Pour une dette de 15 000 francs, il lui arrache un doigt…avec les dents

Publié le

Un quinquagénaire a été condamné, ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete, à 5 années de prison ferme pour avoir sectionné la phalange d’un homme qui lui devait 15 000 francs. Et pas de n’importe quelle manière : avec les dents, avant de recracher le bout de doigt, sourire aux lèvres.

Publié le 13/05/2025 à 11:59 - Mise à jour le 13/05/2025 à 14:25

Un quinquagénaire a été condamné, ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete, à 5 années de prison ferme pour avoir sectionné la phalange d’un homme qui lui devait 15 000 francs. Et pas de n’importe quelle manière : avec les dents, avant de recracher le bout de doigt, sourire aux lèvres.

L’affaire avait débuté d’une étrange manière. Le 15 mars 2024 à Papeari, les gendarmes sont intervenus, car un homme tenant des propos incohérents tentait de se jeter sous les roues des voitures.

À l’arrivée des militaires, l’individu s’est mis à les insulter et à les menacer. Compte tenu de son état pour le moins agité, les gendarmes l’ont conduit à l’hôpital de Taravao. Mais sur place, ils ont appris qu’un autre homme venait d’être admis dans l’établissement en raison de la perte d’une phalange d’un doigt de la main gauche.

En recoupant les informations, les militaires ont découvert que le blessé avait été agressé par l’homme qu’il venait d’interpeller.

La victime devait 15 000 francs au quinquagénaire. Le matin, celui-ci s’est donc présenté au domicile de son créancier pour récupérer son dû. Le ton est monté et les deux hommes ont fini par se battre. Au cours de la rixe, le prévenu a mordu vigoureusement le doigt de son adversaire et lui en a sectionné un bout qu’il a conservé dans sa bouche en se moquant de lui.

« Je ne sais pas comment mon doigt s’est retrouvé dans sa bouche. Ça a duré 2 ou 3 minutes », a témoigné la victime auprès des enquêteurs.

Son agresseur présente un lourd passé judiciaire, émaillé de faits de violences et de menaces de mort. Il a notamment été condamné à 10 ans de prison aux Assises pour des coups mortels. L’homme fait également l’objet d’un suivi psychiatrique depuis plusieurs années.

Sa responsabilité pénale dans ce dossier a d’ailleurs été longuement débattue. Deux experts sur trois ont finalement considéré qu’il était apte à être jugé malgré ses « traits de personnalité antisociale » et son « mépris pour les droits des autres ».

« Une phalange vous manque et tout est compliqué »

L’avocat de la victime

Interrogé au cours de l’audience, l’intéressé n’a émis aucun regret : « Je lui avais prêté des sous. Les bons comptes font les bons amis ».

Reste que sa victime s’est vu délivrer 50 jours d’incapacité totale de travail en raison de ses blessures. « Une phalange vous manque et tout est compliqué », a lancé son avocat avant de témoigner de la descente aux enfers de son client.

« La vie a changé pour lui. Il a perdu l’usage du 4e doigt de la main gauche. Et il est gaucher. Il a dû arrêter ses activités favorites : le bricolage, la boxe et la guitare (…) Il a aussi sombré dans une grande dépression, qui a abouti il y a quelques mois à un divorce. Et il vivait dans la maison de son épouse. Il a aussi perdu son travail et vit dans sa voiture aujourd’hui », a raconté l’avocat.

« Une dette d’argent justifie-t-elle un tel déchaînement de violences ? », s’est interrogé, dans la foulée, le procureur. « Il présente une dangerosité avérée. Le risque de récidive est majeur (…) A l’évidence, il constitue un véritable danger pour la société. Il faut qu’il soit mis durablement à l’écart de celle-ci », a martelé le magistrat.

L’avocat du mis en cause a de son côté regretté que les nombreux séjours de son client en prison et/ou en unités psychiatriques ont été un « échec ». « Quand il sort, il recommence », a-t-il soufflé, tout en estimant que le quinquagénaire ne disposait pas de toutes ses « facultés » au moment des faits : « Il faut être dans un état second pour sectionner une phalange d’un seul coup ».

Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet. Le quinquagénaire a écopé d’une peine de 5 ans de prison ferme et a été reconduit derrière les barreaux à l’issue du procès. Une nouvelle audience se tiendra dans quelques mois pour chiffrer le montant des dommages et intérêts qu’il devra verser à sa victime.

Dernières news