Assises : « Kévin aurait eu les ressorts pour échapper à la spirale de la violence »

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Publié le 20/02/2017 à 15:22 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:21

Sportifs, travailleurs, calmes et respectés : Kévin et Gustave, tous deux originaires de la Presqu’île de Tahiti, accumulaient les ressemblances. Un effet miroir troublant.

Mais le 11 mai 2013, devant le monument aux morts de Tautira, Kévin assène un coup de poing mortel à Gustave après une partie de Kikiri. La seconde journée de ce procès jugé aux Assises s’est achevée en milieu d’après midi. 

Tout le monde s’accorde à décrire Gustave, la victime, comme quelqu’un de bien et de bon. Ce jeune père de famille (sa fille avait 11 mois lorsqu’il est décédé) avait un parcours linéaire. Il n’était pas bagarreur, ni violent. 

La mère de Gustave était la tante de la mère de Kévin. Mais les deux hommes se connaissaient mal. 

Kévin est décrit comme un cas plus instable. Deux mois avant le drame, il s’était séparé de sa compagne et avait quitté son travail. Ses journées, il les a alors passées à jouer et à cuver. Pourtant, pour l’avocat général : « Kévin aurait eu les ressorts pour échapper à la spirale de la violence ». Il ajoute : « On est dans le dérisoire, dans la bêtise crasse, dans un jeu interdit auquel on s’adonne quand même. (…) C’est d’une banalité affligeante : un coup de poing, un homme s’effondre, il meurt. Tout est là ». 

L’avocat général requiert entre 6 et 8 ans de prison. Des réquisitions pour éviter le sursis car il n’a pas « le sentiment que Kévin entende la gravité de l’acte qu’il a commis ». Tout cela « parce-qu’il n’a fait qu’une semaine de prison. Pourquoi? Parce-qu’on est en Polynésie française et que la prison est remplie à 250%. Et que l’on y incarcère durablement seulement les personnes qui représentent un danger pour la société ».  

Mais s’il considère inconcevable que Kévin n’aille pas en cellule, il estime également qu’il « faut lui laisser le temps de vivre, d’être le père de son enfant ». Car dans deux mois, Kévin, qui s’est mis en ménage, deviendra père de famille. 

 

Maître Verdier, l’avocat de la défense, rappelle que si Kévin n’a fait qu’une semaine de prison, il a néanmoins subi une peine aménagée, avec le port d’un bracelet électronique, durant un an. Pour lui, le décès de Gustave est dû à une série de circonstances malheureuses : une mauvaise chute, le déplacement du corps pour le mettre en sécurité malgré un traumatisme crânien, le transport à l’hôpital dans une position semi couchée discutable. 

Verdict de la Cour : 5 ans de prison dont 3 fermes et 2 de mise à l’épreuve. 

Pour Dominique, le frère aîné de Gustave : la justice n’a pas été rendue:  « 5 ans d’emprisonnement ça ne suffit pas! On espérait 10! »

L’accusé, sous le coup d’un mandat de dépôt,  a été immédiatement transféré à Nuutania. 
 

Laure Philiber 

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