Bataille d’experts au procès du crash d’Air Moorea

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Au procès du crash d’Air Moorea, c’est une bataille d’experts qui s’est tenue aujourd’hui devant la cour d’appel. La défense a fait citer deux témoins, spécialistes en aéronautique, selon lesquels ce n’est pas la rupture du câble de gouverne de l’avion qui a causé l’accident. Des conclusions peu crédibles pour la partie civile qui met en doute l’objectivité de ces témoins.

Publié le 14/11/2019 à 14:09 - Mise à jour le 18/11/2019 à 8:55

Au procès du crash d’Air Moorea, c’est une bataille d’experts qui s’est tenue aujourd’hui devant la cour d’appel. La défense a fait citer deux témoins, spécialistes en aéronautique, selon lesquels ce n’est pas la rupture du câble de gouverne de l’avion qui a causé l’accident. Des conclusions peu crédibles pour la partie civile qui met en doute l’objectivité de ces témoins.

Au troisième jour du procès, les avocats d’Air Moorea et de ses cadres ont fait appel ce matin à deux témoins. Des experts en aéronautique, mais sollicités par la défense, qui arrivent à des conclusions opposées à ceux mandatés officiellement par la justice. Ils considèrent que la rupture du câble de gouverne du Twin Otter ne peut être la cause du crash, et donc que l’entretien de l’avion n’est pas à mettre en cause.

« La démonstration que je fais, en reprenant tout ce que d’autres ont fait avant moi, ce n’est pas une panne matérielle. Ce n’est pas l’avion. Donc si ce n’est pas l’avion, (…) c’est le pilote. Alors après le pilote… Je suis pas médecin, je suis pas psychologue… Est-ce qu’il s’est suicidé, est-ce qu’il était malade ? Je n’en sais rien. (…) Ce qui est visible, c’est qu’on a un pilote qui est absent. C’est-à-dire qu’à un moment donné où il aurait dû monter, il n’est pas monté, et à un moment donné, quand ça se passe mal, on râle, on le dit… et là y’a rien, sauf un juron » explique Bernard Schmitt, expert aéronautique et témoin de la défense.

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Ces déclarations ont irrité les familles des victimes ainsi que la représentante du ministère public. Les avocats des parties civiles considèrent que les seules expertises valables sont celles réalisées par les experts à qui le juge d’instruction a fait appel durant l’enquête et qui mettent hors de cause le pilote. Les avocats des familles émettent donc des doutes quant à l’objectivité des experts travaillant pour les intérêts d’Air Moorea et des autres prévenus. « C’est la technique du poulpe. On envoie de l’encre et on essaie de faire dire à ces experts ce qu’ils ne disent pas. Et on a en face de soi des conclusions qui sont inutilisables par la défense. (…) Ces expertises n’ont aucune valeur et ne peuvent pas en tout état de cause prévaloir sur l’expertise, parce qu’elles sont incomplètes. Ce qu’on a entendu était d’ailleurs inacceptable pour la famille, je le conçois, mais c’est surtout, à la limite, peu sérieux. Cela n’a aucune valeur » indique Me Etienne Rosenthal, avocat des familles des victimes.

Bernard Schmitt lui, se défend de tout parti pris : « Quand j’ai été sollicité par Air Moorea, je leur ai dit ‘moi, je fais ce que je pense, et si vous n’êtes pas d’accord, je vous interdis de changer ce que j’aurai conclu’. Donc ce que je vous dis aujourd’hui, j’en suis intimement convaincu. C’est la vérité qui sort d’une démonstration« .

Le procès se poursuit ce vendredi avec de nouvelles séries d’auditions.

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