La Nouvelle-Calédonie en quête d’un label « nickel vert »

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Cinquième producteur mondial de nickel, la Nouvelle-Calédonie fait face à des coûts de production élevés. Pour tirer son épingle du jeu sur le marché mondial, elle mise sur un "nickel vert", plus respectueux des standards sociaux et environnementaux.

Publié le 10/05/2022 à 11:09 - Mise à jour le 10/05/2022 à 11:10

Cinquième producteur mondial de nickel, la Nouvelle-Calédonie fait face à des coûts de production élevés. Pour tirer son épingle du jeu sur le marché mondial, elle mise sur un "nickel vert", plus respectueux des standards sociaux et environnementaux.

« On ne sera jamais moins cher que nos concurrents indonésiens ou philippins, c’est pourquoi on veut se poser en champion du nickel ‘vert’, qui sera pour nous un avantage sur le marché mondial », explique Christopher Gygés, membre du gouvernement calédonien chargé de la transition énergétique.

Cette semaine, il doit présenter une révision du Schéma de transition énergétique de Nouvelle-Calédonie (Stenc), qui prévoit à horizon 2030 le recours à 50% d’énergies renouvelables dans la métallurgie.

Un objectif ambitieux, alors que les trois usines du territoire fonctionnent actuellement avec des centrales au fuel ou au charbon, émettrices de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, pour un seul barrage hydraulique, source d’énergie climatiquement compatible.

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À cause de son industrie minière, poumon de l’économie, l’archipel français de l’océan Pacifique affiche l’un des taux d’émission de CO2 par an et par habitant les plus élevés au monde (29,6 tonnes), selon la direction des mines et de l’énergie néo-calédonienne.

L’opérateur métallurgique le plus avancé dans le domaine du « nickel vert » est Prony Resources, qui a repris en 2020 le complexe industriel du géant brésilien Vale, alimenté par le richissime gisement de Goro (sud).

L’unité produit un nickel peu raffiné destiné au marché des batteries de véhicules électriques. Elle a pour principal client le N.1 mondial du secteur, le groupe Tesla, avec un mégacontrat de 42 000 tonnes sur cinq à sept ans.

« Neutralité carbone »

« Prony Resources s’est engagé dans une démarche ambitieuse de décarbonation de sa production et vise la neutralité carbone en 2040 », a indiqué Gabriel Bensimon, responsable marketing et vente de l’entreprise, aujourd’hui adossée à une centrale thermique au charbon.

En décembre, l’industriel a conclu un partenariat avec TotalEnergies pour la construction d’une méga-centrale photovoltaïque d’une puissance de 160 MGW et d’une capacité de stockage de 340 mégawattheures.

La centrale (168 millions d’euros) entrera en service en 2025 et couvrira près de deux tiers des besoins en électricité du site.

« Nos émissions de CO2 liées à l’énergie seront ainsi réduites de moitié, à 230 000 tonnes par an », a indiqué M. Bensimon, précisant qu’une première tranche de la centrale photovoltaïque venait d’être autorisée par le gouvernement (40 MGW) et fonctionnerait en 2023.

Prony Resources -qui a bénéficié d’un solide soutien financier de l’État lors de son rachat par des intérêts calédoniens publics et privés- investit par ailleurs 300 millions d’euros pour stocker ses résidus miniers à sec et non sous forme humide, dangereuse pour l’environnement.

À la traîne

Opérateur historique du nickel calédonien, la Société Le Nickel (SLN), filiale du français Eramet, est plus à la traîne. 

Son usine métallurgique de Doniambo, à Nouméa, est essentiellement alimentée par une centrale au fuel en fin de vie et très polluante, qui va être remplacée à compter de juillet et jusqu’en 2025 par une centrale « temporaire » au fuel de 200 MGW, ancrée dans la rade.

Une solution provisoire née des années de tergiversations des autorités pour remplacer la centrale thermique SLN.

L’option récemment retenue reposera sur des grands projets photovoltaïques, des unités de stockage, trois petites centrales à gaz et une station de transfert d’énergie par pompage.

La SLN n’obtiendra le feu vert environnemental de la province sud de Nouvelle-Calédonie, compétente en matière d’environnement, pour sa centrale flottante que « si elle s’engage clairement dans une démarche visant 70% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030 », prévient toutefois Christopher Gyges.

Le troisième site métallurgique de l’île, Koniambo Nickel (KNS), est le moins avancé en matière de transition énergétique.

« Dans le nickel vert, il y a une locomotive Prony Resources, un wagon, la SLN, et une vache qui regarde passer le train, Koniambo Nickel (KNS) », tacle Hubert Géraux, directeur du WWF (Fonds mondial pour la nature) en Nouvelle-Calédonie. 

Opérée par Glencore et un mineur local, cette usine située dans le nord, fonctionne avec sa propre centrale au charbon.

L’unité a été confrontée à des problèmes de montée en production et de flambée des coûts qui sont en passe d’être résolus, selon les récentes déclarations de ses dirigeants. 

« On a commencé à discuter pour dimensionner les énergies renouvelables en intégrant KNS, qui se raccorderait dans le futur au réseau public », espère M. Gygès sans mention d’objectif précis ni de date.

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