n’est pas aujourd’hui possible pour ces EPCI de fonctionner avec les moyens qu’il faut. Il faut donc que nous modifions la loi, le CGCT pour tenir compte des spécificités des territoires. Et si je peux me permettre de dire ça devant vous ce soir, c’est que le Président Emmanuel Macron veut la différenciation pour toutes les collectivités françaises et encore plus pour les collectivités d’outre-mer qui ont des spécificités. Il faudra ensuite qu’il y ai un accord entre les communes des Marquises et le Pays comme d’ailleurs pour tous les autres EPCI. Il ne s’agit pas que des Marquises. Il s’agit des archipels de ce territoire. »

Autre sujet évoqué lors de votre visite aux Marquises, l’inscription de certains sites au patrimoine mondial de l’Unesco. Est-ce que vous soutiendrez cette candidature ? 
« Oui. J’ai dit aux maires que je viendrais soutenir cette candidature. C’est une richesse, un patrimoine immatériel inouï. Qu’on parle de tatouage, de danse, de lieux, de sites exceptionnels. Il est indispensable que ces sites soient reconnus mondialement. Mais il est aussi indispensable qu’ils soit mieux connus dans notre pays. Et pour ça, il faut davantage que les médias puissent porter ou montrer le côté positif des choses. Montrer les solutions qui sont trouvées dans les territoires d’outre-mer. Des solutions qui quelque fois tiennent du bon sens ou ont été portées par nos ancêtres. Et il est important qu’on puisse montrer davantage ces territoires des solutions. Pour moi, les outre-mer, ce sont des territoires de solutions. Pour moi, les outre-mer peuvent aller plus loin dans l’excellence que le reste de la France. »

Pour terminer, Emmanuel Macron viendra-t-il en Polynésie française ? Et si oui, quand ?
« Emmanuel Macron a dit au président Fritch qu’il viendrait en Polynésie française. C’est vrai qu’on m’a transmis une invitation pour lui. La première démarche que je ferai c’est d’abord de partager la générosité des Polynésiens et Polynésiennes avec mes collègues en leur offrant une partie des colliers de coquillages et de graines que j’ai. Peut-être que ça leur donnera envie de venir plus vite. »

 

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