Nouveau dossier d’un drame du quotidien au palais de justice où a comparu, ce mardi, un jeune maçon. Il était convoqué pour répondre de trois épisodes de violences, commis sur sa compagne au mois de juin, devant leurs enfants.
A chaque fois, il lui a porté des claques, des coups de poings et de pieds. Le médecin a constaté que la victime était couverte d’ecchymoses, dont un bleu de “14 centimètres de diamètre”. Elle s’était vu délivrer 4,5 et 10 jours d’incapacité de travail.
Lors de l’une de ces séances de passage à tabac, il lui avait également déchiré le tee-shirt, laissant apparaitre sa poitrine. Il avait alors harangué des amis, pour se moquer de la jeune femme dénudée. Un humiliation “pas grave” aux yeux du prévenu.
L’homme a expliqué ses accès de violences par sa “jalousie” maladive. Il l’avait notamment frappée parce que sa fille, à elle, avait évoqué son père biologique devant lui. “Des fois, je la tape pour rien. Elle parle toujours avec son ex. Moi je ne parle plus avec la mienne”, a-t-il déclaré en guise de justifications. L’homme a même cessé de travailler pour surveiller sa compagne.
“Je ne peux pas sortir. Je ne peux pas mettre une jupe, ni me lisser les cheveux”, avait-elle témoigné auprès de enquêteurs. Mais ce mardi, elle a expliqué avoir renoué avec son compagnon dont elle est aujourd’hui enceinte.
“Il s’estime propriétaire de sa compagne”
La procureure
La jeune femme a même estimé qu’elle avait une part de responsabilités dans les violences qu’elle subit. Interrogée par le président sur le traumatisme des enfants qui assistent à ces scènes, la victime a lancé : “ça ne me dérange pas”, avant de refuser de se constituer partie civile et de demander des dommages et intérêts.
“Si vous acceptez d’être battue, le tribunal ne l’accepte pas. On ne va pas le laisser faire”, a soufflé, dépité, le président. “Il s’estime propriétaire de sa compagne”, a renchéri la procureure dans ses réquisitions, “il est toujours dans cette banalisation de la violence conjugale. Il considère que c’est presque normal de la brutaliser”.
La magistrate a également indiqué qu’elle transmettrait une procédure au juge des enfants pour que les mineurs de la famille fassent l’objet d’un suivi des services judiciaires.
“Il a une vision du couple qui n’est pas du tout adaptée. C’est quelqu’un qui ne sait pas gérer sa colère”, a acquiescé l’avocate du jeune homme. Puis de tempérer : Il n’y a pas eu de nouvelles violences. Et il a une volonté de changer”. Elle a en outre fait savoir que la jeune femme n’avait pas de toit où dormir autre que celui de son compagnon.
Son client a finalement été condamné à 18 mois de prison avec sursis, ainsi qu’à une obligation de suivre des soins psychologiques. Il a pu quitter le tribunal avec sa concubine.