De nouvelles aires marines protégées en Polynésie sur plus d’un million de km2

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Lors du One Ocean Summit à Brest, le président Edouard Fritch a annoncé le projet d'une "aire marine protégée de plus de 500 000 km2" et des zones réservées à la pêche côtière sur une surface équivalente soit environ 20% de la ZEE (Zone Economique Exclusive) de Polynésie française.

Publié le 11/02/2022 à 9:14 - Mise à jour le 12/02/2022 à 10:01

Lors du One Ocean Summit à Brest, le président Edouard Fritch a annoncé le projet d'une "aire marine protégée de plus de 500 000 km2" et des zones réservées à la pêche côtière sur une surface équivalente soit environ 20% de la ZEE (Zone Economique Exclusive) de Polynésie française.


Ces deux annonces portant sur plus d’un million de km2 marquent « une grande victoire pour ces eaux saines et d’une biodiversité remarquable, ainsi que pour les communautés qui en dépendent. Ces nouvelles mesures reconnaissent le bien commun, dans la lignée du concept traditionnel polynésien du rahui », s’est réjouie la navigatrice Dona Bertarelli, dont la fondation Pew Trusts soutient la protection des océans.

Un zonage côtier réservé à la pêche artisanale

« Un zonage côtier d’une superficie maritime de près de 500 000 km2 réservé uniquement à la pêche artisanale et vivrière sera finalisé avant la fin de l’année en relation avec les populations de nos archipels », a ainsi annoncé Edouard Fritch lors du sommet pour la protection de l’océan, à l’initiative du Président français Emmanuel Macron.

L’intervention du président Edouard Fritch, à partir de la 49ème minute :

Les mesures de protection réservées à la pêche artisanale vivrière autour des 118 îles de Polynésie permettront d’améliorer la gestion des conflits d’usage entre pêcheurs industriels et côtiers qui se partageaient les mêmes eaux pour leur activité de pêche. « Ces nouvelles zones de protection réservées à la pêche artisanale permettront de résoudre les conflits d’usage entre les pêcheurs artisanaux et les pêcheurs industriels polynésiens », a en effet estimé Winiki Sage, président de la Fédération des Associations Environnementales de Polynésie française, cité dans un communiqué l’ONG Pew Trusts.

« L’océan est le temple le plus sacré, c’est un lieu saint, un lieu inspirant à la fois crainte et respect »

Edouard Fritch

Ces nouvelles mesures offriront également des bénéfices écologiques notables pour la protection des écosystèmes côtiers autour des îles, qui concentrent une biodiversité importante dont la population locale dépend. Au sein de ce zonage côtier, seule la pêche artisanale côtière en poti marara et bonitier seront autorisée autour des îles. Selon le président, environ 20% des prises des thoniers proviennent actuellement des zones concernées par ces nouvelles mesures de protection, qui devront par conséquent déplacer leur effort de pêche en dehors.

Rahui Nui, une nouvelle aire marine protégée

Le projet de nouvelle aire marine protégé qui sera lancé cette année et devrait être finalisé d’ici 2030, concernera une zone « située dans la partie sud-est de notre zone économique », a indiqué le président du Pays. Le projet de cette zone dénommée Rahui Nui, « marque un retrait de 20% des zones de pêche professionnelle actuelle », a-t-il souligné.

L’ONG Pew Trusts y voit « une avancée majeure pour la protection des ressources marines polynésiennes car les zones côtières concentrent la plus grande densité d’espèces marines »

Les eaux autour de Rapa et Marotiri au Sud-Est de la ZEE sont quasiment inexploitées par la flottille hauturière polynésienne et encore largement préservées. Elles constituent donc un véritable hotspot mondial de la biodiversité marine avec des taux d’endémisme particulièrement élevés pour les coraux, algues, poissons et crustacés et des populations de poissons pélagiques, telles que le thon, le marlin et l’espadon préservés. « La validation politique du projet Rahui Nui, porté depuis près de 8 ans par la population des Australes, est une grande victoire pour les populations des iles, la santé de l’océan et les acteurs de la conservation marine. Nous félicitions le Pays, qui a entendu l’appel des élus, des associations et de la population qui demandent la protection de leur océan depuis plusieurs années » a déclaré Donatien Tanret, qui dirige le programme Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Polynésie.

Edouard Fritch a également annoncé la création de « zones de mouillage obligatoires afin de limiter l’impact des mouillages sauvages sur nos écosystèmes fragiles ».

Les autres engagements pris officiellement par le président lors du One Ocean Summit concernent la finalisation du classement au patrimoine mondiale de l’Unesco des îles Marquises et la multiplication des réserves de biosphère pour une superficie maritime de près de 7 000 km2 et la protection de toutes les espèces de coraux présentes en Polynésie française d’ici fin 2022.

Au-delà, le président Fritch a rappelé notamment la poursuite du classement des zones naturelles intégrales de certaines îles et une stratégie d’acquisition des connaissances des 500 monts sous-marins polynésiens.

Winiki Sage, président de l’association Te Ora Naho :

Enfin, le président Edouard Fritch a proposé au Président de la République la tenue, à Tahiti, en septembre 2023, du premier sommet mondial One Island Summit. « Le Polynésien est le peuple de la mer. Son passé, son présent et son futur sont fortement liés à la mer. La protection durable des océans et des lagons de Polynésie fait partie des priorités politiques de mon gouvernement » a-t-il souligné.

Pour rappel, le One Ocean Summit est un sommet international réunissant plus de 100 pays dont 41 états représentés officiellement, centré sur les problématiques des océans et de l’écosystème maritime sous toutes ces facettes. 84 pays portent désormais l’objectif de protéger 30% des terres et des mers du monde d’ici à 2030. La « Coalition de la Haute ambition pour un traité de la Haute mer », réunissant les 27 états européens et 16 autres nations, s’engage pour aboutir d’ici un an à un accord opérationnel et mondial sur l’utilisation durable de la haute mer (hors des ZEE) et la protection de sa biodiversité. Diverses mesures viennent en outre entériner le renforcement de la lutte contre la pêche illégale au niveau international ; et le sujet de la décarbonation du trafic maritime a fait l’objet d’annonces majeures qui témoignent de la détermination des armateurs et des ports du monde entier d’accélérer la transition amorcée en 2010. Par ailleurs, aux côtés des états, l’UNESCO s’est engagée à ce qu’au moins 80% des fonds marins soient cartographiés d’ici 2030.

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