Trump se retire de l’accord nucléaire iranien, défie ses alliés

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Publié le 07/05/2018 à 8:39 - Mise à jour le 07/05/2018 à 8:39

Quinze mois après son arrivée au pouvoir, le 45e président des Etats-Unis a décidé, comme il l’avait promis en campagne, de sortir de cet accord emblématique conclu en 2015 par son prédécesseur démocrate Barack Obama après  21 mois de négociations internationales acharnées.

« J’annonce aujourd’hui que les Etats-Unis vont se retirer de l’accord nucléaire iranien », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, faisant craindre une montée des tensions au Moyen Orient. 

Le président septuagénaire a annoncé le rétablissement des sanctions contre la République islamique qui avaient été levées en contrepartie de l’engagement pris par l’Iran de ne pas se doter de l’arme nucléaire. « Aujourd’hui nous avons la preuve définitive que la promesse iranienne était un mensonge », a-t-il martelé.

C’est déjà au nom de son slogan « America First », sur laquel il a été élu, que le président de la première puissance mondiale avait remis en cause plusieurs engagements multilatéraux des Etats-Unis, au premier rang desquels l’accord de Paris sur le climat.

Le président iranien Hassan Rohani, qui s’était beaucoup investi dans cet accord, a immédiatement accusé M. Trump de pratiquer « une guerre psychologique ».

Assurant vouloir discuter rapidement avec les Européens, les Chinois et les Russes, autres signataires de l’accord, il a averti que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu’il a consenties sur ses activités d’enrichissement d’uranium.

L’administration américaine a précisé que les sanctions seraient effectives immédiatement pour les nouveaux contrats et que les entreprises étrangères auront quelques mois pour « sortir » d’Iran. Le Trésor a précisé que les sanctions concernant les anciens contrats conclus en Iran entreraient en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours.

« Tout pays qui aidera l’Iran dans sa quête d’armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis », a encore mis en garde le président.

Son allocution était très attendue au Moyen-Orient où beaucoup redoutent une escalade avec la République islamique mais aussi de l’autre côté de planète, en Corée du Nord, à l’approche du sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un sur la dénucléarisation de la péninsule.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son plus ferme soutien sur ce dossier depuis des mois, a immédiatement indiqué qu’il soutenait « totalement » cette décision « courageuse ». Le royaume sunnite d’Arabie saoudite, grand rival régional de l’Iran chiite, a lui aussi affiché son « soutien » à cette décision.

 

Mais les signataires de l’accord ont immédiatement exprimé leur désaccord. « La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l’accord nucléaire » iranien a déclaré sur Twitter le président français Emmanuel Macron.

Ce dernier a ajouté que ces pays travailleraient « collectivement » à un accord plus large couvrant « l’activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak ». « Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu », a-t-il ajouté.

Exprimant son inquiétude, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les six autres signataires de l’accord à « respecter pleinement leurs engagements »,

Ces derniers avaient défendu jusqu’au bout ce compromis qu’ils jugent « historique », soulignant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a régulièrement certifié le respect par Téhéran des termes du texte censé garantir le caractère non militaire de son programme nucléaire.

En janvier, l’ancien magnat de l’immobilier avait lancé un ultimatum aux Européens, leur donnant jusqu’au 12 mai pour « durcir » sur plusieurs points ce texte signé par Téhéran et les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne).

En ligne de mire: les inspections de l’AIEA; la levée progressive, à partir de 2025, de certaines restrictions aux activités nucléaires iraniennes, qui en font selon lui une sorte de bombe à retardement; mais aussi le fait qu’il ne s’attaque pas directement au programme de missiles balistiques de Téhéran ni à son rôle jugé « déstabilisateur » dans plusieurs pays du Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban…).

A l’issue de sa visite à Washington, le président français n’avait pas caché son pessimisme. Selon lui, le milliardaire républicain risque de claquer la porte « pour des raisons de politique intérieure ».

A la fin de son allocution, M. Trump a jugé que l’Iran méritait un « meilleur » gouvernement. « Le futur de l’Iran appartient à son peuple » et les Iraniens « méritent une nation qui rende justice à leurs rêves, qui honore leur histoire », a-t-il affirmé.

AFP

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