Tikehau : un moniteur condamné pour une plongée fatale à 78 mètres de profondeur

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Un ancien moniteur de plongée a été condamné, ce mardi, en son absence, à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire. Lors d’une sortie privée à Tikehau, en septembre 2019, le nouveau patron d’un centre de plongée de l’atoll, pratiquant débutant, a trouvé la mort. L’enquête a démontré que les deux hommes étaient descendus à 78 mètres de fond avant de revenir à la surface en moins de deux minutes, contre les “26 minutes” requises à une telle profondeur.

Publié le 01/10/2024 à 15:24 - Mise à jour le 02/10/2024 à 9:42

Un ancien moniteur de plongée a été condamné, ce mardi, en son absence, à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire. Lors d’une sortie privée à Tikehau, en septembre 2019, le nouveau patron d’un centre de plongée de l’atoll, pratiquant débutant, a trouvé la mort. L’enquête a démontré que les deux hommes étaient descendus à 78 mètres de fond avant de revenir à la surface en moins de deux minutes, contre les “26 minutes” requises à une telle profondeur.

Il n’était ni présent, ni représenté par un avocat, et il a été condamné.  Ce moniteur de plongée, reconverti dans le bâtiment, résiderait aujourd’hui dans l’Hexagone. C’est d’ailleurs la veille de son départ du fenua, en septembre 2019, que le drame a eu lieu.

Le prévenu a rencontré peu avant le nouveau gérant d’un centre de plongée de Tikehau. Un homme de 47 ans qui venait de s’installer avec sa famille aux Tuamotu. Et qui ne connaissait pas grand chose à la discipline puisqu’il était titulaire du diplôme le plus faible : le niveau 1, qui interdit toute descente à plus de 20 mètres.

Mais les deux hommes ont tout de même décidé de s’aventurer sur le site du “Trou aux requins”, une plongée dangereuse. Et le moniteur n’a pas hésité à boire deux obus de bière avant de se mettre à l’eau.

Tous deux sont restés 6 minutes sous la zone de 60 mètres de profondeur et ont atteint les 78 mètres. Puis la remontée a été fulgurante : 1 minute et 24 secondes pour rejoindre la surface, là où il aurait fallu 26 minutes pour respecter les paliers de décompression.

La victime s’est sentie immédiatement mal. Mais son évasan a été retardée en raison de la panne de l’avion censé venir la récupérer. Et l’atoll ne disposait pas d’un nombre suffisant de bouteilles d’oxygène.  L’homme est décédé peu après son admission au CHPF de Taaone.

Pour expliquer un tel drame, le moniteur en est arrivé à la conclusion qu’il avait été victime d’une “narcose” des pronfondeurs qui lui avait fait perdre tous ses repères. Quant à la brusque remontée à la surface : “On s’est fait embarquer tous les deux pas nos gilets. Je n’ai pas pu le gérer. J’aurais dû mourir aussi. Je ne sais pas comment je m’en suis sorti”.

“78 mètres, c’est du grand n’importe quoi”

L’un des avocats de la famille de la victime

L’un des avocats de la famille de la victime a fustigé le prévenu qui a “enfreint les règles les plus élémentaires”. Les bouteilles contenaient ainsi de l’oxygène comprimé, alors qu’un mélange est nécessaire au-delà des 60 mètres.

78 mètres, c’est du grand n’importe quoi. Il y a aussi la vitesse de remontée et le fait que la plongée n’avait pas été préparée. Ce monsieur se croyait invincible”, a-t-il soufflé.

La conclusion, c’est qu’un mort aurait pu être évité”, a renchéri la procureure, “plonger à 78 mètres, c’est une profondeur interdite pour n’importe qui. Et là avec quelqu’un qui était novice. Les règles ont été méprisées par monsieur. Il ne nous a pas fait l’honneur de sa présence. C’est encore une fois une forme de légèreté”.

Le moniteur a finalement écopé d’une peine de 18 mois de prison entièrement assortie du sursis. Une audience se tiendra ultérieurement pour déterminer le montant des dommages et intérêts qu’il devra verser à la compagne et aux enfants du défunt.

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