Le président de Micronésie accuse la Chine de corruption

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Le président sortant des États fédérés de Micronésie David Panuelo avait déjà exprimé des inquiétudes concernant l'influence grandissante de Pékin dans le Pacifique Sud. Une crise diplomatique s'est déclenchée suite aux déclarations de ce dernier, qui craint que la Micronésie ne se transforme en vassale de la Chine.

Publié le 13/03/2023 à 10:27 - Mise à jour le 13/03/2023 à 10:27

Le président sortant des États fédérés de Micronésie David Panuelo avait déjà exprimé des inquiétudes concernant l'influence grandissante de Pékin dans le Pacifique Sud. Une crise diplomatique s'est déclenchée suite aux déclarations de ce dernier, qui craint que la Micronésie ne se transforme en vassale de la Chine.

Le président sortant des Etats fédérés de Micronésie, David Panuelo, a accusé la Chine de mener une « bataille politique » dans son pays et de recourir à la corruption et au harcèlement, dans une lettre incendiaire adressée au Parlement, Pékin dénonçant des « calomnies« . 

« Pour le dire simplement, nous sommes témoins d’une bataille politique dans notre pays« , a écrit le dirigeant dans cette lettre obtenue vendredi par l’AFP. Il met les législateurs en garde, détaillant des allégations d’espionnage chinois, de coercition de responsables du gouvernement et des « menaces directes » envers sa sécurité personnelle. 

M. Panuelo va bien plus loin dans cette lettre, avertissant le prochain gouvernement d’une vague de menaces qui risqueraient, selon lui, de transformer la Micronésie en vassale de la Chine. 

Pékin a « démontré une grande capacité à saper notre souveraineté, rejeter nos valeurs et à utiliser nos responsables élus et expérimentés à ses propres fins« , a-t-il fustigé. M. Panuelo a notamment accusé des collègues de son cabinet d’avoir transmis à la Chine des enregistrements de rencontres bilatérales. 

« Nous sommes soudoyés pour être complices et soudoyés pour garder le silence. Ce sont des mots forts, mais qui décrivent cependant précisément la situation« , a-t-il ajouté. 

« Que dire sinon d’un responsable élu qui reçoit une enveloppe remplie d’argent après un dîner à l’ambassade de la RPC, ou après une inauguration?« , a-t-il poursuivi, faisant référence à la République populaire de Chine (RPC).

Le dirigeant a également dit avoir été suivi par « deux Chinois » lors d’une réunion aux Fidji en juillet, affirmant qu’ils travaillaient à l’ambassade et que l’un d’entre eux avait été identifié plus tard comme un « officier du renseignement » de l’armée chinoise. 

« Pour être clair: j’ai reçu des menaces directes à mon intégrité physique de la part de fonctionnaires de la RPC agissant dans un cadre officiel« , a-t-il encore déclaré, expliquant qu’il avait dû changer de numéro de téléphone à cause d’appels « incessants » de l’ambassadeur de Chine, qui essayait de le persuader d’accepter des vaccins chinois contre le Covid.

Calomnies et accusations

« Ces calomnies et ces accusations contre la Chine sont totalement contraires aux faits. La Chine les juge totalement inacceptables« , a réagi lors d’un point de presse régulier Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le ministère des Affaires étrangères taïwanais a refusé de préciser vendredi s’il avait été en contact avec la Micronésie, comme l’a indiqué David Panuelo dans sa lettre.

Mais le ministère a déclaré qu’il accueillerait favorablement « tout effort visant à développer les relations mutuelles » avec la Micronésie.

La Micronésie, qui compte à peine 100.000 habitants, est l’alliée de Washington, avec qui elle maintient des liens étroits depuis son indépendance acquise il y a plus de 30 ans. 

La concurrence entre les Etats-Unis et la Chine dans le Pacifique s’est renforcée à mesure que Pékin cherche à étendre son influence dans cette région stratégique. 

Les Etats fédérés de Micronésie enjambent un carrefour maritime d’importance majeure et se situent au sud-est de Guam, île où les Etats-Unis sont présents militairement et qui pourrait devenir un territoire-clef en cas de conflit à Taïwan. 

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