Les gestes barrières sont « un frein à la reprise de l’activité économique »

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Le gouvernement prévoit d’annoncer le 13 mai un nouvel allègement du confinement ou un déconfinement progressif. Il va donc falloir s’armer de patience pour retrouver une vie normale. La crise sanitaire a transformé l’organisation du travail, du commerce et des relations sociales sans doute de manière durable. La perte de productivité est considérable, et la population passe une partie de son temps à attendre...

Publié le 10/05/2020 à 14:56 - Mise à jour le 10/05/2020 à 15:15

Le gouvernement prévoit d’annoncer le 13 mai un nouvel allègement du confinement ou un déconfinement progressif. Il va donc falloir s’armer de patience pour retrouver une vie normale. La crise sanitaire a transformé l’organisation du travail, du commerce et des relations sociales sans doute de manière durable. La perte de productivité est considérable, et la population passe une partie de son temps à attendre...

Depuis sept semaines, le temps passé dans les magasins et dans les supermarchés a doublé voire triplé. Gérer les files d’attente, les distances de sécurité : les commerces ont dû se réorganiser pour appliquer les gestes barrières. Masques, visières, gants, désinfection… les employés sont moins performants. Tout est ralenti. Pendant le confinement, il y avait moins de monde et cela pourrait durer. La loi oblige les employeurs à protéger leurs salariés et aussi l’accueil du public. « Quand il y aura moins de risque, on fera tomber les masques » nous dit Patrick, un commerçant.

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

La réorganisation de l’espace de travail, on la retrouve un peu partout : dans les usines, les bureaux, dans les marchés. Et lorsque l’attente devient intenable, exit les mesures barrières et les commerces non essentiels. « Au niveau de la chambre de commerce, et là, je parle pour les entreprises, c’est beaucoup de surcharge de travail, beaucoup de nouvelles charges que l’entreprise va s’imposer, une perte de productivité, une perte de production… » déclare Stéphane Chin Loy, président de la CCISM.

Certains salariés hésitent encore à aller travailler. La peur, et même la panique parfois, envahit les esprits. Et selon Florent Venayre, économiste, le maintien des contraintes sanitaires empêche l’espoir de revenir : « La question qu’il faut se poser c’est : est-ce qu’on doit maintenir ces gestes barrières ? Est-ce que les risques sont à la hauteur de la perte financière qu’on accepte ? Sachant que la perte financière, c’est aussi derrière l’argent qu’on va utiliser pour financer les services publiques, la santé, pour payer les retraites… Il ne s’agit pas d’opposer l’économie à la santé comme je l’entends parfois. La santé de l’économie, c’est aussi la santé du Pays et la santé des gens en général. »

« L’économie ne peut fonctionner correctement que quand la confiance est rétablie. Tant que les gens ont peur, l’économie fonctionne mal. (…) Pour l’instant, c’est sûr que toute la productivité des entreprises locales est complètement amoindrie. Si vous mettez une table sur deux dans un restaurant, évidemment, vous allez diminuer par deux le chiffre d’affaires du restaurant. Comment est-ce qu’on fait pour couvrir les charges ? Si on accepte que 3 personnes à la fois dans les magasins, comment est-ce qu’on fait pour être rentable dans ces conditions ? Etc. Donc oui, les gestes barrières sont évidemment un frein à la reprise de l’activité économique. C’est une certitude » ajoute l’économiste.

Il a fallu dix ans au Pays pour retrouver la confiance des consommateurs, des entreprises et des touristes après la crise financière de 2008. Au troisième trimestre de 2019, le chiffre d’affaires du secteur marchand s’élève à 647 milliards de Fcfp, le meilleur résultat des vingt dernières années note l’ISPF. Mais en quelques semaines, la facture sur le Produit intérieur brut (PIB) va se chiffrer à au moins 120 milliards de Fcfp. L’impact de la crise économique et sociale pourrait s’avérer plus important que la crise sanitaire.

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