Populariser, rendre accessible, donner une visibilité à la langue marquisienne. Ce sont les missions que se sont données Mani et Nui. Tous deux originaires du Henua Enana, ils sont à l’origine de vidéos publiées sur les réseaux sociaux et devenues, ces dernières semaines, virales.
Mani, enseignant durant 15 ans, est aujourd’hui à son compte. Il a créé Haatupu Aè, un centre de formation à Hiva Oa. « J’ai enseigné dans le premier degré, dans le second degré. (…) En fait, c’était trop éloigné de ce que je faisais, de ce qui me passionnait : l’enseignement de la langue. Du coup, j’ai décidé de (…) me consacrer pleinement à cet apprentissage de la langue marquisienne. Et c’est comme ça qu’est né le concept Haatupu Aé. »
Nui, originaire de Ua Huka, est arrivée à Hiva Oa comme professeure de mathématiques. D’abord élève de Mani pour perfectionner sa pratique de la langue, elle a ensuite commencé à travailler avec lui. « Mani m’a dit qu’il donnait des cours particuliers d’apprentissage de la langue marquisienne. Mais Haatupu Aè fait aussi des formations en tous genres, prépare certaines personnes aux concours. Lors d’une formation pour un concours de la fonction publique, Mani a eu besoin d’une formatrice en mathématiques. Et comme on est des amis, il m’a proposé. C’est un peu comme ça que j’ai intégré Haatupu Aè ».
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Nui suggère ensuite à son ami de faire des vidéos pour dynamiser les réseaux sociaux de la petite entreprise de formation. C’est ainsi que Mani s’improvise cadreur et monteur, et Nui animatrice.
Ils tournent leurs vidéos lorsque Nui est en pause déjeuner, et Mani s’occupe du reste.« On filme avec le téléphone portable de Nui. Ensuite, Nui me transfère les vidéos et moi, je fais le montage sur mon téléphone parce que Nui, elle a ses occupations, moi les miennes ».
L’inspiration leur vient en discutant. Quelques fois, ce sont les internautes qui leur font des propositions. Au travers de petites mises en scènes, ils transmettent du vocabulaire, mais aussi un peu de la culture de l’archipel. Et la recette fonctionne : plusieurs centaines de milliers de vues par vidéo et des spectateurs aux profils divers. « On se rend compte qu’on a des personnes de Tahiti, qui ne sont même pas marquisiennes de naissance, de l’étranger, de la métropole, de la France métropolitaine, qui nous font des relances, qui nous encouragent, qui trouvent que notre concept est vraiment pas mal, qui trouvent que ce que nous faisons pour la culture marquisienne est bien. Les réseaux sociaux sont le moyen le plus accessible à notre échelle pour promouvoir la langue marquisienne et la pérenniser, évidemment. C’est aussi ça notre but à Mani et moi, de pérenniser la langue marquisienne. »
Les deux amis ne comptent pas s’arrêter là. S’ils n’envisagent pas encore de donner de vrais cours en ligne, ils imaginent déjà un livre reflétant l’univers de leurs capsules vidéo. Mais pour Mani, l’idéal reste encore « l’immersion dans l’archipel »…