Affaire de la SEP : prison ferme et avec sursis requise contre Haddad et Auroy  

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L’avocat général Hervé Leroy a requis, ce jeudi, la confirmation des peines prononcées en première instance contre Hubert Haddad et Dominique Auroy, ainsi qu’à l’encontre des autres prévenus jugés en appel dans le dossier de la Société environnement polynésien (SEP). Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. Le jugement sera rendu le 16 mai.

Publié le 29/02/2024 à 16:45 - Mise à jour le 01/03/2024 à 9:10

L’avocat général Hervé Leroy a requis, ce jeudi, la confirmation des peines prononcées en première instance contre Hubert Haddad et Dominique Auroy, ainsi qu’à l’encontre des autres prévenus jugés en appel dans le dossier de la Société environnement polynésien (SEP). Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. Le jugement sera rendu le 16 mai.

Cette deuxième et dernière journée d’audience a débuté par les réquisitions de l’avocat général Hervé Leroy. Le magistrat a demandé à la cour de confirmer les peines prononcées par le tribunal correctionnel, en novembre 2022. Soit 2 ans de prison ferme et une amende de 10 millions de francs, ainsi qu’une interdiction de gestion pour 5 ans, pour le patron du groupe 2H, Hubert Haddad. Et 3 ans avec sursis et 10 millions de francs d’amende pour l’homme d’affaires, Dominique Auroy.

Concernant Hubert Haddad, le magistrat a considéré qu’il y avait bien eu un « pacte de corruption » entre lui et l’ancien directeur général de la SEP, Karl Meuel, qui s’est désisté de son appel à l’entame du procès. Pour Hervé Leroy, ce dernier a bien reçu d’importantes rétrocommissions en espèces en échange, pour les sociétés du groupe 2H, de l’obtention de juteux contrats.

« Il est clair que ces contrats étaient non-conformes aux usages en vigueur (…) Karl Meuel bénéficiait des largesses de messieurs Aymé Haddad et Hubert Haddad », a-t-il dit.

Quant à Dominique Auroy, le magistrat a estimé que le prêt de 15 millions que l’homme d’affaires avait consenti à Karl Meuel était en contrepartie de l’achat par la SEP, à une société lui appartenant, d’une chaine de tri.

Ces 15 millions auraient servi à Karl Meuel pour rembourser d’importantes avances sur salaires qu’il s’était octroyé. Et ce, alors « que les juges des comptes s’intéressaient à la SEP » et que l’ex directeur général allait « devoir rendre des comptes ». « Il n’y avait pas d’utilité, pas d’intérêt, pour la SEP d’acheter ce matériel d’occasion à 37 millions de francs », a-t-il lancé.

Hervé Leroy a également réclamé la confirmation des peines prononcées en première instance à l’encontre des autres prévenus dans le dossier, et la condamnation de ceux qui avaient bénéficié d’une relaxe. « La SEP avait une mission de service public et elle était dans une situation catastrophique en 2007. La trésorerie était quasiment exsangue », a rappelé le représentant du parquet général.

Face à lui, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe d’une même voix. Ils ont dénoncé une « instruction à charge », des rapports d’expertise qui sont des « âneries », et des délais de jugement anormalement trop longs, les premiers faits remontant à plus de 20 ans.

Les avocats de la défense ont dénoncé une « instruction à charge », des rapports d’expertise qui sont des « âneries », et des délais de jugement anormalement trop longs. (Crédit TNTV).

L’avocat de Dominique Auroy, Me Jean-Pierre Thuillant, a en outre martelé que la chaine de tri vendue à la SEP était en état de fonctionnement, qu’elle avait été cédée à un prix raisonnable et à des fins utiles, contrairement à ce que soutient l’accusation. Quant au prêt de 15 millions de francs, il s’agissait d’un « geste purement désintéressé » pour aider un « ami très proche ». « Il n’y a pas dans ce dossier d’élément de nature à condamner mon client », a ajouté l’avocat.

Celui d’Hubert Haddad, Me Sofia Bougrine, a aussi écarté d’un revers de manche les accusations de corruption visant son client. « Vous n’avez pas la preuve d’une remise d’espèces en contrepartie de contrats », a-t-elle fait valoir tout en soulignant qu’à cette période « le groupe 2H était en quasi-monopole » : « Peut-être que cela explique l’absence de concurrence pour permettre de faire baisser les prix. »

La cour d’appel s’est donnée le temps de la réflexion. Elle rendra sa décision le 16 mai.

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