Massés derrière des barrières, plusieurs centaines d’habitants et de nombreux enfants étaient « venus voir Macron », autour d’une esplanade qui fait face au commissariat du quartier. « Merci d’être venu », crient certains.
Avec une quinzaine d’enfants en permanence près de lui, le Président a tenté de s’entretenir avec les responsables de la gendarmerie, régulièrement interrompu par le chahut des bambins, souvent pieds nus.
« Emmanuel Macron, Emmanuel Macron », l’ont interpellé ses jeunes fans, en quête de selfies.
« Ecoute ce que dit le général (de gendarmerie), ça t’évitera de faire des bêtises plus tard », les a gentiment chapitrés le Président, tandis qu’à ses côtés la ministre des Outre-mer Annick Girardin notait « une pagaille chaleureuse ».
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L’objectif du dispositif PSQ est de « renforcer la présence sur le terrain », a expliqué la maire de Nouméa Sonia Lagarde, dans cette zone qui concentre 14 000 habitants, 35% des cambriolages d’établissements industriels et commerciaux et un quart des violences familiales ou entre personnes.
« On espère que vous allez nous aider », dit un responsable d’association du quartier, dont le local a connu « 8 casses et vols en un an ».
« C’est la première fois qu’un président vient dans le quartier », salue une habitante. « C’est un quartier délinquant. Il y a beaucoup de jeunes qui foutent le « bordel » ».
La Nouvelle-Calédonie est confrontée à une importante délinquance des mineurs, à l’origine de plus du quart des infractions.
« Qui aurait cru qu’un Président de la République serait accueilli comme ça à Montravel il y a quelques années ? », a confié un élu local.
Mais les échanges n’ont pas toujours été faciles.
Un homme qui tentait de dérouler une banderole dénonçant la colonisation a crié « assassin » en direction du Président, avant d’être rapidement ceinturé par des policiers.
Des habitants ont aussi reproché au chef de l’Etat son déplacement samedi à Ouvéa, trente ans après l’assaut sanglant de la grotte, qui fit 21 morts, 2 militaires et 19 Kanak dont certains sommairement exécutés.
« Les blessures ne sont pas cicatrisées, les gens d’Ouvéa vont à nouveau se diviser à cause de cette visite. C’est une provocation », déclare une jeune femme.
Mais une autre, originaire d’Ouvéa, lui souhaite « bon courage ». « Il fait le premier pas, dans son coeur il y a la couleur de la Nouvelle-Calédonie », explique-t-elle.
« Je trouve un peu gonflé de votre part (de venir) », l’interpelle un autre habitant d’Ouvéa. « Si vous aviez pu trouver une autre date au moins, mais là vous arrivez le 5 mai », jour de l’assaut.
« Je respecte ces parts de passé, d’autres ont une autre histoire, ce sont ces histoires croisées qui font aussi notre richesse », tente d’apaiser le Président.
Une autre femme renchérit : « Je vous demande de ne pas aller à Ouvéa, surtout pour respecter la décision des familles qui ne sont pas prêtes à vous recevoir ».
« Il y a une très grande majorité de familles qui veulent que je vienne….Il y a une quasi unanimité », répond Emmanuel Macron.
« Et s’il y a un débordement, vous porterez cette responsabilité sur le dos ? » demande-t-elle, tandis que le Président ne cesse de lui tenir les mains.
« Vous avez dit « la colonisation est un crime contre l’humanité », aujourd’hui dans ce pays, il y a des crimes et des crimes », poursuit-elle, estimant qu’il n’y avait pas « eu de vérité encore », ni « de justice ».
« La justice, c’est qu’on vive chez nous. On nous a enlevé notre épanouissement, notre bien-être, on nous a enlevés de ce pays. (..) Aujourd’hui donnez-nous notre indépendance ! ».
« Le choix il sera fait en novembre », répond le chef de l’Etat.